Ce qu’il y a de bien avec les Suédois de Saturnalia Temple, c’est que l’on est généralement sûr que ça sente bon la galette fumante (les vinyles, pas les crêpes, pour nos lecteurs bretons -;)) où se côtoient méchamment du doom/stoner vintage des cavernes et du sludge metal crasseux, auxquels s’ajoutent divers artifices ou subterfuges pour accentuer l’effet. On plonge alors dans une transe où la perception et la réalité s’effacent. Le « lâcher prise » comme on dit souvent, eh bien là, effet garanti sur ce quatrième album studio ! Paradigm Call reprend naturellement les choses là où elles se sont arrêtées à la fin du précédent et réussi Gravity. Force est de constater que le trio de Stockholm est en forme olympique côté ambiance sonore et respire la joie de vivre (l’instrumental et mortifère « Drakon » en introduction) ! Puis, très vite, on passe à la vitesse supérieure, sur un stoner bien heavy et cradingue avec le premier single « Revel In Dissidence ». Juste après, la chnson-titre rappelle presque un Corrosion of Conformity des grands soirs, mais six pieds sous terre et avec un voix evil à souhait. Pédale fuzz réglée à son max doublée de wah wah et d’une distorsion, et surgit le chant gras de Tommy Eriksson, à la limite du black metal (on croirait entendre Nocturno Culto (Darkthrone) ou Legion, l’une des anciennes voix de leurs compatriotes de Marduk). Ses growls ou plutôt screams vous refroidissent sérieusement l’échine. Les rythmiques sont lourdes et lancinantes, avec une basse saturée là encore au possible. En résumé, imaginez la fusion improbable de Black Sabbath ou Saint Vitus avec un vieux Darkthrone à son paroxysme en termes de médiocrité sonore qui en faisait alors son aura (époque Total Death ou Goatlord)…
Plus rythmé, le morceau « Among The Ruins » nous fait ensuite headbanguer avec sa rythmique catchy et son riff simple mais efficace, alors qu’une épaisse fumée apparaît, noyant nos sens dans une transe musicale quasi ésotérique sur « Black Smoke ». On atteint un point de non retour sur « Ascending The Pale » où l’on se traîne véritablement, rampant, s’abandonnant totalement corps et âme aux dieux du doom/stoner. L’excellent « Empty Chalice » nous donne soif, et il est temps de s’abreuver de la boisson divine (au choix, avec ou sans alcool, la fête est plus folle !) car le stock de stupéfiants vient à s’épuiser à ce stade comportemental. Enfin, en guise d’outro, « Kaivalya » aborde le concept tantrique indien de Kaivalya, qui est une forme d’illumination spirituelle et de divinité. Le morceau met en vedette le batteur américain Tim Call derrière les fûts, lui qui avait joué en 2015 sur l’album qui les fit sortir du lot parmi la masse de formations de doom/stoner/sludge scandinave, To The Other. Cette ultime plage instrumentale conclut ainsi superbement les réjouissances et orgies démoniaques sur un air quelque peu arabisant, Saturnalia Temple expérimentant de nouveaux territoires sonores. [Seigneur Fred]
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