DEVASTATOR : New Wave of Brexit Heavy Metal !

Chacun d’entre nous connait les légendes comme Destruction, Sodom, Venom ou autre Hellhammer qui sévissaient dans les années 80 (et encore aujourd’hui pour certains), eh bien, jamais en 2024 un combo de rétro thrash/black metal n’aura porté aussi bien son nom : Devastator ! Formé du côté de Derby en Angleterre en 2017, ce « jeune » quatuor, de par ses quelques années au compteur, affiche déjà néanmoins une expérience musicale sérieuse grâce aux précédents projets de ses membres, mais aussi une folle et redoutable efficacité dans ses riffs qui tuent et ses rythmes assassins. En atteste leur second méfait, Conjurers Of Cruelty, un an après la réédition de leur déjà très bon premier LP Baptised In Blasphemy que nous vous avions présenté en 2023. [Entretien réalisé avec Thomas Collings alias « T. Nachtghul » (basse/chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]

Comment est né le groupe Devastator à Derby en Angleterre ? C’était juste un groupe de reprises entre amis au lycée peut-être au début ? (sourires)
On apprécie les compliments sur nos débuts et notre jeunesse, mais nous sommes un peu plus vieux que tu ne le penses collectivement… (rires) En fait, nous ne sommes pas lycéens depuis plus de dix ou vingt ans à ce point. Devastator a été initialement conçu comme un projet parallèle entouré de deux autres groupes locaux bien après nos années lycée, dans la région du Derbyshire. Malgré leur solide réputation, ces groupes locaux ont été de courte durée, ce qui a cédé la place à Devastator devenant la seule production musicale de nos vies. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire. (sourires)

Nous avions beaucoup aimé votre premier album studio Baptised In Blasphemy réenregistré pour l’occasion, je crois, et réédité par le label français Listenable Records en 2023 (lire notre précédente chronique ici). Il contenait de très bons bonus live d’ailleurs. D’après toi, quel a été l’impact de cette réédition spéciale de ce premier LP studio ? (Ndlr : il fut initialement sorti en 2020 sur Clobber Records, puis donc réédité en 2023)
Oui, nous avons vu d’ailleurs votre critique – quelques réflexions intéressantes, même si les chansons n’ont pas été réenregistrées, attention. Elles ont simplement été remasterisées et remixées. C’était une idée présentée par Listenable Records lors de la signature de notre accord avec eux. Cela nous a donné l’occasion de corriger quelques imperfections sonores avec le mix original de l’album, disons. Nous avons pu insuffler une nouvelle vie à la musique avec une perspective plus fraîche sur la façon dont nous on voulait que ça sonne. Lorsque l’album a été initialement mixé et masterisé, nous n’avons pas pu être présent en studio malheureusement avec le producteur en raison des limitations de la pandémie de covid, donc pour l’essentiel, le produit que nous avons obtenu était déjà une affaire conclue. De cette façon, nous avons pu améliorer quand même le mix après avoir établi non son avec l’original depuis plus de trois ans. Et nous avons ajouté des morceaux bonus et de nouvelles illustrations afin de rendre la chose inédite. Il se démarque du pressage original pour créer la version définitive donc de Baptised In Blasphemy afin qu’il soit de nouveau largement diffusé à travers le monde, facilement disponible pour tous ceux qui le recherchent. La première version de l’album n’était plus disponible en raison de sa sortie limitée à l’époque.

Toujours à propos de Baptised In Blasphemy, est-il vrai que vous avez reçu très tôt des félicitations de la part de célèbres stars du rock et metal anglais telles que Tony Dolan (Venom Inc.), Ben Ward (Orange Goblin) et Dom Lawson (Metal Hammer) à cette période en 2020 ? Étiez-vous déjà alors en contact avec eux sur la scène metal britannique à cette époque ? Leur avez-vous envoyé votre première démo avant 2020 afin de faire connaître Devastator ?
C’est vrai, Tony Dolan est devenu un ami du groupe ces dernières années, tout comme Ben Ward et Dom Lawson. Ces deux derniers ont laissé de grands compliments à propos de notre premier LP Baptised In Blasphemy. Et Dom Lawson a joué un rôle déterminant dans la signature de Devastator sur le label Listenable Records à vrai dire…

C’est drôle et un peu bizarre parce que votre tout premier album avant celui-ci était en fait un live. Ça s’appelait Darkness over Derby – Live in Derby Bootleg (2017-2019) et est paru en 2019 (autoproduction indépendante). Souhaitiez-vous copier Mayhem d’une certaine manière ? (rires) Les Norvégiens avaient débuté par un album live en 1993, le fameux disque live intitulé Live in Leipzig comme témoignage et hommage live à Euronymous (R.I.P.), après bien sûr leur EP Deathcrush (en 1987), mais bien avant donc leur tout premier LP studio culte De Misterii Dom Sathanas en 1994 ?
En fait, il n’y avait aucun plan pour ce bootleg live, ce n’est même pas considéré comme un album pour nous – simplement juste une version numérique du matériel que nous jouions au cours de ces années et qui finirait par conduire à un véritable premier album plus tard, c’est-à-dire Baptised In Blasphemy. Il n’y avait donc aucune ambition de suivre ou copier les traces de Mayhem, et j’ai beaucoup de respect pour eux. Mais il n’y a donc pas d’influence majeure sur nous, Devastator, ici.

Je trouve ce nouveau et second LP Conjurers of Cruelty très mature et plus diversifié, mais peut-être plus extrême aussi d’un autre côté. Quand et comment a-t-il été composé exactement ? Alors avez-vous profité de l’expérience acquise sur Baptized in Blasphemy (enregistrement, live, etc.) ?
Comme mentionné au début, nous sommes plus âgés que tu ne le pensais, donc on a déjà une certaine expérience en la matière. Collectivement, nous avons tous des années d’expérience en matière d’enregistrement et de performance qui entrent en fin de compte dans notre travail avec Devastator. Donc la conception de notre nouvel album Conjurers of Cruelty fut un exercice similaire à notre premier album mais aussi différent en même temps. Au cours de ces sessions, nous avons pu expérimenter et vraiment affiner le produit grâce au temps supplémentaire et à un budget plus important pour l’enregistrement studio par rapport aux sessions de Baptised In Blasphemy. A l’époque, nous étions pressés par le temps avec un budget moindre, avec peu ou pas de temps pour tous tests, arrangements et affiner les choses en studio. Le matériel de compositions était terminé avant les sessions d’enregistrement, mais des ajouts et de légers changements ont été apportés en studio une fois que nous pouvions entendre clairement l’ensemble et examiner le matériel à la loupe pour ainsi dire. Je pense que l’on sur tirer le meilleur parti de ces chansons.

À la fin du morceau « Ritual Abuse (Evil Never Dies) », on peut écouter quelques parties de guitare acoustique sur l’outro. C’est intéressant, quoiqu’un peu court. Crois-tu que ce soit quelque chose que vous pourriez développer à l’avenir dans les prochaines chansons de Devastator ?
C’était une idée de dernière minute, si je me souviens bien. Mais qui sait ? Je ne suis pas sûr qu’une piste complète acoustique nous apporterait un quelconque bénéfice, mais nous verrons par la suite…

Parle-moi s’il-te-plaît de la chanson intitulée « Walpurgisnacht » qui a fait l’objet d’un vidéo clip. C’est un titre très courant (en allemand ou en anglais) dans la musique black metal. Par exemple, Enthroned (Belgique) a écrit une chanson à ce sujet. Cradle Of Filth, je crois aussi. Alors de quoi parle votre version ici et en quoi diffère-t-elle des autres versions précédentes selon toi ? Avez-vous pour habitude de célébrer la « Walpurgisnacht » dans les rues du comté de Derby en avril ? (Ndlr : entretien réalisé fin mars 2024)
En termes simples, c’était un titre sympa que j’avais gardé de côté durant des années. Je ne fais pas attention au titre des chansons des autres groupes lorsque j’écris de la musique ou des paroles, tu sais. Habituellement, après avoir entièrement écrit musicalement un morceau pour Devastator, je lui attribue un titre de travail provisoire, puis j’essaie d’écrire autour du titre que je lui ai donné. Bien sûr, je me suis penché sur un certain réalisme pour cette chanson. Celle-ci est vaguement inspirée des procès des sorcières de Würzburg en Bavière (Allemagne), mais en même temps son histoire se transforme très rapidement en une situation plus fantastique où les esprits des sorcières brûlées reviennent pour se venger. En tout cas, je ne vois pas les célébrations se propager ici dans les rues de Derby. (rires)

Maintenant, quelques mots aussi sur les deux derniers titres bonus : « Liar in Wait » et « Death Forever ». Ce sont vos propres chansons ici ou bien des reprises peut-être ? (titres disponibles en version CD mais malheureusement peu de gens achètent des CD de nos jours…)
Ces morceaux étaient nos précédents singles en fait, avant de signer notre contrat chez Listenable Records. Nous les avons réenregistrés pour le nouvel album. À priori, tu n’as pas dû les avoir avec l’album promotionnel. Je te recommande vivement de les écouter ! (sourires)

Devastator joue un speed/thrash/black metal old school très inspiré par la musique metal des années 1980. Cherchez-vous d’une certaine façon à rendre hommage aux parrains du metal qui ont lancé et développé ce genre de musique par le passé et qui vous inspirent encore aujourd’hui ? Êtes-vous un peu nostalgique, comme bon nombre d’entre nous, à l’écoute des nouveautés paraissant ces années 2020 qui sont peut-être moins excitantes de nos jours sans sentiment ni attitude, tout se faisant derrière un ordinateur et sonnant très propre sur scène lors des performances live ?
Intéressant. C’est une question qu’on nous pose souvent, Devastator n’est pas conçu comme un hommage aux années 80. Non, nous portons simplement nos influences sur nos manches de guitares et instruments, mais cela ne veut pas dire non plus que nous n’aimons pas les groupes modernes actuels. Ce qui sort de nous musicalement est naturel et constitue une extension des influences que ces groupes plus anciens ont eues sur nous en tant que musiciens et auteurs-compositeurs. Cela dépend de ce que l’on définit aussi comme attitude et feeling lorsqu’il s’agit de groupes de metal moderne, mais je vois ce que tu veux dire. Il y a de tout. Je crois qu’il y a beaucoup qui l’ont et qui pourraient ne pas le montrer de la même manière que ce que l’on s’attend à voir.

Quels sont tes coups de cœur musicaux du moment sur ton mobile ? Un mélange d’anciens et de nouvelles choses ? Uniquement du metal old school comme Venom, Bathory, Bewitched, Motörhead, Sabbath, Judas Priest, et des trucs plus extrêmes peut-être ?
Beaucoup d’anciens et de nouveaux trucs, à vrai dire. Beaucoup trop pour les énumérer ici… (rires) Mais pour n’en citer que quelques-uns : Hellripper, Midnight, Heavy Sentence, et bien sûr les vieux classiques comme Sodom, Bathory, Celtic Frost, etc.

Es-tu intéressé quand même par des genres différents, hors de la sphère metal (électro, folk, musique classique, jazz, blues, etc.) ?
Moi, pas trop. Mais R. Amun, notre guitariste principal, écoute plus de jazz qu’autre chose ces derniers temps…

Bon, quels sont vos projets pour le futur (un autre LP studio sur Listenable Rec., de nouvelles vidéos sur internet, des tournées en Amérique, en Asie et en Europe…) ? Et que pouvons-nous attendre d’un concert de Devastator cette année si nous avons la chance de vous voir sur scène ? Un « Total Desaster », comme disait la chanson de Destruction ! Une Armageddon live totale ? (rires)
Alors nous avons des dates européennes prévues pour 2024, c’est la prochaine frontière à conquérir, ou marche à gravir. Bien sûr, une tournée en Amérique et en Asie serait formidable. Mais bon, nous espérons que cela viendra sans aucun doute avec le temps. On fera ce que nous faisons de mieux, ce groupe est avant tout un groupe live et tous ceux qui nous ont déjà vus peuvent attester du fait que nous ne faisons aucun prisonnier lorsqu’il s’agit de nos performances live. (sourires)

Enfin, quand peut-on espérer vous voir en live de le pit en Europe et surtout en France, le pays des grenouilles, si le Brexit ne vous arrête pas à la frontière de la Manche ??! (rires)
Un show français aurait du sens, n’est-ce pas ? Oui. Pour cela, mettez vos promoteurs en contact avec nos agents de Reaper Agency UK et concrétisez ce projet. Cela devrait pouvoir se faire… (sourires)

Publicité

Publicité