SAHG : Born Demon

Born Demon - SAHG
SAHG
Born Demon
Heavy / Doom metal
Drakkar Entertainment

Le 21 octobre 2022, Sahg a sorti son sixième album, Born Demon. Revenu sous la forme d’un trio, depuis le départ du guitariste Ole Walaunet, les Norvégiens n’ont rien perdu de leur qualité et de leur puissance de jeu, et nous proposent là un album au son plus proche que jamais de celui de Black Sabbath (qui vient de prendre sa retraite) avec des chansons méticuleusement macabres. Pas besoin de passer par quatre chemins pour dire qu’il s’agit indéniablement de la meilleure œuvre du groupe.

Cette œuvre démoniaque s’ouvre avec le très énergique « Fall Into Fire » qui, dès les premières notes, plonge l’auditeur au cœur du heavy metal des origines. Les riffs de guitares, comme d’ailleurs sur tout le reste de l’album, sont puissants et efficaces. S’ensuit « House of Worship » et sa batterie dynamique, autour de laquelle tout le morceau s’articule. Il s’agit sans aucun doute du morceau le plus « black sabbathien » de cette galette, à la fois frais et old-school. Mais dès la chanson-titre, le ton change déjà. On pénètre un peu plus dans l’univers qu’affectionne tant le trio scandinave, à savoir un univers macabre et infernal, dans lequel les hommes sont « nés démons » et détruisent tout autour d’eux. Ce troisième morceau s’avère donc plus sombre, aux sonorités menaçantes et mélancoliques. Le tempo, beaucoup plus lent, accompagne alors l’auditeur vers cette descente inévitable aux enfers. Le tout est renforcé par le chant d’un chœur plaintif et angoissant, ainsi que par un riff de guitare répétitif. L’auditeur n’a pas le temps de souffler que le quatrième morceau, « Descendants of The Devil », est lancé. De nouveau, la batterie de Mads Lilletvedt (Hellish Outcast) et la guitare d’Olav Iversen sont endiablées. Puis vient la chanson « Black Cross On The Moon », qui se rapproche presque de la power-ballad. Son point fort : l’ajout d’un clavier en fond, qui rend le tout organique et joliment mélodieux.

Sur « Evil Immortal », on se rend compte que l’enchaînement des chansons est bien pensé et bien articulé autour du rythme de chacune. On passe de morceaux plus calmes à des morceaux dynamiques. L’auditeur est donc maintenu en haleine tout au long de l’écoute et n’a pas le temps de s’ennuyer, ce qui fait que cet album est un savant mélange de doom et de mélodies heavy metal énergiques et efficaces. L’album bascule alors dans une seconde partie portée par le titre « Salvation Damnation », le plus lourd de l’album probablement, avec des riffs écrasants et puissants. Le solo de guitare y est court mais efficace, donnant ainsi du corps au morceau. La voix du frontman Olav Iversen est parfaitement maîtrisée, à la fois profonde et aiguë. De même que sur la chanson « Killer Spirit (From Outta Hell) » où l’on a presque l’impression d’entendre le timbre vocal du véritable Prince des Ténèbres : Ozzy Osbourne.

Ensuite, la formation de Bergen propose une reprise de la chanson « Heksedans », un classique du répertoire norvégien datant de 1977. La version heavy metal de Sahg est une réussite : le côté folklorique y est conservé, mais un riff d’intro sinistre et puissant y a été ajouté. Son refrain entêtant, avec des harmonies vocales envoûtantes, donne envie de se lever pour interpréter cette « danse des sorcières » (traduction du titre en français). Enfin, l’album se clôt par « Destroyer of The Eart » avec lequel le groupe ne pouvait pas mieux conclure les hostilités. En effet, le rythme va crescendo, d’abord lent puis s’accélère, comme pour symboliser une course contre la montre pour éviter une destruction féroce, puis le tempo redescend sur les notes du début, signifiant qu’il est trop tard et que la fin, inévitable, est déjà là…

Sahg réussit sur Born Demon à créer un album efficace, intense. Les morceaux ont beau être assez courts, ils vont droit au but et accrochent l’auditeur. Les riffs sont soignés, durs et puissants, la batterie est délicieusement dynamique. Les rythmes sont alternés, ce qui donne au tout une atmosphère intense mais quand même homogène. Il va sans dire que Born Demon est un excellent album et prouve que le trio norvégien, bien que nourri par les sonorités des groupes des 70’s-80’s, en a encore sous la pédale depuis sa fondation en 2004 avec King ov Hell (ex-Gorgoroth, ex-Abbath) et un certain Einar Selvik (Wardruna) n’a rien à envier aux plus grands, sans qui rien n’aurait été cependant possible historiquement (Black Sabbath, Candlemass…). [Aurélie Cordonnier]

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