
On aura toujours tendance à dire que : « c’était mieux avant », que ce soit dans le domaine social pour la question de nos futures (et hypothétiques ?) retraites, ou bien musical à propos des nouveaux albums de Metallica, In Flames, ou Immortal. Eh bien, il en va de même aussi pour Rotten Sound et son grindcore frontal et apocalyptique (beau pléonasme). Leurs albums Murderworks ou Exit (voire Cycles) restent des références sûres. Il faut néanmoins avouer que ce combo finnois en impose à chacune de ses nouvelles sorties (LP ou EP), et ce, malgré les années (sa fondation remonte à 1993 tout de même du côté de Vaasa sur la côte ouest). Il fait même partie des meilleurs dans la catégorie poids lourd. Alors rendons à César ce qui appartient à César, ou plutôt au grind ce qui appartient au grind : Rotten Sound a beau avoir accouché de terribles galettes dans le passé, il demeure à l’heure actuelle l’un des champions du genre sur la scène européenne, voire internationale.
Que ce soit sur disque ou en concert, nos quatre Finlandais sont tout bonnement des serial grinders qui en calmeront plus d’un ! Il n’y a qu’à aller les voir en live. Alors après une petit trêve discographique, que vaut ce nouveau millésime 2023, cinq ans après leur EP Suffer To Abuse ? Avec un tel titre, on se dit bien qu’on va encore passer un sale quart d’heure, enfin plutôt une vingtaine de minutes exactement (on est dans le grindcore pour rappel, donc inspiré du punk/hxc, on va donc à l’essentiel en 1 mn chrono). Pas moins de dix-huit douceurs composent cette apocalypse sonore qui débute par le mal nommé « Pacify ». Ce premier morceau n’a, en effet, rien d’apaisant ni de pacifique puisqu’il démarre sans crier gare, telle une déclaration de guerre envers le monde. « Equality » aux accents punk/hardcore flirte entre le grind et le crust à la vitesse de la lumière. Puis « Sharing » laisse entrevoir un break lourd au possible, rappelant quelque peu les derniers Nasum, avec ce grain de guitare façon tronçonneuse typiquement scandinave. Énorme. « Newsflash » avec ses riffs qui ramonent nos cages à miel ou « Nothingness » avec son faux départ font mal aussi par où ça passe.
Sous sa casquette, Keijo « G » Niinimaa s’époumone au micro sur chaque chanson et force le respect par sa rage et ses growls sauvages. En dix-neuf secondes, « True and False » mettra tout le monde d’accord et KO dans le pit. Tout du long, Sami Latva martèle ses fûts comme un diable, tel un CRS sur un black bloc au détour d’une rue parisienne ou d’un champ poitevin. En guise de conclusion, « Inflation » nous rappelle que les fins de mois sont difficiles pour la France d’en bas qui se lève tôt, alors qu’Apocalypse sort justement fin mars dans toutes les bonnes boucheries, le 31/03/2023 précisément. On pourrait bien sûr égrainer chacun des dix-huit assauts terrifiants, sombres, violents, et broyer du noir à leur écoute, mais tout n’est pas que négatif, comme nous a confié son chanteur : « il y a aussi des lueurs d’espoir par moment, comme en se demandant par exemple comment faire pour éviter nos problèmes à l’avenir ? ».
Il y a donc une lumière au bout de ce tunnel chaotique. Mais le grindcore s’appréciant avant tout en live, le mieux est d’aller vérifier tout ça en concert dès qu’ils viendront en France pour en tirer le meilleur. Malheureusement, pour l’heure, d’après ce que nous a dit Keijo, il n’y a pas de concert prévu à court terme dans notre cher pays. Espérons que Rotten Sound répare vite cette absence scénique et vienne nous faire pogoter et saigner nos cages à miel avant que ne sonne l’heure de l’Apocalypse sur Terre. [Seigneur Fred]
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