Si leur premier brûlot Baptised In Blasphemy nous avait séduits par sa paradoxale fraîcheur pour du rétro thrash/black metal lors de sa réédition sur le label français Listenable Records en 2023, nous étions déjà impatients d’en connaître la suite. Et nos voisins rosbifs de Devastator n’ont pas choisi leur nom au hasard pour rien, car en live, ils dévastent tout sur leur passage, dixit son frontman Thomas « Nachtghul » Collings aux faux airs de Lemmy Kilmister en version bien evil. Adoubés par leurs pairs anglais (Tony Dolan (Venom Inc.), Ben Ward (Orange Goblin) et Dom Lawson (de nos confrères de Metal Hammer)) dès leurs débuts en 2017 dans le Derbyshire, nos quatre Anglais ont déjà de l’expérience grâce à leurs précédents projets respectifs, et ça se sent ! Que ce soit dans leur écriture et le sens de la composition avec le riff tueur qui fera forcément mouche en live (« Black Witchery » aux relents Motörhead, « Conjurers Of Cruelty »…), que dans l’attitude rebelle qui fait parfois défaut aux nouvelles formations de heavy/speed qui déboulent chaque jour sur internet, au look parfait et au son propret.
Ici, c’est frontal, nerveux chez Devastator (« Necromantic Lust », « Bestial Rites »), presque aussi dangereux comme dans les années 80 quand le heavy/speed, puis les autres genres thrash et black faisaient peur au grand public avec les Motörhead, Venom, Hellhammer, Destruction et autres Sodom qui sévissaient (« Ritual Abuse (Evil Never Dies) », « Walpurgisnacht »). Néanmoins on constate clairement que le groupe de Derby s’est davantage appliqué, même si les quelques soli baveux en shredding ne marqueront pas les annales du genre (« Deathspell Defloration »). Nos gaillards ont tout de même pris le temps d’arranger leurs morceaux en studio (l’intro « Beyond The Gate »), d’affûter les lames de leurs instruments, sans pour autant atténuer l’impact de chaque missile ! Le parfait exemple serait là encore « Ritual Abuse (Evil Never Dies) ». Le chant démoniaque de T. Nachtghul y fait d’ailleurs beaucoup, totalement habité, et très dark (le sinueux et inquiétant « Deathspell Defloration » proche d’un Watain). Si l’originalité n’est pas vraiment au rendez-vous ici, vous l’aurez compris, avec tous les clichés du genre, la musicalité compense, ainsi que l’attitude du quatuor. À noter deux titres bonus en fin d’album qui envoient encore du steak comme on l’aime : « Liar in Wait » et « Death Forever ». Alors pour ceux qui n’ont pas le look perfecto, veste à patches, cartouchières, et ont les cervicales bloquées pour headbanguer à cause d’un courant d’air ou d’une mauvaise position au travail, vous n’avez qu’à changer de trottoir car Devastator risque de faire mal par où il passera. [Seigneur Fred]
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