LES BÂTARDS DU ROI : Les Chemins de l’Exil

Repérés live à plusieurs reprises à Orléans en première de formations black metal françaises en devenir telles que PENITENCE ONIRIQUE ou RÛYYN, LES BÂTARDS DU ROI nous offrent cet automne leur déjà second opus : Les Chemins de l’Exil ( @lesacteursdelombreproducti1792 ). Et quel opus ! Un superbe album de black metal mélodique, puissant, et épique, où les chœurs et leads de guitares ont été très soignées, nous entraînant dans leur univers entre Histoire (avec un grand H) et fiction (heroic-fantasy essentiellement). Pour cet évènement discographique, nous avons donc pu nous entretenir quelques jours auparavant avec ses trois membres en direct depuis leur fief orléanais. Merci à eux d’avoir joué le jeu ! Et à très bientôt en concert sur les scènes de France et de Navarre, et qui sait, peut-être aux festivals Hellfest ou Motocultor un jour prochain, comme leurs compagnons de label Houle ?! [Entretien réalisé par Zoom avec Æni (guitare, chœurs), Régicide (guitare rythmique, chant) et Daemonicus (batterie) par Seigneur Fred – Photos : DR]

->> Single « Les Chemins de l’Exil » par LES BÂTARDS DU ROI, extrait de l’album Les Chemins de l’Exil (Les Acteurs de l’Ombre Productions)

Les Chemins de l'Exil - LES BÂTARDS DU ROI
LES BÂTARDS DU ROI
Les Chemins de l’Exil
Black metal
Les Acteurs de l’Ombre Productions

Belle surprise pour la rédaction que l’écoute du black médiéval mélodique des Orléanais de Bâtards du Roi en ce début d’automne 2025 ! Le fait que nos chevaliers sans peur et sans reproche, habitués du bien connu des métalleux (et coreux) Dropkick Bar, viennent de la Vallée du fleuve roi, est aussi un clin d’œil. Le chant en français convient à merveille à leur musique qui a déjà fière allure sur ce second album résolument épique. De nombreux morceaux comportent d’ailleurs du chant clair (« Ord Vil merdos ») où l’on apprécie les textes de Régicide (guitare/chant), ou conté (« L’âme sans repos »), ou bien en chœur, épaulé par le guitariste lead Aeni (« La Forêt »), où nous pouvons alors profiter pleinement des textes en « françois » disait-on jadis, (Misanthrope, le grand ancien !) ! Les Chemins de l’Exil nous narre de manière fort cinématographique, (on penserait peut-être aux films des années 50/60 « Les Lanciers Noirs », ou le « Lancelot » du grand réalisateur Robert Bresson), la saga d’un réprouvé régicide et de ses compagnons. Mais tout n’est pas Histoire ici, il y de la fiction héroïque et fantaisiste (heroic fantasy si vous préférez en anglais). Selon ce qu’ils traversent dans leur errance, nous assistons à toutes les atmosphères, chants, voix, et musiques à l’avenant. La constante dans l’album est le sujet épique parfaitement maîtrisé ici pour ce second enregistrement au format long, les couches de riffs en boucles harmonieuses, qu’elles soient rageuses ou plus éthérées. Il serait fort long et fastidieux de relater tous les ornements apportés à cette base de riffs faisant armure… mais allons-y un peu, quand même pour nous y frotter.

« La forêt » : vocaux en héritage de Seth mais aussi chœurs en voix claires, avec un pont mélodique heavy évocateur de l’ancien temps… On pense aussi à leurs camarades de Darkenhöld, mais chacun avec son identité, le black metal et la langue de Molière en commun, outre leur label.

« L’âme sans repos » : un parfum inspiré d’Immortal en entame, apparition de riffs lourds à mi-morceau, pont erratique de riffs dépressifs s’empilant à la Paradise Lost…

« Le chevalier au corbeau » : une grandeur un peu lugubre dans ce morceau, des croassements de corbeaux (forcément), une voix conteuse en chant clair apparait de ci, de là…

« Ord Vil merdos » : le morceau s’ébauche avec une claire référence à la démarche d’Iron Maiden dans ses (longs) morceaux épiques, puis des vocaux incantatoires, une accélération blast terrible, et… une harangue de bateleurs sur le marché du port d’un quai de Loire vient nous plonger dans le film…

« Le Val Dormant » : le titre nous apporte plus d’aérien, de belles guitares acoustiques, les vocaux conteurs…

Et voilà, voilà, … on s’arrête, il vous restera trois plages sonores encore à découvrir… Eh oui, laissons un peu les choses en haleine.

La scène black médiéval française se porte décidément plutôt bien ces derniers temps, et se veut fort riche (Darkenhöld, Aorlhac, Crépuscule d’Hiver,…), celle de groupes faisant appels à l’Histoire encore plus (Seth, Misanthrope, Wormfood…), il y a un lien entre eux, c’est clair, outre la même bannière du metal… mais chacun est finalement très différent. C’est aussi la France. On va pouvoir entendre ainsi chez nos Bâtards du Roi, de petites touches éparses pouvant faire penser à certains de leurs frères de l’ancien temps cités précédemment. Chez le trio orléanais (quatuor à la scène), le plus étonnant serait cet hommage porté au heavy dans les guitares qui sonnent très heavy/black en fin de compte, un peu à la Ancient Rites. Mais on pense aussi, bien sûr, à Iron Maiden sur certains passages, et à des groupes plus foncièrement extrêmes mélaneant heavy/black/death et épiques comme les Toulousains d’Aephanemer (bientôt en interview sur metalobs.com et METAL OBS TV et qui reviennent d’ailleurs ce même mois d’octobre 2025 avec un tout nouveau disque complètement interprété en français. Un bel album franc, riche, cohérent. Les jeunes moines-guerriers frappent fort avec ce second album. Et malgré notre engouement, si l’on chicaille, que leur manqueraient-ils ? Et encore… Selon le thème, les textes, …essayer l’apport d’instruments anciens, de chœurs féminins éthérés ou non, des mélodies à la guitare saturée recouvrant (et magnifiant) d’anciennes ritournelles paysannes (à la Aorlhac), etc. Tout cela pour dire qu’il y a moult chemins non connus à emprunter pour les réprouvés, et l’avenir leur réserve certainement de belles choses ! [Morbidou]

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