Les groupes cultes se font et se défont, naissent puis se déchirent, et les splits ou reformations sont monnaie courante dans le monde du rock au sens large car il faut bien vivre et payer ses factures, plus que jamais en ces temps d’inflation mondiale. Il n’y qu’à voir Slayer qui a pris sa retraite en 2019, et qui finalement revient sur le devant de la scène en 2024 avec deux dates de concerts d’ores-et-déjà annoncés pour cette année, alors que Kerry King se lance dans le même en solo… Mais aussi Pantera qui a relancé la machine power/thrash avec la moitié du line-up originel (Phil Anselmo (chant) et Rex Brown (basse)), l’autre moitié des défunts frangins Abbott (R.I.P.) étant remplacée par la belle paire, et pas des moindres, Charlie Benante (Anthrax, ex-S.O.D.) à la batterie / Zakk Wylde (Black Label Society, Ozzy…) à la guitare. Tiens donc, le père Zakky ! Oui, le fameux guitariste d’Ozzy Osbourne (ex-Black Sabbath), successeur du regretté Randy Rhoads (R.I.P., lui aussi, décidément) plus tard en 1987 (même s’il y eut entre-temps Brad Gillis et Jack Lee à ce poste), avant d’être gentiment remercié et oublié par Ozzy de 2009 à 2017, et remplacé par le guitariste prodige grec, Gus G. (qui sort son nouvel album de Firewind, Stand United, au passage le même jour 01/03/2024). Etrange hasard du calendrier…
Vous ne voyez pas où l’on veut en venir ? Eh bien à cette nouvelle double galette studio baptisée Doomed Forever Forever Doomed. Un titre qui résume parfaitement les choses et l’ambiance ici. Celle-ci compile pas moins de seize reprises de Black Sabbath, version Zakk Sabbath. Comme quoi, le légendaire guitariste/chanteur n’en veut pas trop à son pote Ozzy, le « Prince of Darkness », lui qui souffre de plus en plus de sa maladie de Parkinson et de son addiction aux drogues et alcool, mais bon, ça c’est pas nouveau. Mais au final, qui va rafler la mise ? Eh bien c’est Papi Ozzy pour les royalties, avec bien sûr ses anciens camarades Geezer Butler et Tonny Iommi, pour terminer ainsi leurs derniers jours. Ah, le music business dans le rock, et le metal, c’est un cercle vicieux : ça va, ça vient…
Côté line-up dans les studios Black Vatican et Clear Lake Audio où la galette a été produite par Wylde himself, avec l’aide des ingénieurs du son Jay Ruston et Adam Fuller, on retrouve au côté du guitariste bûcheron et admirable chanteur ici (pour ceux qui en doutaient encore), un certain bassiste Robert “Blasko” Nicholson, bien connu pour avoir œuvré auprès d’Ozzy Osbourne lui aussi, mais aussi Rob Zombie, Cryptic Slaughter ou un autre groupe culte : Danzig. Et derrière les fûts, pas un manchot, puisqu’il s’agit de Joey Castillo, qui a joué également avec Glen Danzig, et dans Eagles of Death Metal, ou Queens Of The Stone Age (QOTSA pour les intimes).
Alors que dire de plus ici sur Doomed Forever Forever Doomed si ce n’est que l’on connaissait déjà certaines reprises interprétées en live lors de tournée spéciale Zakk Sabbath (déjà passée d’ailleurs par la capitale française) comme « The Wizard » ou « Black Sabbath » qui figuraient alors sur Vertigo, son précédent EP sorti en 2020 (Magnetic Eye Rec.) mais qui se limitait à un hommage au premier album éponyme, Black Sabbath. Le père Zakky a donc ressorti sa Les Paul entre deux concerts de Pantera, et poursuit son sincère hommage à BS. C’est « War Pigs » qui ouvre ce bal de Sabbat Noir en hommage au groupe culte britannique qui inventa, avec d’autres confrères, certes, le heavy metal à tendance doom dans les années 70. L’interprétation s’avère très musclée ici, et la voix de Zakk imite vraiment bien celle du « Madman » qu’il connaît bien, l’accent yankee en plus (« The Prince of Darkness » étant british d’origine pour rappel, et Black Sabbath ayant été fondé à Birmingham un beau jour de 1969).
A noter que l’on retrouve donc uniquement sur ce double album studio succédant à Vertigo des versions made in Zakk Sabbath dont les titres originaux sont extraits des classiques de Black Sabbath de la grande époque et qui lancèrent le heavy metal après l’album éponyme : Paranoid (1970) et Master Of Reality (1971). Vous retrouverez la track-list complète ci-dessous pour les plus curieux d’entre vous, mais la question existentielle sur la nécessité d’investir dans cette galette ou non va être vite balayée car c’est un grand oui, si vous aimez Zakk Wylde dans son oeuvre en général (avec Ozzy Osbourne, avec Black Label Society, en solo, avec Pantera, etc.) et si vous vouez un culte sans limite à Black Sabbath, et ce, même si vous possédez les œuvres originales. Vous prendrez forcément votre pied, et même au passage un bon pied au cul car Black Sabbath demeure intemporel, même cinquante-quatre ans plus tard. Alors merci qui ? Merci Ozzy, et merci Zakky ! [Seigneur Fred]
Track-listing disque 1 :
01. War Pigs
02. Paranoid
03. Planet Caravan
04. Iron Man
05. Electric Funeral
06. Hand of Doom
07. Rat Salad
08. Fairies Wear Boots
Track-listing disque 2 :
01. Sweet Leaf
02. After Forever
03. Embryo
04. Children Of The Grave
05. Orchid
06. Lord Of Tis World
07. Solitude
08. Into The Void
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