On ne présente plus Graham Bonnet qui, au fil des années, est devenu une véritable légende à l’instar de Ronnie James Dio, ou encore de David Coverdale. Après un retour réussi au sein d’Alcatrazz en 2020 réunissant trois membres d’origine : Jimmy Waldo, Gary Shea, Graham Bonnet sur l’excellent Born Innocent, l’aventure s’est soudain arrêtée suite à des dissensions internes conduisant à la scission en deux formations d’Alcatrazz : l’une avec Graham Bonnet, l’autre avec le reste du combo britannique. Un véritable capharnaüm qui n’a pourtant pas dérouté notre chanteur de soixante-quatorze printemps, bien au contraire, le bougre s’étant remis immédiatement à l’écriture d’un nouvel album pour son projet solo : « le Graham Bonnet Band », en attendant un nouvel opus d’Alcatrazz dont Graham était le fondateur… Le résultat se nomme Day Out In Nowhere, un opus qui s’avère être une très bonne cuvée 2022. Il ravira tous les fans de Rainbow, Alcatrazz et MSG.
[Entretien avec Graham Bonnet (chant) par Pascal Beaumont et Laurent Machabanski par téléphone – Photos : DR]
Tout d’abord, j’aimerais que tu me donnes ta version des faits concernant la scission d’Alcatrazz en deux formations bien distinctes : l’une avec toi au chant et Jeff Loomis (Arch Enemy, ex-Nevermore) à la guitare, et l’autre regroupant Doogie White, Joe Stump, Jimmy Waldo, Gary Shea et Mark Benquechea… Explique-nous car il y a de quoi y perdre son latin chez les fans ?!
Fondamentalement, il y avait des gars qui ne travaillaient pas bien avec moi, ils étaient un peu cruels envers moi et notre bassiste, et n’avaient aucun respect non plus. Beaucoup de racisme sur des choses avec lesquelles on ne peut pas être d’accord. Et puis le groupe n’était pas géré correctement, donc nous étions fatigués, je devrais dire plutôt résignés. Nous étions d’accord pour que je garde le nom afin d’éviter tout stress. Ce sont des emmerdes. C’est ridicule car je garde le nom et ils gardent la musique. Car ils ne m’aiment pas. Rires. Comme tu le disais, auparavant c’était mon groupe. J’ai sorti ce groupe de mon garage. Cela fait des années déjà. J’ai choisi les musiciens pour Alcatrazz. Au début je voulais les meilleurs amis : Jimmy Waldo (au clavier) et Gary Shea (à la basse), parce que je pensais qu’ils étaient assez bons et j’avais beaucoup d’estime pour eux dans l’idée de faire un disque le moment venu. Je devais les prendre car nous avions eu notre petit succès à cette époque. Nous étions en train de porter ensemble le groupe qui commençait à être connu par le public. Nous avions des idées de chansons, et aussi il y avait à l’époque notre batteur (Ndr : Jan Uvena) qui jouait avec Alice Cooper ; il était en sorte connu. Et Yngwie Malmsteen, un inconnu qui est devenu le meilleur guitariste de tous les temps. Le groupe sonnait bien mais, en même temps, je voulais avoir un claviériste, un bassiste et des choses comme ça. C’est terminé maintenant et nous verrons qui pourra utiliser le nom plus tard. Je peux toujours l’utiliser ; ça reste toujours Alcatrazz.
Ce qui est incroyable, c’est que tu es le fondateur d’Alcatrazz, et pourtant tu as dû quitter ta propre formation !
Oui, et cela ne marche pas bien pour eux. Cela sonne pareil. Le moins j’entends parler d’eux, le mieux je me porte.
Tu es de retour avec Day Out In Nowhere, le nouvel opus du Graham Bonnet Band. Avais-tu déjà écrit des morceaux depuis longtemps ou t’es-tu mis à la composition juste après ton éviction d’Alcatrazz ?
Cela a pris une année pour écrire l’album. J’avais ces chansons en tête avec Conrado Pesinato, notre guitariste. J’ai eu tellement de fun en écrivant les chansons. C’est l’un des meilleurs guitaristes et aussi compositeur. Nous étions prêts tous les trois avec ce nouveau claviériste, et un nouveau batteur fantastique qui arrive d’Angleterre demain. Malgré les tournées, j’avais ces chansons dans ma tête depuis quelques années, et puis est arrivé le Covid. Nous n’avons pas cessé d’enregistrer, et cela montre que nous avions pris notre temps et pris soin de chaque chanson sur l’album. Chaque morceau a son type bien particulier et différent, avec un son moderne. Nous avions beaucoup de temps pour nous, mais en même temps nous voulions que les choses soient faites à temps pour la maison de disque. Parce qu’ils te relancent toujours pour savoir si tu vas finir. On l’a terminé, et nous en sommes très fiers. Cet opus sonne mieux que le premier. Il a un meilleur son, même si le premier était bien. Sur le deuxième, à la façon dont le groupe sonne, on sent que les gens sont contents de jouer. Tout le monde dit que c’est mieux qu’Alcatrazz ! (rires) C’est ce que je pense aussi. (rires)
Je suppose que, vu la situation sanitaire, l’enregistrement pour toi s’est fait à la maison ?
Tout s’est fait principalement sur ordinateur, alors j’ai fait mes voix à la maison sur mon ordinateur avec Conrado, notre guitariste, et le producteur de l’album. Je le remercie, lui et Tiffany. Nous avons fait une bonne collaboration de production ensemble. Je ne pourrais jamais le remercier assez, c’est tellement bon. La façon dont ils ont créé le son et la manière de travailler ensemble. C’est comme cela qu’on a travaillé. Et ce qui s’est passé, c’est que j’ai eu un email du guitariste Jeff Loomis et du claviériste Don Airey, qui a joué dans Rainbow et est maintenant avec Deep Purple. Mes bons amis, ça s’est passé comme ça. Maintenant je fais mes parties en écrivant mes mélodies et les paroles aussi. C’est ce que j’ai fait pendant douze ou quinze ans. Personne ne va plus au studio maintenant. C’est pour cette raison que plein de studios ferment. C’est une bonne manière de travailler.
Retrouver Don Airey a dû être un immense plaisir pour toi qui l’a connu à l’époque de Down To Earth avec Rainbow, non ?!
La dernière fois que nous avons travaillé ensemble, c’était avec Rainbow. Quand j’ai quitté Rainbow, je n’ai pas voulu faire un album de chansons de Gary Moore, enregistrant ses parties de musique. J’ai fait un titre qu’il a composé, et c’est la dernière chose que Gary Moore a fait avant de mourir. Don était dans le studio et avait un air terrible, il a joué magnifiquement. Ça doit faire pas loin de quinze ans déjà. Je suis revenu lui dire merci pour cette chanson. Il m’a adressé quelques titres, mais nous n’avions jamais écrit de chansons ensemble. C’est une première et c’est bon.
Comment t’es-tu investi vocalement cette fois-ci ?
La voix, c’est toujours un défi pour moi. Si tu restes sans voix, tu ne peux pas mentir. Avec cet album, j’ai passé un grand moment et je n’ai eu aucun problème. Tu es fatigué, tu prends froid pour les vocalises, c’est difficile. Je n’ai jamais rien eu de tel, sauf une opération sur mes cordes vocales droites, ce qui était un petit problème mais ça n’a pas changé ma voix. C’est quelque chose dont je suis fier, d’avoir traversé ça, de ne pas avoir eu de problème vocal. Maintenant ce que nous devons faire moi et tous les autres, c’est de jouer les titres en live, ce qui est quelque chose de complètement différent. Tu utilises ta respiration en marchant de long en large sur la scène, etc. mais cette fois il y aura des pauses dans le show car j’ai des gars qui ne peuvent pas le faire d’eux-mêmes. Instrumental, solos de claviers, n’importe quoi qui se présentera. Donner une pause de temps en temps. Je n’ai jamais eu cela avant avec le soi-disant Alcatrazz. Nous ne faisions jamais de pause quoi qu’il se passe. Il y avait vingt et une chansons à chanter. Nous étions sur scène en permanence. Je n’avais pas de pause. Toutes les chansons n’étaient pas faciles à interpréter. Ils étaient en train de me tuer ; il y a eu des alertes sur cet état de fait. Je ne comprenais pas les raisons et je ne pouvais plus continuer. Ça ne marchait pas. Ma vie est plus importante que ça, je pense. Je ne veux pas mourir en allant faire une tournée. Avec notre combo, nous serons prêts car nous sommes une famille heureuse. Avec eux nous sommes amis depuis au moins quinze ans. C’est une famille, et je suis enjoué de tout ce qui arrive.
Vous avez sorti un premier single « Imposter » : alors qui est donc ce fameux « imposteur » ?
Est-ce que tu as vu la vidéo ? C’est à propos de moi vieillissant. Tout le monde se regarde dans le miroir et se demande un jour : « qu’est-ce que c’est que ça ? » (Rires) Tu peux avoir quarante, cinquante, soixante, soixante-dix ans, peu importe tu te vois dans le miroir et tu te dis que c’est quelqu’un d’autre, ce n’est pas moi, donc c’est un imposteur. Quelqu’un qui me ressemble, s’habille comme moi, mais ce n’est pas moi. C’est de cela dont il s’agit.
Nous avions un jeune acteur qui faisait les mêmes gestes que moi quand je me regardais dans le miroir. Il a fait du bon boulot. C’est comme ça que je me comportais quand j’avais vingt ou trente ans. Grandir et devenir vieux et admettre que tu le deviens. Mes cheveux sont gris, je sais que je suis vieux, et ils tomberont un jour. Pourquoi avoir honte d’être vieux ? Ça veut dire que je sais beaucoup plus de choses que n’importe qui d’autre, non ? Ce n’est pas vrai, j’en connais moins que tout le monde. Tout le monde se colore les cheveux en noir. Pourquoi devrais-je le faire ? Ce que je sais, c’est que j’ai soixante-quatorze ans et mes cheveux sont gris. La chanson parle de ça. Réfléchis quand tu te regardes dans le miroir, à quoi tu ressembles maintenant.
On ressent une forme de nostalgie en regardant le clip !
Les écrans de TV au début en arrière-plan dans le clip, c’est moi avec des âges différents. C’était une bonne idée, je pense. Pour « It’s All Over Now Baby Blue », j’avais trente ans, et quand je suis avec la fille j’avais dix-neuf ans…
Si tu pouvais parler au Graham de dix-neuf ans aujourd’hui, que lui dirais-tu ?
Je lui dirais de connaitre le business, c’est ce que je ne connaissais pas, je donnais tout ça à mon cousin. Dans le clip, on le voit, c’est mon cousin qui est décédé il y a deux ans. Triste à dire, il a une guitare ici. Le business, c’est ce que tu dois savoir avant de te faire dépouiller par tout le monde. Tous ceux qui t’entourent. L’argent. Je n’ai jamais touché au business. Tous ceux que je connais de mon âge, à savoir Ritchie Blackmore et bien d’autres, ne savaient pas combien ils touchaient chaque année et moi non plus. Je ne savais pas grand-chose quand j’étais chanteur de Rainbow. Ritchie ne possédait pas de maison car il était de la même génération que moi. On s’occupait de tout pour toi, comme un bébé. A l’âge de dix-neuf ans, Ritchie était un sacré guitariste. Les gens pensaient qu’ils allaient gagner beaucoup d’argent, mais on ne savait pas qui donnait l’argent et qui le prenait. C’est pour cette raison que je dirais aux jeunes d’aujourd’hui d’apprendre le métier, même si c’est difficile.
Prendre un avocat avant de signer un contrat ! (rires)
Exactement, mais tu ne penses jamais à ça quand tu t’amuses et que tu fais de la musique. La principale chose dans la vie, c’est la musique, et apprécier le temps que tu as quand les gens te disent que c’est sacrément bon. Tu te sens revivre, soutenu et tu t’en fous de combien de dollars tu vas gagner et toutes ces choses.
Votre nouveau single se nomme « Uncle John ». A qui fais-tu allusion ici ?
Ce sont deux personnalités. Il y a un professeur qui donnait des cours dans mon école quand j’avais quatorze ans, il est venu enseigner pour une courte période, son nom était John Smith. Il enseignait les mathématiques, la géographie, l’histoire, en gros tous les sujets. Les filles plus âgées le regardaient, lui se moquait d’elles. Il faisait tout le temps des blagues avec les garçons. Il a été là pendant un certain temps, puis renvoyé sans que nous sachions pourquoi. Nous qui pensions que c’était un mec fantastique, on apprenait quelques mois plus tard, par les journaux, qu’il avait été arrêté pour pédophilie. Je pensais que ça ne pouvait pas être vrai, c’était notre professeur. C’était un pédophile qui s’amusait avec les lycéennes dans les couloirs. Il en voulait plus que ce que nous nous imaginions. Donc le single parle de la pédophilie, comment les pédophiles agissent. Ils disent souvent des choses : « tu es mon ami », « mon nom est David, appelle moi oncle David », « est-ce que je peux t’apporter une glace », « je peux t’acheter un chien si tu veux »… Tout ça caractérise ce type de personnes. Ça arrive tout le temps. Nous avons essayé de ne pas faire une vidéo trop réaliste, si tu vois ce que je veux dire. Nous ne voulions pas que ce soit trop dur. Nous savons que cela arrive et ce single parle de ça car il faut en parler.
Tu as débuté en 1968 avec ton cousin Trevor Gordon au sein de The Marbles, comment as-tu vécu cette période de la fin des années 60 ?
A l’époque tu devais travailler dur pour être remarqué, tu devais être bon, vraiment bon dans ce que tu faisais. Nous avons travaillé avec les Bee Gees. Barry, Robin et Maurice nous ont écrit et donné des chansons. Nous étions dirigés par des bonnes personnes. De nos jours, tout le monde peut devenir une célébrité avec Facebook. Il y a des millions de guitaristes, c’est beaucoup plus facile. Tu peux montrer ton talent au monde en prenant ton téléphone pour t’enregistrer. A l’époque, c’était complétement différent de prouver que tu étais bon. Tu devais toujours en montrer plus pour devenir le meilleur et continuer à l’être. De nos jours, c’est très facile. Je le pense vraiment, la musique est à disposition maintenant.
Tu es le chanteur qui a joué avec le plus grand nombre de légende de la guitare : Ritchie Blackmore, Yngwie Malmsteen, Steve Vai. Tous ces guitaristes ont innové et inventé un style, marqué l’histoire du rock. Est-ce que tu penses qu’une nouvelle génération de guitar-heroes pourrait apparaitre dans les prochaines années ?
Je ne sais pas. Je n’en ai aucune idée. Pour être honnête, je ne pense pas. Ritchie a son propre style, comme Malmsteen qui a évolué avec sa propre technique ; je n’entends rien de nouveau. Être guitariste ne se résume pas à des compositions, des mots ou une chanson. Ce ne devrait pas être ça. Tout le monde pose dix minutes de guitares sur un morceau, mais ça ne devrait pas être le cas. Il y a tellement de guitaristes mais tellement peu de gens qui savent aussi chanter. Ce sont toujours des guitaristes ou des batteurs qui publient leurs vidéos sur Facebook, et c’est là qu’ils obtiennent fondamentalement leur public. Ils regardent les vidéos et voient qu’ils sont carrément doués et ils les passent à un petit label de disque pour enregistrer. Tout ça c’est très jetable, rien à voir à l’époque quand j’ai commencé à enregistrer, mais d’une certaine façon c’est plus simple. Démo, vidéo, regarde et hop ! Enregistrement. On ne pouvait pas faire ça à l’époque. On devait jouer en studio et enregistrer le morceau jusqu’à la mort, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il sonne bien. Maintenant tout le monde peut le faire. Même mon chien peut le faire. (rires) Regarde tous ces gosses qui font des solos interminables avec leur guitare, c’est devenu si ennuyeux. Ne le faites pas. Tout ça a déjà été fait. Ne copier pas ces gens-là. Joue ton propre jeu. Ne nous envahissez pas avec toutes ces copies de solos de Ritchie. Comme Yngwie, si vous pensez que l’intérêt est de jouer vite, ce n’est pas le cas. Il avait un tel feeling et une telle âme. Beaucoup de guitariste ne l’ont pas. Les choses ont changé, tu peux jouer dix mille fois plus vite ou enregistrer le son sur ton portable pour avoir de l’audience partout dans le monde.
Au fil des années Down To Earth est devenu un album culte et a eu un franc succès lors de sa sortie en 1979. Te souviens-tu de ton arrivée au sein du combo ?
Oui, Micky Moody, qui était dans Whitesnake à cette période, travaillait avec Roger Glover, et j’étais dirigé par la même équipe. Roger Glover était à la recherche de nouveaux chanteurs. Plus tard, j’ai su qu’ils en avaient rencontré plus de quatre-vingt. Un jour, ils ont joué un morceau dans un château, tout le monde était présent : Cozy Powell, Ritchie, Don Airey, Roger Glover. Ils ont demandé qui était ce type qui chantait sur la chanson « Only One Woman ». Ritchie a demandé où l’on pouvait me trouver, et on lui a répondu que l’on pouvait me contacter car j’avais le même management que Whitesnake. J’ai été à l’audition et je l’ai eue.
Est-ce que c’était facile de travailler avec Ritchie Blackmore ?
C’était super. Il m’a beaucoup aidé. On s’entendait vraiment très bien. Ritchie à la réputation d’être quelqu’un de mauvaise humeur, il choisit ses amis car il n’en a pas beaucoup. Il signe dix millions d’autographes en se demandant bien pourquoi les gens ont besoin de sa signature. Que vont-ils bien pouvoir en faire ? (rires) Tous les soirs on sortait ensemble et on s’entendait bien.
Lorsque tu as enregistré Down To Earth, sentais-tu que cet album était différent et allait avoir énormément de succès ?
C’est marrant ce que j’ai pensé à la fin de l’enregistrement de l’album. Je suis rentré à Londres. Roger Glover est venu me voir pour me faire écouter un remix de l’album en me demandant ce que j’en pensais. Je lui ai dit que cela sonnait super et il m’a demandé si j’étais prêt à partir en tournée. J’ai cru que c’était une séance rien de plus, juste pour faire un album, je n’avais jamais fait de véritable tournée. Avec mon cousin dans The Marbles, nous avons donné quatre concerts. A cette époque, personne ne faisait plus de concerts. Mais Rainbow était vraiment un groupe de tournée comme Deep Purple. J’étais sous le choc. Jouer en live, j’avais affreusement peur, je n’étais pas prêt pour ça. Mais je me souviens du premier concert que l’on a fait, nous avons reçu un très bon accueil, j’en tremble encore dans mes chaussures! Ça a eu lieu dans un immense stade aux USA, je ne me souviens plus où mais il y avait des milliers de gens, comparé au show de The Marbles. Ce fut une soirée de panique. Je n’ai jamais eu une expérience comme celle-ci. C’était juste incroyable, et comme les applaudissements étaient si bruyants, je pense que j’ai fait mieux que ce que je croyais. En secret je crois que j’allais perdre ma voix, ou que quelque chose allait se passer. Tout le groupe m’a félicité pour ce sacré boulot et j’étais fier de moi cette nuit-là. (rires) J’avais vraiment eu peur.
Est-ce que tu as ressenti de la pression en succédant à Ronnie James Dio ?
Non, pas vraiment. Je ne connaissais pas beaucoup Rainbow. Je n’avais pas d’idée sur ce qu’il était et ce qu’il avait fait. J’ai réalisé plus tard la grandeur de Ronnie James Dio, ce qu’il représentait. Mais en Angleterre, ils n’ont rien fait et je n’avais jamais entendu parler d’eux. Ce qui s’est passé quand j’ai rejoint le groupe, le manager a dit que nous allions avoir des titres qui allaient passer à la radio, ce qui ne s’était jamais vu auparavant en Angleterre. Aux USA c’est ok. Dans le reste du monde oui. Pas en Angleterre ni tellement aux USA. Pourtant personne ne voulait enregistrer le morceau, soudain grâce à ces passages sur les ondes FM, Rainbow a eu un nom. Je suis fier d’avoir fait partie d’une sorte de transition avec eux car maintenant tu peux écouter Rainbow à la radio au lieu de les voir uniquement en concert.
Est-ce que c’était une idée de Ritchie de vouloir être plus pop et plus accessible, toucher un public plus large ?
C’était Ritchie, il écoutait de la country et on ne connaissait pas le nom de son groupe. Il voulait être plus radiophonique. Le manager Bruce Pain était du même avis, et c’est lui d’ailleurs qui a eu l’idée d’enregistrer la chanson « Since You Been Gone », personne ne voulait la faire sauf lui. C’est de la pop song mais Rainbow la joue à sa manière, qui est plus heavy. Si tu veux, ça sonnait bien quand on l’a terminée, mais Cozy ne l’a jamais aimée. A la fin de l’enregistrement, il a admis que ce n’était pas si mal. C’est Ritchie qui a voulu prendre une autre direction musicale, de chanter comme Foreigner. Il voulait quelque chose de plus R&B, mais que cela reste encore du rock.
Quel a été l’accueil du public sachant que tu avais un look à la James Dean très éloigné des critères du chanteur de hard rock de l’époque ?
Les gens criaient Ronnie quand ils m’ont vu sur scène. C’était flippant, mais après la première chanson, ils étaient de mon côté.
Quel souvenir gardes-tu de votre concert lors de la première édition du festival de Castle Donington en 1980 ?
La plus incroyable expérience que je n’ai jamais eue. C’était incroyable, les gens qui ont organisé le show espéraient avoir huit mille personnes et il y en a eu cent mille. Ce fut incroyable comment le spectacle s’est passé, ma famille et mes amis étaient sur scène ce soir-là. C’était le dernier show de la tournée. Ce show restera dans ma mémoire pour toujours. Vraiment une incroyable expérience et le groupe a joué magnifiquement. Simplement magique ! Cela ne se reproduira plus jamais. Je suis chanceux d’avoir vécu cette expérience et ce sentiment avec le public.
Pour conclure, qu’aimerais-tu dire à ceux qui ne connaissent pas encore le Graham Bonnet Band ?
Si tu aimes Rainbow, Alcatrazz, Msg et tous ces groupes, ce sont mes groupes. C’est la réminiscence de tous ces groupes car j’y ai joué. Certaines chansons seront identiques et tu feras ton chemin. Toutes les chansons sont similaires mais différentes : elles ont ce côté moderne, pas celui des années quatre-vingt, celui de deux mille vingt-deux. C’est moderne et c’est du bon rock and roll
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