C’est sous un véritable déluge (merci à la perturbation Kirk) que nous nous sommes rendus à cette belle soirée stoner/sludge, voire post sludge, pour être plus précis, avec tout d’abord les Tourangeaux de Healer, qui donna là son premier concert (mais on a vite senti que les gars avaient déjà de l’expérience du fait de leur appartenance à d’autres combos locaux) ; suivis des Belges de My Diligence ; et enfin Dvne mené par le guitariste d’origine angevine Victor Vicart. A vrai dire, ces deux groupes sont en pleine explosion sur la scène, et pour rien au monde, nous n’aurions raté cette occasion de les revoir. Il faut dire que nous les collons aux basques depuis quelques temps, que ce soit en festivals d’été, ou ce mercredi soir en configuration club… [Texte et photos : Seigneur Fred]

Une petite centaine de spectateurs se masse tranquillement devant la scène du Bateau Ivre, alors qie quelques personnes, le balcon à l’étage, superbement rénové, ont le privilège d’être assises, on ne sait pas trop s’il est officiellement accessible ou non ce soir. Nous découvrons alors une nouvelle formation sur la scène tourangelle, Healer, qui a l’honneur d’ouvrir les hostilités. C’est le premier concert, soi-disant, du quatuor, s’exclame l’un des musiciens. Pourtant, à la vue et l’écoute de leur rock stoner superbement joué et déjà très en place, on a du mal à les croire. En effet, s’il s’agit bien de leur première prestation live, mais les membres de Healer ont déjà tous plus ou moins roulé leur bosse dans d’autres groupes locaux, ceci expliquant cela. Sur la droite, face à nous, le bassiste impressionne sur sa 5 cordes, et bouge bien. Quant au guitariste de droite, affublé d’une casquette vissée sur le crâne à l’américaine, assure avec brio son chant et ses parties de gratte sur sa Gibson SG, alors qu’à l’opposé de la scène, son homologue s’occupe davantage des solo sur Flying V. Le set des quatre gaillards monte peu à peu en intensité, passant même par un interlude instrumental. A la batterie, ça envoie sévère et c’est du costaud, le jeu du percussionniste étant très dynamique. Les quelques fans et les proches des musiciens en redemandent, même s’ils sont un peu timides et plutôt observateurs, car ça bouge pas pour ainsi dire dans le pit. Une très belle entrée en matière pour Healer qui va enregistrer ces prochaines semaines un premier EP en studio dans l’ouest de la France (Nantes ou Rouen, l’information communiquée au stand de merchandising fut approximative). Sortie prévue début 2025 !





Place maintenant à nos chouchous de My Diligence (lire notre interview ici). Après un passage remarqué au Hellfest en 2023, et au Motocultor l’été dernier (2024, notre live report à retrouver ici), le trio wallon commence enfin à récolter le fruit de son labeur en sillonnant les routes de France et de Navarre avec leurs potes de Dvne, même s’il reste encore justement du travail car beaucoup de gens les découvrent ce soir. Existant depuis une petite dizaine d’années, My Diligence s’est fait davantage connaitre dernièrement par chez nous et un peu partout en Europe grâce à son quatrième effort studio, Death. Horses. Black., paru au printemps 2024 chez le label ch’ti Listenable Records et produit par l’incontournable Francis Caste (Seth, Svart Crown, ADX, Regarde Les Hommes Tomber, Necrowretch, Hangman’s Chair, Lazy, The Arrs…). La set list est plus adaptée ce soir à la configuration club et au timing un peu plus libre que lorsque nous avions pu les croiser en festival. Débutant logiquement par les morceaux qui ouvrent justement leur dernier album, c’est-à-dire « Death », puis le single « Horses », on rentre progressivement dans leur post sludge, peut-être un poil trop atmosphérique pour certains qui jugeront la performance des Belges ennuyantes. Pourtant tout y est, le son est bon, les lights meilleures qu’en festival. Un reproche tout de même, et pas des moindres, le chant de Cédric Fontaine est peu audible, que ce soit en screams ou en voix claire, surtout qu’il y a en plus des effets dessus.




Côté basse, il n’y en a pas directement, si ce n’est que les deux guitaristes Cédric donc, et François Peeters, qui alternent leurs parties de basse et guitare respectivement à l’aide d’un octaver jouant ainsi sur leur guitare six cordes. A la batterie, si Gabriel Marlier se lâche par moment sur des relances et presque des mini solo, il reste d’une précision redoutable, tel un métronome, rendant la musique de My Diligence presque hypnotique par moment, lorsque les mélodies se font davantage sentir en son clair ou des leads en boucle, comme un certain Psychonaut ou Brutus. Décidément, la scène voisine belge regorge de pépites. Un show progressif donc, alternant plages plus atmosphériques et montées telluriques, pour finir à un set avec son frontman Cédric à genoux devant son ampli pour faire cracher des larsens avec sa guitare et ses pédales d’effets (il a deux pédaliers !).




Et le clou de la soirée, la cerise sur le gâteau pour ainsi dire, revient à la formation franco-écossaise Dvne qui va nous délivrer un concert presque jouissif, tant pour les fans que pour les musiciens eux-mêmes, dont le guitariste Victor Vicart, venu en voisin car il est d’origine angevine (mais réside à Edimbourg). Signé chez Metal Blade Records, là aussi, le groupe commence à rencontrer un joli succès à l’étranger et notamment un peu partout en Europe, surtout depuis son EP Omega Severer (2020), vite suivi du second album Etemen Ænka (2017), et le dernier Voidkind, petit chef d’œuvre complexe, certes, de post sludge metal. Mais sludge, pour Dvne, tellement c’est propre et taillé dans un écrin, qu’il est parfois plus simple de définir le genre musical de la formation majoritairement britannique comme metal progressif, à l’instar d’un Mastodon par exemple. Concentré, le quintet va tout simplement nous offrir une prestation magnifique, parfaite, avec un son qui rend honneur à ses compositions alambiquées et sinueuses, sous de jolies lumières. Sur ses guitares à moitié barytones (4 grosses cordes doublées sur 9), le frontman français, sur la gauche, est très concentré car son jeu demande précision surtout qu’il chante également (chants clairs et screams) alors que son collègue, l’autre guitariste tout à droite, assure les growls. Au passage, on notera depuis presque trois ans maintenant l’intégration aux samples et programmations du Lorrain Maxime (ex-Déluge), installé debout au fond à côté de la batterie, qui accomplit un formidable boulot et alimente les ambiances et intros des compositions de Dvne. Au final, là encore, nous allons préférer le concert de ce soir de Dvne, comme My Diligence, à ceux donnés en configuration festivals auxquels nous pûmes assister jusque là. Et les fans au premier rang ne s’y trompent pas, plongeant dans l’univers riche de la tête d’affiche de ce soir, tant sur le plan lyrique et conceptuel, que musical. Nous aurons même droit à un petit rappel (prévu), alors que le batteur sua jusqu’au bout et donna tout ce qu’il avait comme jus jusqu’à la dernière note. Bravo messieurs, quelle soirée de haute voltige ! [Seigneur Fred]



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