En pleine tournée des festivals cet été 2023, Arthur de Moonreich a accepté de répondre à quelques questions afin de revenir sur la présence inattendue du groupe au Motocultor cette année à Carhaix, et de parler de leur nouvel album Amer, dernier né de la discographie, paru en mai dernier chez Les Acteurs de l’Ombre Productions. A noter que Moonreich se produira comme Gorod (lire notre interview au Motocultor), Blockheads, God Dethroned, Carcass et bien d’autres au festival Muscadeath fin septembre à Vallet (44). [Entretien avec Arthur (guitare/chant) par Louise Guillon – Photo live Motocultor : Morbidou ; autres photos : DR]
Tout d’abord première question : dites-nous à chaud comment s’est passé le festival Motocultor pour vous ? (notre compte rendu est disponible ici)
Eh bien ma foi, plutôt très bien malgré le côté « last minute », avec un bassiste de remplacement et une chaleur déraisonnable ! On a été très bien accueillis et les spectateurs ont eu l’air d’apprécier. On a pu délivrer nos chansons comme on le souhaitait, c’est donc pour nous une réussite.
Pour rappel, vous avez dû remplacer le groupe 1914 qui n’a pu se déplacer en raison de l’actuelle guerre dans son pays, l’Ukraine. Quels sont vos sentiments, vos impressions face à ce changement de dernière minute ? Selon vous, cela montre-il la fragilité de votre métier ?
Effectivement, pour nous c’est évidemment une opportunité mais on a tenu à avoir une pensée et un mot pour eux, qui vivent des moments dramatiques. On espère qu’ils pourront reprendre la route et que tout ça va finir le plus rapidement possible. Déjà, parler de métier, c’est un poil inapproprié. Pour la plupart des groupes de la scène metal, c’est un hobby, de l’amateurisme, à la rigueur du semi-pro. Mais les groupes qui en vivent sont extrêmement rares. Après forcément, les groupes qui s’exportent et jouent beaucoup à l’étranger sont dépendants de la conjoncture mondiale. Avec la crise sanitaire, le prix du carburant, les organisateurs qui peuvent de moins en moins couvrir les cachets des artistes, la balance économique entre les groupes, les tourneurs et les promoteurs locaux est en fin de compte très fragile. Chacun essaie de survivre comme il le peut…
Qu’est-ce que cela vous a fait de revenir jouer au Motocultor dans ces conditions ? (votre dernière venue, rappelons-le, remontait à 2016)
Eh bien, figure-toi qu’on était déjà là pour remplacer un groupe en 2016… ! (rires) Donc ce n’est pas une expérience nouvelle ni très différente pour nous, au Motocultor. On a pu constater que le festival a bien grandi et que le nouveau site est bien adapté. Côté artistes du moins. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de me balader sur le festival.
Après les festivals de cet été, comment envisagez-vous les dates de concerts à venir ?
Très sereinement, on a joué au Mennecy Metal Fest récemment il y a une dizaine de jours, c’était tout aussi excellent ! On a quelques dates prévues un peu partout en France, on a très hâte de jouer partout et de venir délivrer nos nouveaux morceaux.
Vous êtes un grand amateur de musique, une sorte d’explorateur des mondes musicaux, un peu à l’instar d’Indiana Jones. (rires) Vous êtes-vous inspirés de nouvelles découvertes/écoutes récentes pour la conception et création de votre cinquième album ? Les influences musicales sont-elles multiples ?
Complètement, merci pour la comparaison, ah ah ! (rires) Et bien en écrivant notre nouvel album Amer, j’écoutais pas mal de musique latine. Pas vraiment les trucs commerciaux que tu entends en salle de sport mais la vraie salsa-chill, à la Rodrigo Amarante par exemple. Puis toujours The Mars Volta, qui me suivront jusqu’à la tombe. Les influences musicales sont très nombreuses, elles viennent de tous les côtés en ce qui me concerne. Je te parlais de salsa, mais en matière de black metal, le dernier Deathspell Omega a pas mal tourné aussi, le nouveau Celeste également.
Vous aviez déclaré au sujet de votre précédent album Fugue (Les Acteurs de l’Ombre Prod./2018) que c’était celui dont vous étiez le plus fier mais également aviez souligné sa difficulté d’écriture. Était-ce également le cas pour Amer ?
L’écriture d’Amer était finalement beaucoup plus sereine et moins torturée. Pas sûr que ce soit perceptible pour autant… J’ai simplement réussi à mieux appréhender ma manière de travailler, je fais avec. Je connais mes limites, mes envies, où je veux emmener l’auditeur. Il aura fallu cinq albums de Moonreich pour que ça arrive, ceci dit. Mais la prochaine étape maintenant c’est de me forcer à ne pas rester dans ma zone de confort et de toujours expérimenter, tant musicalement que dans ma manière de composer. En injectant toujours plus d’influences dans ce qu’on fait, etc.
Racontez-nous les origines de ce nouvel album Amer et quelle est sa place dans votre discographie (s’il en occupe une particulière à vos yeux) ?
Chaque album représente quelque chose de particulier et d’unique pour moi, parce qu’il capture l’état d’esprit et qui je suis à un moment donné. Actuellement, évidemment qu’Amer a une place de cœur dans la discographie, mais c’est parce qu’il est tout neuf et qu’il me parle, il reflète qui je suis actuellement.
« Redécouvrir ce qu’on pensait connaître » serait-il votre credo pour votre musique alors ?
Tu as absolument tout résumé… Je n’aurai su mieux le dire.
Finalement pourquoi s’éloigner autant des codes du black metal à présent avec Moonreich ? Question de goût ou une envie d’indépendance peut-être ?
C’est vraiment quelque chose de naturel. Plus je vieillis, plus j’ai une aversion pour les « codes » et les conventions. Je n’ai pas envie de restreindre le projet à un style ou à un univers. Pourquoi s’enfermer quand il existe des choses qui peuvent nous toucher dans tous les horizons ?
Pour conclure cet entretien, nous sommes en 2023 et célébrons cette année les quinze ans du groupe. À fêter ou non pour vous ?
Je n’ai réalisé cela qu’une fois 2023 bien entamée… Ce n’est pas très important pour nous, on continue à avancer et à évoluer, même s’il est vrai que ça ne nous rajeunit absolument pas. (sourires)
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