Chris Impellitteri fait partie de la génération des shredders de la fin des années 80 époque où sévissaient alors Tony Mac Alpine, Marty Friedman, Jason Becker, Yngwie Malmsteen, Paul Gilbert, Vinnie Moore, Joey Tafolla, et bien d’autres, la plupart d’entre eux proposant des albums instrumentaux. Il en sera différent pour lui qui fera toujours le choix de se faire accompagner par Rob Rock au chant dès le premier EP. Si avec son premier album Stand in line sorti en 1988 Impellitteri est devenu une véritable icone au Japon, il n’en est pas de même en Europe où le guitariste demeure relativement discret. Espérons qu’avec War Machine, son quinzième opus studio il rencontrera enfin un succès bien mérité sur notre Vieux Continent, sachant qu’un certain Paul Bostaph (Slayer, Forbidden, ex-Testament…) est présent derrière les fûts. [Entretien avec Chris Impellitteri (guitare) par Pascal Beaumont – Photos : DR]
Ton dernier opus The Nature of the Beast date de 2018, six ans auront été nécessaire pour lui donner une suite. Y’a-t-il une raison particulière qui a retardé le processus de création de cette nouvelle galette ?
Les bonnes choses prennent du temps. On ne veut pas se forcer à écrire, on veut que l’écriture vienne à nous et pas l’inverse. Pour chaque nouvel opus, on prend notre temps. Si l’inspiration arrive rapidement alors on produira un nouveau disque très rapidement. Mais là il nous a fallu trois ou quatre ans pour trouver l’inspiration, on a travaillé tous ensemble comme un groupe sur les arrangements tout en poursuivant à composer jusque chaque chanson soit très bon et ça nous a pris du temps tout simplement.
Le line up a évolué et a vu l’arrivée de Paul Bostaph à la batterie (Slayer, Kerry King). Est ce que cela a modifié ta façon d’écrire pour ce nouvel opus ?
Tu sais, c’est toujours une évolution, chaque année nous progressons. On change on est plus mature et ça se ressent lorsque l’on compose des nouveaux titres. Chaque année nous sommes meilleurs que la précédente. Tous nos morceaux sont brillants, chaque musicien a progressé personnellement et est devenu plus mature. On a six de plus que pour le précédent album, on est donc bien meilleur, c’est certain.
Tu as déclaré dans la presse que c’était ton disque le plus sincère et le plus honnête que vous ayez conçu depuis longtemps. Qu’entends-tu par-là au juste ?
On joue une musique qui vient du cœur, on ne suit aucune mode. Sur cet opus War Machine c’est nous qui faisons tout de A à Z, c’est du 100% Impellitteri. Au début, on était influencé par Iron Maiden, Judas Priest, Metallica, on tentait de sonner comme eux. On n’essaye pas de suivre une tendance juste pour rassurer les médias ou la pop culture. C’est pourquoi j’ai dit que c’était un disque sincère. On veut faire ce qui nous plait et qui nous rend heureux, notre musique est sincère comme tous nos disques. On est tombé un moment dans cette idée d’avoir une production à la Metallica ou Def Leppard, ces classiques de eighties et puis dans les années 90 on a été séduit par Pantera. Il y avait de très bon groupe à cette époque qui n’ont pas forcément suivi une tendance. La musique doit être originale, et à un moment donné on a essayé de leur ressembler. Avec cet opus, on a fait exactement ce qu’on avait envie de créer sans se soucier de ce qui était porteur. Il sonne bien et on verra l’accueil qui lui sera fait sur la prochaine tournée.
À l’écoute de War Machine, j’ai trouvé que les morceaux étaient très heavy, tous sans exception, avait-tu au moment de l’écriture cette volonté de sonner très metal en tête ?
Non, pas du tout, j’étais juste dans la création et les titres qui me venaient était plus agressifs et heavy, mais aussi très techniques. J’ai simplement laissé la musique parler. Rien n’a été prémédité, je ne me suis jamais dit que j’allais composer un disque plus heavy que le précédent. C’est venu naturellement. Et puis Paul Bostaph qui assure les parties de batterie sur ce disque est un batteur très heavy, il a joué au sein de Slayer et lorsqu’il est arrivé, je lui ai demandé de jouer comme il en avait envie, je voulais qu’il soit lui-même. Et c’est ce qu’il a fait. Cela a forcément eu un impact sur War Machine qui est définitivement plus heavy.
C’est pourquoi tu as mis en avant ces deux titres “Out Of My Mind (Heavy Metal)“ et « Power Grab » qui viennent tout juste de sortir en vidéo ?
Pour moi, c’est un album fait pour nos fans et qui est là pour célébrer le heavy metal en général. Il doit procurer une forme d’excitation et d’énergie à celui qui écoute le disque ou qui vient nous voir en concert. On a voulu écrire un hymne à propos de ce ressent, à ce que cette musique apporte à nos âmes. “Out Of My Mind (Heavy Metal)“ est un bon début pour un premier single, il apporte le sourire à ceux qui l’écoutent, c’est joyeux, amusant, c’est du plaisir. Il y a beaucoup de parties de guitares très techniques, notamment au niveau des solos. Rob est incroyable, le combo joue très bien, on s’est dit que ce serait un bel hymne à sortir en single. C’est pour ça qu’on l’a choisi, c’est du bon heavy metal. Pour « Power Grab » qui est sorti, il est encore plus agressif et rapide, c’est un morceau un peu dans l’esprit de Slayer, il y a des solos complètement dingues et Rob chante comme un monstre, la batterie de Paul est profonde et massive. Ça fait un très bon deuxième single et il va y en avoir d’autres… (sourires)
Tu as enregistré cet opus au NRG Recording studios, Studio B avec l’aide de Mike Plotnikoff (Ndr : AC/DC, Cher, Aerosmith, Kiss), Jun Murakawa, le tout étant mixé et masterisé par Jacob Hansen. J’imagine que cela a été intense : produire, jouer et assumer plusieurs postes à la fois ?
Techniquement, je n’ai pas de problème pour produire le groupe. Mais c’est un défi car tu dois avoir une vision claire de ce que tu désires. Comme artiste, j’écris les chansons, je joue avec le groupe, on répète sans cesse et on augmente en intensité les répétitions avant d’enregistrer, ensuite on écoute le résultat. J’ai dû écouter un millier de fois chaque morceaux avant que tu les découvres. La partie la plus difficile est de garder la perspective car à force d’écouter les morceaux tu n’as plus de recul, je ne savais plus si c’était bon ou mauvais et si l’album était excellent. Mais de toute façon, on sait si un disque est bon trois ou quatre ans après sa sortie. Mais j’ai eu la chance de travailler avec des ingénieurs du son très talentueux qui pouvaient m’apporter un regard différent. J’ai bénéficié de l’aide de Mike Plotnikoff et Jun Murakawa. Mike a produit de très grandes formations comme Van Halen, AC/DC, Aerosmith et il nous adore. Il nous a vraiment aidé notamment sur les bases de l’enregistrement. Et Jun Murakawa est quelqu’un avec qui je travaille depuis des années, il est incroyable, il a travaillé lui aussi avec des combos comme Slipknot notamment sur leur dernier opus. Il est très bon et on aime collaborer tous les deux, il nous a beaucoup apporté au niveau du son. Et puis bien sûr, Jacob Hansen s’est chargé du mixage et du mastering et a fait un mix très puissant et heavy, il a fait un job fantastique. Pour répondre à ta question, c’est parce que j’ai une équipe très talentueuse autour de moi, des ingénieurs du son, du personnel qui me soutient ce qui fait que produire est plus facile pour moi. Ils ont rendu la tâche bien plus aisée.
Rob Rock votre chanteur a, comme à son habitude, écrit la plupart des textes. Te retrouves-tu à travers ses paroles et son univers ?
C’est Rob qui conçoit tous les textes. Parfois, lorsque je compose un titre, je peux apporter une idée que j’ai en tête et qui me vient au moment de l’écriture. Mais les paroles sont le territoire de Rob. Lorsque l’on a écrit “Out Of My Mind (Heavy Metal)“, le texte est un peu comme un hymne pour tous les fans du combo qui aiment ce type de musique. Il aborde le fait de se rendre à un concert de heavy metal et de de l’expérience du moment vécu. Ce peut être aussi le ressenti lorsque tu participes à une fête avec tes amis dans un club, un pub ou bien à la maison. On écoute un bon disque de metal et tout le monde est très excité. Rob a écrit cette histoire sur ce que tu ressens lors de ce genre d’évènement. C’est ça “Out Of My Mind (Heavy Metal)“. « Power Grab » parle quant à lui des évènements en Ukraine, de cette guerre, la chanson parle d’elle-même. Chaque morceau présente une histoire différente que Rob a créée.
War Machine est le nom de ce nouveau disque et aussi celui du morceau qui ouvre l’album. Est-ce un peu une façon de dire qu’Impellitteri est indestructible, telle une vraie machine de guerre !? (rires)
Oui. (rires) Nous sommes là depuis plus de trente ans, on a des fans un peu partout dans le monde mais les médias et l’industrie musicale nous ignorent. On comprend et on est ok avec ça. On s’est battu pour tout ce que l’on a accompli. On ne doit notre succès qu’à nous ; Chaque fois qu’on est allé jouer dans un nouveau pays, on y a conquis de nouveaux fans. C’est un peu comme une guerre que nous menons et Impellitteri est une machine de guerre en ce sens.
Tu connais Rob depuis le milieu des années 80. Comment décrirais-tu ta relation avec lui ? Est-ce que c’est facile de travailler avec lui ?
Oui, complètement Rob est un chanteur incroyable et très talentueux. Il peut faire tout ce qu’il veut avec sa voix. Il a une gamme vocale très étendue. Il peut chanter très haut grâce à sa tessiture qui est énorme. En fait, il est soprano, il aurait pu faire de l’opéra. On a grandi ensemble et débuté tous les deux en jouant des reprises dans les bars, on était très jeune. C’est à cette époque que l’on a appris comment jouer devant un public. Et lorsque l’on a commencé ensemble, on était déjà très complémentaire. Je lui apporte ma partie et lui fait de même et cela créé une émulation très puissante. Au niveau musical, on est comme des frères !
En 1987, vous sortiez le black EP qui sera suivi un an plus tard de Stand In Line qui est considéré comme un de vos classiques et qui a eu un énorme succès au Japon. Il faut dire que le line up est exceptionnel Chuck Wright(Quiet Riot, House Of Lord) à la basse, Pat Torpey (Mr Big , Robert Plant, Montrose, Richie Kotzen ,Ted Nugent) à la batterie et Graham Bonnet (Msg, Rainbow, Alcatrazz) au chant. J’imagine que pour toi qui débutais à cette époque, ça dû être un moment important de travailler avec une légende comme Graham Bonnet ?
Oui, ça a été juste fantastique lors de l’enregistrement de Stand In Line. Graham était déjà très connu, il avait eu beaucoup de succès avec Rainbow, Msg et Alcatrazz. C’était une vraie légende, il a remplacé Ronnie James Dio au sein de Rainbow. C’était très intéressant de travailler avec lui. Pour le black EP, lorsque je l’ai composé Rob était notre chanteur et on faisait un metal très rapide et heavy avec énormément de solos de guitares joués à une vitesse incroyable. La voix était placée très haut, à la Judas Priest, c’est à ce moment-là qu’on a trouvé notre son. Mais quand Rob a quitté le groupe, j’ai dû en monter un nouveau et Graham est arrivé. Mais la voix de Graham est totalement différente de celle de Rob, j’ai dû m’adapter et changer ma manière de composer pour que les morceaux soient en adéquation avec sa voix. Je suis passé de titre comme “Lost In The Rain“ qui est très speed à « Stand in line » qui est un très bon morceau avec un groove heavy. Lorsque Graham chante il est très puissant, c’est un chanteur gigantesque qui a débuté avec le rock et est venu après au hard rock. C’était vraiment génial, j’ai adoré collaborer avec lui et j’ai donné mon premier show au Japon au Dôme devant 65 000 personnes, c’était totalement dément.
En 1988, tu étais un tout jeune guitariste. Selon toi, que t’a apporté Graham avec son expérience ?
On est resté ensemble deux ans, je crois, et on a explosé au Japon. C’est un chanteur très mélodique, les gens ne réalisent pas toute la culture musicale qu’il possède. À la base ce n’est pas un chanteur de metal. Il adore les Beatles, les Beach boys, il est très talentueux et exerce des influences très diverses dans sa façon de chanter. Il est très fort au niveau des harmonies vocales, c’est un sens qu’il maitrise à merveille. Le regarder écrire et voir la façon dont il structure ses paroles a été pour moi très éducatif. Et en plus de tout ça, j’ai énormément pris de plaisir à travailler avec lui.
Depuis, Impellitteri, rencontre un énorme succès au Japon où vous avez fait dix tournées sold out. Comment analyses-tu le fait que vous soyez si populaires au Pays du Soleil Levant ?
Il y a de nombreuses raisons mai j’en vois deux principales qui nous ont mené à ce succès. D’abord lorsque notre premier EP est sorti là-bas, il a été très bien accueilli. Notamment au niveau de la presse nippone qui nous a présenté comme la nouvelle sensation heavy metal. Mais ça aussi très bien fonctionné en Angleterre et aussi aux USA où l’on s’est retrouvé dans de très nombreux magazines. C’était une période très excitante pour nous. Au Japon, on me présentait comme un nouveau guitar hero. Ils ont adoré le black EP mais on est resté au niveau de la scène underground. Ça a été le début de l’intérêt du public envers nous. Ensuite lorsque l’on a sorti Stand In Line, tout a explosé. Graham Bonnet est une légende au Japon. Il faut bien comprendre qu’il avait chanté avec Rainbow, il avait joué à Castle Donington (Ndlr : Le tout premier Monsters of Rock à Donington Park au Royaume-Uni, 16 août 1980) en tête d’affiche, c’est Bruce Dickinson qui m’a raconté cette histoire car il était devant la scène à le regarder chanter. Judas Priest, Scorpions sont passés avant eux, ils étaient tête d’affiche, c’est juste pour te dire à quel niveau était Graham Bonnet et au Japon c’était encore plus important. Lorsqu’il nous a rejoints, on a eu du succès immédiatement juste parce qu’il venait de nous rejoindre. Il amenait son passé avec lui et tout à coup tout le monde nous a découvert et s’est intéressé à nous. Et puis ce qui nous a aussi boostés c’est le fait qu’on passait sur MTV aux USA, et à l’époque c’était très regardé. On est devenu des super stars comme Bon Jovi, Guns’&’Roses ou Metallica. Pendant un moment on tournait en boucle dans cette émission grâce à nos vidéos. Les gens adoraient et on est devenu énorme aussi au Japon. On a commencé à avoir beaucoup de fans qui nous suivaient. Lorsque Graham nous a rejoint, il avait quitté Alcatrazz avec qui il avait enregistré deux albums qui sont aujourd’hui considérés comme des classiques, l’un avec Yngwie Malmsteen (Ndlr : No Parole From Rock ‘N’Roll (1983)), et l’autre avec Steve Vai (Ndlr : Disturbing the Peace (1985)).
Lorsque Graham Bonnet vous a rejoint, comment as-tu géré le fait de succéder à Ritchie Blackmore, Michael Schenker, Yngwie Malmsteen, et Steve Vai alors que tu étais encore très jeune ?
Pour moi, c’était avant tout un honneur d’être le nouveau guitariste de Graham et de succéder à tous ces extraordinaires musiciens, j’étais très jeune et c’était vraiment un honneur pour moi. J’ai grandi avec Steve Vai, je savais que j’allais devoir travailler très dur. J’avais 21 ou 22 ans lorsque j’ai enregistré Stand In Line et je voulais jouer aussi vite que possible. Là j’ai appris à ralentir et à travailler sur les mélodies qui sont très importantes. Mais je n’étais pas vraiment angoissé par le fait qu’il ait chanté aux côtés de Steve Vai, Blackmore Malmsteen ou Schenker. Je n’ai pas ressenti cela. J’étais juste heureux de faire ce disque avec lui. Lorsque la vidéo de Stand in line est passée sur MTV avec ce solo très rapide, technique et très difficile à jouer, j’ai été chanceux que la vidéo passe un peu partout. Ça m’a propulsé au rang de guitar hero et donné une notoriété de shredder et ce solo est devenu très connu. Le côté sombre est qu’il y a eu aussi tout un tas de critiques et de haters qui ont commencé à me comparer avec Yngwie Malmsteen et cela a commencé à devenir une compétition ridicule. Pour moi la guitare ce n’est pas ça, c’est un instrument que tu utilises pour exprimer tes émotions musicalement. Si tu aimes merci, si tu n’apprécies pas c’est ok. La guitare c’est comme lorsque tu peins, ça permet de t’exprimer.
Récemment nous avons interviewé Doug Aldrich (The Dead Daisies, ex-Whitesnake, Dio) qui m’a confié que combiner cela avait été compliqué pour lui de reprendre “Gates of Babylon“ qui figure sur Long live rock’n’roll de Rainbow avec Ronnie James Dio au chant, notamment au niveau du solo qui est juste incroyable. Comment as-tu abordé le fait de reprendre “Since You’ve Been Gone“, une reprise de Rainbow sur l’album Down to Earth ?
On était tous très timide, on a enregistré deux titres de Rainbow au même moment en studio : “Over the rainbow“ et “Since you’ve been gone“. Je ne sais plus si on avait six ou sept morceaux en boite mais il nous fallait deux morceaux supplémentaires et notre temps au niveau des sessions était limité. On voulait donc placer ces deux reprises. On était au Record Plant Studio de Los Angeles en Californie (Ndlr : actuels Record Plant Studios, Cherokee Studios, Los Angeles). Je me souviens avoir regardé Pat Torpey notre batteur qui est un incroyable musicien car on voulait créer une version heavy de cette chanson. Elle a été composée par Russ Balard et reprise par Rainbow qui en a fait une reprise très pop. Nous on voulait proposer une version plus agressive. Ce n’était pas vraiment intentionnel à la base. On avait juste besoin de morceaux supplémentaires et on a fait ces reprises en version plus heavy.
Lors de l’enregistrement de votre premier EP au Baby-O Studio, tu as eu la surprise d’avoir la visite de Gene Simmons. Pour toi qui es un immense fan de Kiss, j’imagine que ça a été un moment magique ?!
Je n’oublierai jamais. On était à Hollywood (Californie), on travaillait dans ce studio Baby-O studio on y enregistrait ce premier EP, notre ingénieur du son s’appelait Mikey Davis. On était dans le studio A et dans le B il y avait Gene Simmons de Kiss qui enregistrait. Mike faisait des allers et retours entre les deux studios. Un soir, je jouais des parties de guitare ultra rapides et très techniques dans un esprit très shredder pour me chauffer. À un moment donné, la porte s’est ouverte et Gene Simmons est entré. Il a été très gentil, il m’a fait des compliments, il a vraiment été très cool. À un moment il m’a dit : « Est-ce que tu connais Eric Clapton ? » (Ndlr : Chris se met à chanter un morceau de Clapton “Cocaïne“ reprise de J.J. Cale). Je lui ai répondu : « oui, bien sûr ! ». Ensuite je ne me souviens plus très bien comment c’est arrivé mais à un moment donné Gene s’est mis derrière moi et a passé ses bras au-dessus de mes épaules et s’est mis à jouer avec ma guitare cette chanson (Ndlr : Chris me rechante le titre), il a attrapé littéralement ma guitare pour en jouer. (rires) Si le gosse de neuf ans qui écoutait Kiss avait pu imaginer ça. J’étais un énorme fan de Kiss. C’est le premier combo que j’ai vu sur scène et des années après je rencontrais Gene. Par la suite, j’ai aussi rencontré Paul Stanley de nombreuses fois aussi.
En 2023, tu as été intronisé au Heavy Metal Hall of Fame. Un grand moment pour toi j’imagine ?
J’étais très excité mais aussi humble et honoré. Cela a été une soirée très importante pour moi, il y avait beaucoup d’invités comme Lou Gramm (Foreigner), Twisted Sister Raven, c’était vraiment un très grand moment pour moi. La salle était pleine, je ne pense pas que Steve Vai était présent ou bien Mike Portnoy, je ne sais pas, mais il y avait de nombreux musiciens et c’est vraiment très gratifiant d’être nominé au Heavy Metal Hall of Fame. Quand on m’a nominé, je me suis demandé mais pourquoi ? (rires) Il y a tellement d’artistes bourrés de talent. Mais ils m’ont expliqué qu’Impellitteri a exercé une large influence sur de nombreuses formations de heavy metal au fils des années. Même si j’ai reçu des critiques, il y a de nombreux groupes du genre metal et parmi les plus grands qui m’ont contacté pour me dire combien ma musique comptait pour eux et comment, d’une certaine façon, je les avais influencés et pour moi c’est un honneur.
Une chose aussi incroyable, c’est que tu as créé un projet avec Glenn Hughes qui n’a malheureusement pas abouti mais qui a donné naissance à plusieurs morceaux… ?
Glenn Hughes était à l’époque le chanteur de Black Sabbath. Lorsque je l’ai rencontré, notre bassiste de l’époque Dave « The Beast » Spitz (Ndlr : en 1986 sur Seventh Star) qui a joué à nos côtés à l’époque de Stand In Line. Il a aussi joué avec Black Sabbath lorsque Geezer Butler a quitté la formation. À Los Angeles tout le monde se côtoie et se connait. Un soir est arrivé Glenn Hughes, il travaillait alors pour David Coverdale sur l’album Slip of the Tongue. Je ne sais pas mais quelque chose est arrivé. On s’est rencontré, on a commencé à parler et on s’est dit que l’on pourrait créer un projet ensemble. Il avait un contrat avec un management et moi aussi de mon côté, on a signé et on s’est mis à composer tous les deux pour proposer de nouveaux morceaux. Mais pour être honnête, Glenn à cette époque était sous l’emprise de la drogue. On a enregistré des démos et ensuite je suis retourné vers Impellitteri mais j’ai vraiment apprécié ces moments passés avec lui. C’est un chanteur incroyable, un grand artiste, j’ai un très bon souvenir de cette courte période. On aurait pu faire plus mais ce n’était pas écrit dans les livres…
Mais as-tu eu l’opportunité de composer beaucoup de titres avec Glenn Hughes et que sont t-ils devenus ?
Oui, à cette époque il vivait dans une maison qu’il louait très chère à Hollywood, c’est là qu’il travaillait. Dave venait aussi au studio, il y avait une batterie, on composait des chansons, on enregistrait aussi des démos. Lorsque tout s’est arrêté, on avait des titres car l’objectif était d’enregistrer un album. Mais il avait ses problèmes de dépendance et tout ça n’était pas naturel. Mais ce n’est pas moi qui détiens ces démos, c’est Glenn.
Tu as débuté en 1987 à l’époque le mouvement shredder explosait littéralement avec des guitaristes comme Tony Mac Alpine, Vinnie Moore, Marty Friedmann, Jason Becker, Joe Satriani, Yngwie Malmsteen, Steve Vai qui sortaient des albums entièrement instrumental ce qui n’était pas ton cas. Pourtant tu as immédiatement été inclus dans cette vague, comment as-tu vécu tout ça finalement ?
J’ai toujours été très honoré, et ce, d’une façon très humble que les médias m’aient inclus dans ce tsunami guitaristique avec des musiciens comme Yngwie Malmsteen, Steve Vai, Joe Satriani mais j’étais plus influencé par une formation comme Van Halen. Je n’ai jamais souhaité être un guitariste instrumental comme Joe Satriani, ça ne m’a jamais attiré. J’ai composé beaucoup de morceaux instrumentaux au cours de toutes ces années sur mes disques et nous les avons joués sur scène. Il y a des centaines de jeunes gratteux sur YouTube actuellement qui jouent mes titres. J’adore jouer ce genre de chansons très techniques, c’est amusant mais pour moi au bout de deux instrumentaux mais sur un album entier, je m’ennuie. Je veux avant tout composer pour un groupe, j’adore jouer avec les autres membres de la formation.
Enfin, si tu devais décrire ta personnalité, que dirais-tu ?
Les trois première lettres de mon nom sont « imp » qui, dans la mythologie grecque, correspond à la définition d’un enfant turbulent. C’est un peu dans cet état d’esprit que je compose et joue de la guitare. Je me sens comme un enfant terrible qui impose sa propre vision et qui veut briser les règles qu’on veut nous faire suivre. Je joue comme j’ai envie de jouer.
Mais au fait, il me semble que tu n’as jamais donné de concert en France ?
Mon dieu, j’adorerais venir ! J’aime Paris et aussi le sud de la France, c’est un pays magnifique. Je sais que nous avons de nombreux fans chez vous. On veut venir jouer dans votre pays. Pour la prochaine tournée, si on a cette chance, alors ce serait incroyable !
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