Si cette période est généralement chargée en matière de concerts après la fin des festivals d’été, tout est ensuite une question de choix et de motivation. Vingt-quatre heures après le passage tellurique de Conjurer et Nostromo à Laval, nous avons décidé d’aller soutenir la scène death metal underground française du côté d’Orléans… A l’affiche ce samedi soir au Dropkick Bar, le groupe de Montargis Slave One, suivi de trois formations venues en force de Lorraine : Voorhees (death metal old school), Nihilsm (brutal death metal), et la tête d’affiche Catalyst, véritable fleuron du death metal technique et progressif français. Un an après la sortie de leur petit chef d’œuvre A Different Painting for a New World (Non Serviam Rec.), nous étions impatients de les rencontrer sur scène, et n’avons point été déçu ! [Texte et photos live : Seigneur Fred]
SLAVE ONE : Mea culpa
Arrivés trop tard (hé oui, un concert toujours intense de Nostromo/Conjurer la veille à Laval, ça fatigue ! ;-), nous manquâmes les chauffeurs de salle ce soir, Slave One. Un grand mea culpa envers eux donc. D’après nos échos, l’accueil fut bon devant un public plus peu nombreux mais extrêmement motivé. Les absents (comme nous) ayant toujours tort, oms pourront cependant se rattraper le 04/11/2023. En effet, le groupe de death metal originaire de Montargis se produira à Tours (salle du 37ème Parallèle pour info) en compagnie, entre autres, de formations prestigieuses telles que Kronos et Drakwald.
VOORHEES : Du bon vieux death metal des familles !
Dès les premières notes d’essai durant la balance qui précèdera, on entend un riff du dernier Obituary, et on se dit que ça sent déjà bon avec nos Lorrains de Voorhes venus de Metz après presque 5h de route. Et ce sera bien le cas pendant près d’une heure pendant laquelle l’audience orléanaise vient se délecter de chansons death metal old school, souvent inspirées par les vieux films d’horreur des années 80/90 (comme Hellraiser, Freddy, etc.). Sans pour autant tomber dans la nostalgie, le quatuor français se fait plaisir et donne surtout du plaisir aux spectateurs qui lui rendent bien. Généralement sur un rythme mid-tempo idéal pour headbanguer et quelques mosh parts, leurs propres compositions plaisent aux fans présents de death metal américain ou scandinave qui apprécient ces riffs lourds et gras jouées sur des guitares saturées telles des tronçonneuses Viking. Cela, on le doit surtout à la fameuse pédale de distorsion Boss HM-2 qui sera notamment popularisée, non pas par Davild Gilmour (Pink Floyd) qui fut le premier pour l’anecdote à l’utiliser, mais, en ce qui nous concerne, nous les metalheads, bel et bien par toute la vague suédoise de death metal en provenance de Stockholm à l’aube des années 90. Voorhees en fait sa madeleine de Proust, son cheval de bataille, et le public en redemande.
Le son est tout à fait correct, bon question lumières, c’est un peu limité au-dessus de la scène, avec quatre ou cinq projecteurs qui se battent en duel, mais passons, l’essentiel est ailleurs : c’est-à-dire sur la scène et dans la musique. Parmi les quatre zicos ce soir au Dropkick Bar, on reconnait alors sur les extrémités le guitariste Florian Iochem des groupes Sandragon (qui sort son double nouvel album Hierophant (Wake Up Dead Rec.) le 21/10/23) et surtout Catalyst, qui jouera un plus tard en tête d’affiche. Il y a aussi le bassiste de Savage Annihilation, venu en voisin (Montargis) en dépannage. Sympas les copains, et surtout chapeau, notamment à Flo ! Assurer deux concerts différents le même soir, quelle mémoire d’éléphant pour interpréter les chansons sans partition et rester en forme pour le set suivant ! Respect. L’imposant leader Chris (guitare/chant), au centre de la scène, les remerciera d’ailleurs comme il se doit. Pour rappel, Voorhees a publié Chapter III (autoprod.), en 2022.
NIHILISM : Le mercure death metal monte d’un cran à Orléans
Place maintenant à Nihilism qui propose un death metal plus virulent et rentre-dedans, tout simplement plus brutal, à la . Basé également en Moselle, la formation française a déjà publié trois albums studio dont deux sur le label nordiste Great Dane Records. Leur dernier opus s’appelle Codex Nihilistic Exhumed (autoprod.) et a reçu un plutôt bon accueil, même s’il nous est passé sous le nez (car nous ne pouvons pas malheureusement chroniquer toutes les nombreuses sorties metal quotidiennes). Techniquement, on monte d’un cran et surtout le rythme est plus élevé globalement. Il y a quelques influences brutal death/thrash mais dans l’ensemble, leurs racines sont à retrouver chez Hypocrisy (première époque), les vieux Sepultura, et surtout Carcass, un peu de Vader, et surtout Death et Dismember. Tiens donc, quasiment tous les noms des artistes figurant en guise de reprises bonus à la fin de leur dernier album en date ! D’ailleurs, les Lorrains reprendront l’une des légendes du death suédois made in Stockholm, Dismember, en fin de set avec la chanson « Casket Garden » (figurant à l’origine sur le cultissime Massive Killing Capacity des Suédois récemment reformés et dont on attend des nouvelles chez Nuclear Blast !). Et pour l’occasion, le guitariste/chanteur Chris de Voorhees montera sur scène taper le bœuf pour un résultat puissant et groovy.
Le son est fort, le public réagit bien et ça commence à chauffer sérieusement, même s’il n’y a pas foule dans le pit (beaucoup moins de personne qu’au concert de Mercyless avec Max Otero en mars dernier). Néanmoins, les morceaux étant tellement brutaux par moment que les spectateurs commencent un peu à fatiguer car il s’agit tout de même du troisième concert, or c’est loin d’être fini ! Il reste Catalyst. Et justement, sur la droite, c’est encore un autre musicien de Catalyst, en l’occurrence Jules Kicka, qui assure la guitare mais aussi le chant cette fois, en duo avec le très convaincant Seb au milieu de la scène. Et quelle performance là encore ! Deux concerts en une seule soirée sans temps de repos toutefois, contrairement à son collègue Flo qui a pu souffler un peu durant le set de Nihilism. Et encore une baffe death metal ce soir, une, plus technique et brutale !
CATALYST : Nouveau fleuron du death metal technique français
Enfin, la cerise sur le gâteau, ou plutôt la crème du nouveau techno death metal ou technico-progressif Frenchy, appelez ça comme voulez : Catalyst. Venu spécialement de Metz avec tous ses petits camarades précédents, le quatuor lorrain va donner une leçon de technicité mais aussi dépeindre notre monde à a sa manière en interprétant la quasi intégralité de son second et dernier album en date, A Different Painting for a New World (Non Serviam Rec.). Véritable petit chef d’œuvre contemporain et français qui plus est, on peut classer celui-ci sans rougir dans sa discothèque death metal, entre les meilleurs albums de Nile et des Orléanais d’Impureza (un nouvel album est en préparation d’après nos sources locales). A présent, le guitariste/chanteur Jules Kicka compte bien donner tout ce qu’il a dans les tripes au public orléanais qui commence un peu à fatiguer car il se fait tard. Et les longs morceaux épiques et complexes de Catalyst ne vont pas forcément être adéquats. Mais c’est sans compter sur la détermination de son leader à la longue chevelure et de ses trois acolytes. Nous avions d’ailleurs interviewé Jules en 2022 (lire notre interview de Catalyst ici). Plus motivé que jamais, et pourtant, avec déjà un concert de Nihilism dans les jambes (ou plutôt les doigts, en tant que gratteux), il va tout donner. Et dieu sait que les chansons de leur dernier album sont loin d’être évidentes à assimiler à cette heure tardive ! Et franchement, c’est un régal pour les amateurs. Le son tout à fait correct met bien en valeur la basse six cordes du discret mais efficace Jefferson Brand, également vocaliste, sur le côté gauche, alors qu’à l’opposé, Flo, malgré déjà un concert avec Voorhees, donnera lui aussi de la voix sur quelques passages, comme Jefferson et Jules, tout en dégainant de sacrés riffs sur sa guitare.
Le talentueux quatuor interprètera également deux morceaux de son premier album The Great Purpose of the Lords (Great Dane Records). Pour les orchestrations, et c’est là où nous étions quelque peu sceptiques avant le concert, ça passe plutôt bien. Elles sont diffusées par samples et envoyées correctement par le batteur Stéphane Petit qui a de l’énergie à revendre derrière ses fûts. A l’instar de formations de death technique et orchestrales comme Septicflesh, Nile, ou Fleshgod Apocalypse, tout doit être impeccable car sinon ça peut vite être indigeste et poser problème techniquement pour les musiciens sur scène. Le death metal de Catalyst étant particulièrement complexe et dense, là aussi nous ne pouvons que nous incliner devant la performance de Stef (également membre des Exorbited). Il ira même à plusieurs reprises haranguer le public quand celui-ci commençait à se ramollir en fin de set. Même le bassiste Jeff, pourtant discret mais efficace, ira dans le pit avec sa basse sans fil pour communier avec le public, un peu tardivement malheureusement. Ses parties de basse étant très techniques et rapides, son jeu de scène ne permet pas une grande mobilité. Celui-ci est par exemple à des années lumières du jeu de scène de l’Anglais Conor Marshall, vu la veille à Laval avec Conjurer et aussi membre de Sylosis, qui brassait de l’air en headbanguant non stop durant tout le show (il aura des problèmes aux cervicales d’ici peu…). Un dernier doublet « From The Last Sunset… »/ »… To Chaos » tiré de leur premier LP sera joué férocement. Puis vient la fin avec l’ultime titre qui déchainera tout le monde, la chanson « Worms And Locusts » avec son intro à la basse et ses rythmiques sauvages à vous faire décoller du sol, issu de leur dernier opus. Génial !
Mais il est l’heure de rejoindre le marchand de sable, certains ont de la route (les groupes mettront 5h pour rentrer dans leur fief en Moselle). Nous pouvons remercier tous les groupes d’avoir fait le déplacement et les spectateurs pour cette soirée death metal underground où il y en avait pour tous les goûts dans ce même genre musical qu’est le death metal : old school, new school, plus ou moins technique, brutal… A présent, nous, on a hâte de revoir jouer Catalyst sur l’une des scènes des prestigieux festivals français ou étrangers tels que le Hellfest, le Motocultor, le Summer Breeze ou bien le Wacken Open Air, car ils le méritent sincèrement ! Jeanne d’Arc entendait des voix, paraît-il, alors même si elle a fini sur une scène, celle du bûcher à Rouen, concernant Catalyst, espérons que nos voix soient entendues par les programmateurs dans le monde et qu’ils enflamment une grande scène de concert comme il se doit ! [Seigneur Fred]
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