Fans des regrettés Children Of Bodom ou des encore bien vivants Soilwork et Wintersun, Crownshift est la nouvelle sensation metal moderne à ne manquer sous aucun prétexte, mais attention, en version power/groove metal ici ! Bon, c’est un peu vite résumé, et il convient de relativiser, mais en ce triste printemps 2024, ça fait plaisir à entendre un tel album après celui de My Dying Bride en avril qui nous a permis de joliment prolonger notre spleen hivernal pour accompagner cette météo exécrable ! Passons ces discussions météorologico-musicales de comptoir, et penchons-nous sur ces jeunes Finnois qui nous gratinent là d’un premier opus remarquable, aux influences, certes, un peu trop palpables, mais avec un sens de la mélodie certain, une belle technicité, et du groove, qui font donc plaisir à entendre aujourd’hui. Mais il n’y a pas de fumée sans feu en Scandinavie, et quand on se penche sur le pedigree, on retrouve sans surprise des membres de Nightwish, Wintersun (live), comme Jukka Koskinen à la basse, le batteur Heikki Saari (également membre de Finntroll) ; mais aussi un certain de Tommy Tuovinen, alias « Tommy Boy » de MyGrain ; et, tiens donc, un Suédois, Daniel Freyberg, ex-guitariste de Children Of Bodom (2016-2019) et du projet avorté Bodom After Midnight au côté du défunt Alexi Laiho (R.I.P.). Quand on vous disait qu’il n’y a pas de fumée… Et tout cela s’entend dès le premier et excellent titre, le catchy « Stellar Halo », très vite suivi du tout aussi bon et speed « Rule The Show » avec ses claviers modernes, quelque part entre du Devin Townsend/Strapping Young Lad et Soilwork. Le soufflé ne retombe pas avec « A World Beyond Reach » pour lequel un vidéo clip a été réalisé. En plus, il y a donc du budget chez Crownshift, épaulé par le géant label teuton Nuclear Blast qui les a signés.
Alors bien sûr, il ne faut pas être trop allergique aux claviers souvent utilisées dans le death metal mélodique contemporain (Soilwork, Dark Tranquillity, In Flames…) ces vingt dernières années, ni aux fréquents changements de rythmes, mais tout cela sonne extrêmement frais, varié, et très bien agencé. Du coup, on ne s’ennuie guère à l’écoute de ce premier long effort studio qui en impose déjà. On a même droit à une fausse balade avec le morceau « My Prison » sur laquelle le guitariste suédois Daniel Freyberg partage ses influences heavy metal années 80. Ensuite, ça repart de plus belle et de manière énergique avec le très heavy/speed « The Devil’s Drug », suivi d’un joli interlude « Mirage », avant de passer de l’autre côté sur le copieux « To The Other Side » (un hommage à Alex Lahio peut-être ?) durant plus de dix minutes…
Dans tous les cas, on ne s’ennuie pas une seule seconde ici, même si leur musique est en fin de compte relativement variée. Pas de temps mort, de la mélodie, une technicité pas dégueulasse sans abuser ni en mettre plein la vue (on est loin de Children of Bodom quand même ici), et ça le fait ! Côté chant(s), la palette vocale de Tommy Boy impressionne et donne vraiment du relief à chaque chanson (chant clair, chant black/death), même s’il est souvent épaulé par le guitariste qui assure brillamment les chœurs tout au long des huit morceaux. Crownshift offre donc un premier album éponyme réussi, agréable, catchy, assez technique mais pas trop. Alors que la scène metal scandinave a dû mal à se renouveler actuellement, ce jeune quatuor scandinave fait un sans faute ici, marquant déjà les esprits de par sa musique et son nom : Crownshift. [Seigneur Fred]
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