TIME LURKER : Emprise

Emprise - TIME LURKER
TIME LURKER
Emprise
Black metal atmosphérique
Les Acteurs de l’Ombre Productions

Première remarque : rien à voir ici avec Vilaine Fermière et son dernier opus studio L’Emprise, quoi que, ce second long effort studio du one man band français Time Lurker, devenu duo depuis 2023, en partage quelques points communs. Outre son titre, Emprise est également issu d’artistes français. Et musicalement, si on est ici, bien sûr, à des années lumières de la célèbre chanteuse rousse, Mick (multi-instrumentiste et fondateur du projet en 2014 à Strasbourg) et Sotte (la nouvelle chanteuse) partagent la même noirceur et des sentiments très sombres issus de la vie personnelle comme ceux de la célèbre chanteuse rousse. Fin de la comparaison. Aussi, pour certains lecteurs de Metal Obs, ils se souviennent peut-être de la chronique du split EP en 2019 entre Time Lurker et Cepheide dans nos pages (à retrouver dans le magazine METAL OBS de mai 2019, p.43). Mais survolons à présent cette nouvelle galette composée de cinq plages, comme si notre âme s’envolait et parcourait un monde sans vie, sans lumière, où la nuit s’étend à jamais, condamnée à errer avec cette emprise quotidienne, jusqu’à, un jour peut-être, s’échapper de cette emprise, quitte à se que cette délivrance passe par la solution ultime : la mort. Bien entendu, il existe une multitude d’interprétations possibles pour aborder ce nouvel album, en commençant par prêter attention à l’artwork d’Emprise réalisé par Derek Selzter, alias Kras (Bone Spirit, Altars, Black Sorcery, Angakok, Kataplexis…) et Sauge Noire (Borgne, Déhà, Houle, A/Oratos…).

Passée la plage quasi instrumentale de la chanson-titre entrecoupée de quelques cris lointains et servant de tapisserie introductive au tableau sombre qui nous attend, les chevaux sont lâchés sur le second et long morceau (7’48) nommé « Cavalière de Feu ». Quelques arpèges, et les hostilités commencent réellement, c’est progressif puis fougueux. Quelques breaks, heureusement, permettent parfois de respirer un peu. C’est violent, avec ces riffs presque hypnotiques et ces rythmiques survoltées dont les percussions ont été réellement jouées sur batterie électronique (et non acoustique) par Chris, tout comme les autres instruments. Quant aux cris de Sotte, ils sont déchirants et prenants, schizophrènes. On est vraiment là dans le post black metal mais sans les éventuelles influences comme le sludge ou le hardcore, mais plutôt le blackgaze ici. Sur « Poussière Mortifère », le duo évolue sur un terrain plus atmosphérique, comme si The Ocean avait rencontré Alcest mais avec un fond d’obédience lovecraftienne. C’est encore plus flagrant sur « Disparais soleil » et la seconde partie de cette quatrième et très belle composition, plus nuancée, avec plus de douceur. Le chant claire de Sotte apparaît, comme une lumière. Si son timbre vocal est plus timide et lointain, on pourra y voir aussi une autre influence : celle de l’artiste norvégienne Sylvaine (chronique de son dernier EP ici), elle-même influencée par Neige et Winterhalter d’Alcest, mais cela est une autre histoire que nous avons déjà évoqué à Metal Obs (lire notre interview de Sylvaine en 2022 pour son album Nova). Mais la fin approche… La délivrance aussi par rapport à cette omniprésente emprise. C’est l’ultime « Fils sacré » qui conclut sauvagement ce voyage émotionnel. Cinq morceaux pour trente-trois minutes, on en aurait voulu davantage. Mais cela aurait peut-être atténué l’effet de cette Emprise musicale que Time Lurker réussit très simplement à provoquer chez l’auditeur. Un second opus pas si évident au départ, plus spartiate qu’une des dernières productions feutrée de ses pairs, mais qui donne envie de s’y replonger en fin de compte pour décoder ses mystères très personnels qui ne demandent qu’à appeler à une suite, et peut-être prendre forme sur scène, pourquoi pas ? Maintenant que Time Lurker évolue à deux, l’union fait la force après tout ! [Seigneur Fred]

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