MOTOCULTOR FESTIVAL : Live report (Part. II) @Carhaix (FR) du 15 au 18/08/2024

Suite et fin de notre live report complet (ou quasiment, s’il manque quelque chose, c’est qu’on était en train de faire des interviews ou tout simplement de faire la queue aux restaus, aux WC… ;-)) de ce quinzième festival Motocultor qui avait lieu à Carhaix pour la seconde fois consécutive. Après les deux premières journées du 15 et 16 août, voici la suite donc du 17 au 18 août 2024 avec son lot de surprises, d’émotions, et bien d’autres choses dont quelques scoops au passage. interviews à venir des artistes Crypta, Faun, 1914, Sorcerer (Fr), Rüyyn, Dvne vs My Diligence, et The Halo Effect. [Live report par Seigneur Fred, avec la complicité de Morbidou – Photos : Morbidou et Seigneur Fred]

SAMEDI 17/08/2024

Troisième jour et nous pétons la forme grâce une hygiène de vie (presque) irréprochable… Et le public de Carhaix aussi…

Malheureusement nous manquâmes de peu Jesus Piece. Dans tous les cas, nous avons rendez-vous sur la Supositor Stage avec un jeune combo hardcore qui monte et qui n’en veut : Sorcerer. A ne pas confondre avec les Suédois du même nom qui évoluent dans le doom metal lyriquue, non, ceux-ci donnent dans le hardcore moderne qui envoie, sans concession, que ce soit musicalement ou lyriquement. Avec des textes engagés (logique pour du hardcore, vous-direz-vous), les Parisiens n’hésiteront pas au milieu de leur set à inviter les « bolos avec des t-shirts de black metal de Peste Noire à dégager car ils ne sont pas les bienvenus ». Les cinq membres sont véners sur la scène devant un public massif, et qui bouge plutôt bien dans le pit. Il faut dire que les missiles issus de leur premier album Dévotion (Frozen Rec.) paru en 2022 sont taillés pour ça, et que ça manquait un peu de punk/hardcore jusque-là au Motoc’, sauf avec Lionheart tard le jeudi soir… (entretien du groupe Sorcerer à retrouver très bientôt ici sur Metalobs.com).

SORCERER (FR)

Si nous croiserons Didier Super plus tard en coulisses de ce festival si unique et hétéroclite, à s’essayer à la guitare sur le stand d’un luthier au village presse/VIP, nous préférons découvrir le rock atmosphérique et progressifs des jeunes Norvégiens de Kalandra qui s’apprêtent à sortir son second opus studio A Frame of Mind à l’automne 2024 (By Norse Music) (interview à venir bientôt sur Metalobs.com !:). Et quelle belle surprise ce quatuor scandinave sur la Dave Mustage ! Notre choix fut judicieux. Les deux guitaristes, dont l’un affublé d’un grand chapeau noir, vont séduire des spectateurs plutôt sages après Sorcerer grâce à leurs mélodies aériennes et des chansons plus subtiles qu’il n’y paraît. Pas du tout folk comme certains le pensaient, on est dans un post rock charmant aux influences délicieusement prog’ mais, en effet, avec une approche presque folk même si aucun instrument traditionnel n’est utilisé ici. L’autre atout réside dans le chant de la frontwoman scandinave au brin de voix angélique, rappelant l’image fragile et pure d’une artiste femme/enfant comme la formidable Anna Murphy (Cellar Darling, ex-Eluveitie) à qui on donnerait sans hésiter le bon Dieu. Avec sa gestuelle et à défaut de lumières à cette heure en plein après-midi, la chanteuse finira de conquérir une audience qui accueille avec gentillesse une formation plus qu’agréable à suivre de très près… (entretien à venir très bientôt sur Metalobs.com).

KALANDRA

Mais on est là aussi et surtout pour du metal ici au Motoc’, et notamment du black metal. Rendez-vous était pris depuis longtemps avec Romain Paulet et son groupe Rüyyn que l’on suit à Metal Obs depuis sa révélation avec son premier EP éponyme, encore plus depuis sa confirmation de tous nos espoirs sur son premier LP Chapter II : The Flames, the Fallen, the Fury , album pour lequel nous nous étions déjà entretenus l’an passé. Nous avions croisé par la suite quatuor français à Orléans, sauf que là nous sommes dans une dimension bien supérieure, et Rüyyn a encore gagné en puissance et confiance. Devant une grande affluence, les musiciens grimmés prennent d’assaut la Supositor Stage derrière une mise en scène sobre mais soignée (back drop, brûloirs, lights sobres, maquillages) pour ce qui va être probablement le meilleur show de black metal du festival, car Sacramentum et Gorgoroth furent un peu en deçà de nos attentes à vrai dire… Le son est vraiment aux petits oignons. D’une exécution sans faille, les dernières compos de Chapter II (…), résonnent à merveille sur Carhaix pour une messe noire puissante. Au centre, appliqué à l’image de ses camarades, son guitariste/chanteur est en véritable communion avec le public. Son leader n’a qu’à lever le petit doigt, ou plutôt les deux doigts et faire le signe du Malin, et le public répond à l’unisson tout naturellement, les chansons extrêmement bien ficelées et interprétées passant à merveille. Nombreux sont les spectateurs qui ne connaissaient pas Rüyyn, et sont désormais « sur le cul » devant la qualité de la prestation des Français, surtout qu’il y a beaucoup de fans ici présent de « true black metal norvégien » et de formations cultes comme Dodheimsgard et Gorgoroth qui jouent également ce weekend. Gorgoroth, c’est d’ailleurs là l’une des grandes influences (avec aussi Satyricon d’après nous ;-)), nous confiera Romain en entretien après le concert (interview à retrouver très bientôt ici sur Metalobs.com). Un superbe concert parfait, sans faille, dont on attend déjà la suite…

RÜYYN
Romain (RÜYYN)
Youenn (RÜYYN)

Puis le thrash puissant et old school des Californiens de Toxic Holocaust va davantage faire bouger les festivaliers, car on ne pogote pas, ou peu, sur du black metal. Place à présent donc à du bon vieux thrash donc qui entament leur set par « Beast ». Parfait pour s’échauffer avant Exodus dans deux heures à peine. Ça bouge bien dans le pit, et c’est une grosse baffe que l’on se prend encore.

TOXIC HOLOCAUST
Fernanda Lira (CRYPTA) backstage

Place aux nouvelles amazones du death metal brésilien, Crypta, que nous attendons là aussi de pied ferme depuis l’annonce de leur venue, et la parution de leur excellent second album plus personnel (Napalm Rec. 2023). Composé de deux ex-membres de Nervosa depuis 2019, la terrible Fernanda Lira (basse/chant) et la véloce Luana Dametto (batterie) ainsi que Jessica et Tainá aux guitares (son interview en 2023 à retrouver ici), le quatuor sud-américain joue pour la première fois au Motocultor, et surtout livre là son concert français le plus important en termes de public même si elles ont déjà joué ici ou là en salles par chez nous, mais pas devant dix mille spectateurs ! Là encore, nous ne sommes pas trompés, et Fernanda nous confiera avant le show est très excitée à cette idée. Avec un set bien rodé, elles débutent leur performance dos au public, avant de prendre d’assaut la Supositor Stage et quelle performance ! Le son est d’une puissance absolue et parfait. Les brûlots extraits de leurs deux albums, Echoes Of The Soul, et Shades of Sorrow, vont faire très mal devant un public médusé. Certains diront même : « quelles nanas ! », comme si les femmes étaient incapables de jouer aussi bien que leurs pairs, masculins auparavant, comme Death ou Morbid Angel dont elles sont désormais clairement les dignes héritières (elles ont tourné en Amérique l’an dernier avec la bande à Trey Azagthoth où malheureusement elles furent victimes d’un grave accident pendant leur concert où le toit de la salle d’effondra sur en faisant une victime et de graves blessés avec lequels elles ont gardé contact avec des familles de fans à jamais). S’il y avait un groupe de death metal à voir, c’était bien Crypta, plus que Left To Die même (hommage à Death un cran en dessous à Death D.T.A.) car elles représentent l’avenir de toute un genre musical.

Jéssica Falchi (CRYPTA)
Fernanda Lira (CRYPTA)
Tainá Bergamaschi (CRYPTA)
Luana Dametto (CRYPTA)
Luana Dametto (CRYPTA)

Entre le thrash d’Exodus et le punk rock des Sheriff, il n’y a qu’un pas, l’un étant né au début des années 80 grâce à l’autre. Deux scènes (la Dave Mustage et la Bruce Dickinscène), deux énergies incroyables, et deux shows de qualité même si relativement classiques devant des festivaliers qui en veulent même si la fatigue commence à se faire sentir quelque peu en ce troisième jour. C’est tout de même la folie sous la tente de la Bruce Dickinscène avec des pogos des familles ! Ah, nostalgie du punk avec ces vénérables vétérans.

Slam durant le concert des Sheriffs !

Sur la grande scène, Gary Holt est quant à lui remonté comme un coucou suisse avec Exodus, et parcourt celle-ci en haranguant le public, lui qui a repris du service dans son propre groupe depuis l’arrêt de Slayer en 2019 (bien que ce dernier se reforme pour quelques shows américains cette année). Vêtu de noir et les cheveux teints en noir corbeau, son chanteur, Steve « Zetro » Souza bouillonne aussi d’énergie et harangue aussi la foule. Si Exodus n’a plus rien à prouver, il reste l’un des autres grands groupes de thrash après le Big Four, avec Testament, Forbidden, etc. Quelle claque de ces maîtres du thrash californien !

EXODUS
Steve « Zetro » Souza (EXODUS)
Gary Holt (EXODUS)
Archive JINJER au Motocultor 2018

La soirée avance, et après avoir croisé Tatiana de Jinjer en coulisses quelques heures auparavant vêtue de noir et blanc, c’est dans une magnifique tenue rouge que la diva du metalcore ukrainien monte sur les plateformes de la Dave Mustage entouré d’Eugene (basse) et des deux autres membres à la basse et batterie. Si nous les avions rencontrés lors d’un mémorable face-à-face en 2018 déjà au Motocultor en toute simplicité en coulisses avant leur explosion médiatique et succès commercial, et surtout avant un sombre conflit qui perdure avec leurs voisins russes, aujourd’hui Jinjer n’est plus aussi abordable malheureusement. Dans le pit, les fans sont très nombreux et conquis d’avance. L’alternance voix claire/growls de Tatiana impressionne toujours autant, avec cette facilité déconcertante. Leurs hits sont joués, et nous ne sommes pas déçus, même s’il manque peut-être un peu de spontanéité, le jeu de scène des musiciens très appliqués étant minime, il faut bien le reconnaître. Alors que Jinjer a publié un second album live, Live In L.A. (Napalm Records) plus tôt dans l’année, le quatuor ukrainien s’apprête à bientôt sortir un nouvel album studio…

JINJER


Suite à un emploi du temps chargé, nous serons contraints de faire l’impasse malheureusement sur Bernard Minet et son Metal Band sous la Bruce Dikinscène. Désolé, Bernard, même si nous avons tous été biberonnés par le Club Dorothée…

DODHEISMSGARD

La nuit envahit le ciel de Carhaix, propice aux ténèbres de Dødheimsgard dont nous sommes curieux de voir ce que ça donne en live, surtout en condition de festival, tant le mythique groupe norvégien a marqué la scène black metal scandinave dans les années 90 avant d’évoluer vers des sonorités électro/indus qu’il injecte désormais dans son metal froid mais plus mélodieux. Leur dernier opus Black Medium Current (Peaceville Rec.) faisait d’ailleurs un clin d’œil à Pink Floyd. Après deux chansons directes et sans fioriture avec un son assez brouillon, le chanteur monte sur l’une des colonnes métalliques de la scène, sans harnais ou quoi que ce soit, avant de redescendre, et entamer des morceaux plus mélodieux aux influences new wave qui adoucissent quelque peu les guitares tranchantes et la batterie puissante et blaste par moment encore. Au final, nous attendions beaucoup, et sommes légèrement déçus. Il vaut mieux écouter sur disque ou bien les voir live en clubs.

DODHEIMSGARD

Allez, on se réchauffe gentiment avec du punk rock californien mais d’origine suédoise, Millencolin. Si la Bruce Dickinscène ne fait pas tout à fait le plein, l’ambiance est sympathique et chaleureuse, avec des pogos familiaux lancés par des fans de toute une génération. Quelque peu passé de mode, le quatuor scandinave fait encore le boulot, et qu’importe les modes justement, car il faut de tout pour faire un monde après tout.

MILLENCOLIN

Justement, en parlant de mode, Architects, la référence absolue du metalcore depuis plus d’une décennie outre-Manche donne alors un show dantesque sur la Dave Mustage devant des fans aux anges, le sourire jusque-là. Encore un gros show qu’il ne fallait pas manquer au Motocultor, si bien sûr on est fan un minimum des couplets/refrains et alternances voix claire/screams et de riffs plombés à la sept cordes.

ARCHITECTS

Dilemme à présent entre Aborted, sur la scène voisine (Supositor Stage) et Soulfly sous la tente du Massey Ferguscène. Nous assisterons aux deux ! Leurs deux leaders charismatiques livreront chacun un show plein et énergique. Tout d’abord, Sven de Caluwé (Aborted) avec son humour noir et son accent belge lancera même un petit cours de gym fitness au passage avec un mouvement à exécuter afin de perdre quelques calories sur l’un de ses baffes death metal/grindcore extraites de leur dernière boucherie Vaults of Horror (Century Media), sa mère lui ayant récemment fait la remarque qu’il avait grossi dernièrement en tournée… Quelle brutalité ! Quelle intensité scénique ! Aborted demeure l’un des maîtres du genre sur l’actuelle scène death/grind moderne, au côté de Benighted par exemple.

ABORTED

Sur la Massey Ferguscène, retrouvons un Max Cavalera en véritable patron du metal avec Soulfly. Habitué du Motocultor, celui-ci semble revigoré depuis son récent projet Cavalera avec son frangin et d’incroyables musiciens qui ont ré-enregistré les premiers albums de Sepultura et tourné un peu partout dans le monde pour les repromouvoir. Si ce soir ce n’est pas sous le nom Cavalera qu’il joue (alors que Sepultura splitte en fin d’année), c’est bien sous le nom de Soulfly et les hostilités tribales commencent par le classique et énorme « Back to the Primitive » qui voie tout le public bouger, sauter, et reprendre le refrain en chœur avec la légende du thrash/groove metal brésilien. Autour de lui, ses zicos vont un incroyable boulot et surtout déploient une formidable énergie communicative, ce qui faisait défaut dernièrement à Max Cavalera. On se demandait si les remplaçants de Tony Campos (Fear Factory, Static-X…) et Marc Rizzo (ex-Soulfly) seraient à la hauteur, et la réponse est plus qu’affirmative ! Derrière les fûts, son fils Zyon assure aussi derrière les percussions. Le son n’est pas surfait et ça sonne très authentique, très « roots ». Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu Soulfly en si belle forme.

Max Cavalera (SOULFY)
KODAK Digital Still Camera

Allez, au lit car demain est un autre jour, et on compte bien en profiter encore…

DIMANCHE 18/08/2024

Quatrième et dernier jour des festivités. On refait le plein (de ce que vous voulez) alors que les corps commencent à être à la peine, mais pas l’esprit ! Nos Français de Kronos, actuellement en pleine tournée de reformation avec leur line-up originel (ils ont dévasté le Hellfest et le Brutal Assault plus tôt cet été), réveilleront les plus matinaux avec leur death metal brutal au concept lyrique basé sur la mythologie gréco-romaine. Quel plaisir de revoir leur chanteur Christophe Gérardin sur scène au micro, même si on aime également et était presque habitué à la voix gutturale et tout aussi efficace de Julien « Nuts » Deyres (Gorod) ces dernières années. D’ailleurs, leur second opus culte Colossal Titan Strife vient d’être récemment remasterisé et réédité (autoproduction) dont ils interpréteront plusieurs extraits. En attendant, c’est l’heure de l’apéro et du ravitaillement aux nouveaux distributeurs automatiques de bière…

Autre scène, autre ambiance, nous partons dans le futur et la fusion crossover bien sympathique en ce dimanche avec le trio berlinois Future Palace. On pense un peu à Pain par moment avec les boucles électro, mais avec une véritable batterie acoustique et un guitariste. En véritable frontwoman, la chanteuse qui alterne voix claire et screams, arrive à interpeller les festivaliers curieux et un peu fatigués, et même à lancer un circle pit en ce début d’après-midi. Belle petite surprise dansante et appréciable avant des choses plus sérieuses…

FUTURE PALACE

Et là dilemme : si My Diligence n’est plus programmé en même temps que Dvne alors que ces deux groupes européens évoluent dans un même genre post sludge metal, plutôt atmosphérique pour le premier, et plus progressif pour le second, c’est en fait Dvne qui joue en premier mené par son guitariste angevin Victor Vicart (lire notre précédent entretien en ici), qui joue à présent en même temps que d’autres Français, grimés ceux-ci : Griffon. Nous irons voir les deux tant ces deux formations s’avèrent intéressantes. Sous la tente de la Massey Ferguscène, Dvne délivre une magnifique prestation devant un public attentif et pour certains connaisseurs, mais pour une grande majorité en mode découverte et sous le charme des mélodies alambiquées de ce groupe franco-écossais basé à Edimbourg (ils partagent le même local de répèt’ que King Witch !) aux influences parfois à la Mastodon, mais avec leur concept bien à eux. Par contre, sur la Supositor Stage, tout aussi complexe et néanmoins technique, le black metal de Griffon aura du mal en plein jour à percer pour saisir toutes les subtilités de leur magnifique dernier opus De Republica (Les Acteurs de L’Ombre Productions). A revoir assurément dans de meilleures conditions et indoors surtout. (notre interview de Griffon est à retrouver ici)

DVNE
GRIFFON

Place au trio belge et autre coup de cœur de cette année après Brutus l’an dernier : My Diligence. Beaucoup découvriront ce trio bruxellois qui pourtant existe depuis 2015 ! Certains ont déjà pu les voir au Hellfest l’an dernier. Plus récemment, nous les avions interviewés cette année pour mieux faire connaissance avec ces sympathiques musiciens à l’accent belge que l’on adore (lire notre entretien ici) pour la publication de leur quatrième LP Dark.Horses.Black. (Listenable Rec.). Leur single « Horses » sera interprété sous fond de fumigènes pour poser l’ambiance de leur sludge metal que nous qualifierons d’atmosphérique. Si nos trois acolytes apparaissent concentrés et appliqués ne communiquant pas ou très peu sur scène (un ou deux « thank you ! »), cela s’inscrit dans leur état d’esprit lorsqu’ils sont sur scène, comme nous l’ont expliqué gentiment le batteur Gabriel Martier et son collègue Cédric Fontaine (guitare/chant) lors d’un face-à-face avec Victor Vecart (Dvne) pour une entrevue exceptionnelle à découvrir très bientôt sur notre site. Ils seront en tournée ensemble cet automne dans l’Hexagone.

MY DILIGENCE

Pendant ce temps-là, pour des raisons logistiques (nous ne pouvons nous dédoubler quand on est aussi en interview), nous manquâmes malheureusement l’excellent groupe américain de metalcore Unearth qui a sorti cet été l’EP Bask in the Blood of Our Demons (Century Media) après son album en demi-teinte The Wretched; The Ruinous en 2023. Si nous les avons déjà vus à plusieurs reprises en France, nous ne serons pas sans les revoir car ils viennent souvent en Europe. Puis les thrashers vétérans de Hirax, formés en 1981 en Californie comme un certain Metallica ou Exodus (vu la veille), toujours menés par son chanteur originel Katon W. De Pena, vont mettre le feu sur la Supositor Stage avec leur vieux thrash crossover encore diablement efficace. Sur la Bruce Dickinscène, le quatuor helvète de Monkey3 semble s’améliorer à chacun de leur nouveau passage au Motocultor (vu en 2017). Leur rock stoner à tendance progressive, uniquement instrumental, nous charme toujours autant. Jetez une oreille plus qu’attentive à leur dernier opus Welcome to the Machine (Napalm Rec.).

Retour au thrash metal une nouvelle fois sur la Supositor Stage avec cette fois les Teutons d’Exumer. S’ils n’ont pas de nouvel enregistrement studio à défendre depuis Hostile Defiance (Metal Blade Rec.) paru en 2019, qu’importe. Nos gaillards originaires de Francfort vont envoyer sérieusement du bois, à l’image de son chanteur charismatique Mem von Stein qui vit maintenant aux Etats-Unis. Celui-ci lancera régulièrement des circle-pits. Il faut dire qu’ils sont rodés à l’exercice du genre, Exumer existant depuis 1985. Si elle n’est pas la formation la plus connue de thrash outre-Rhin dans l’ombre des Destruction, Kreator, Sodom et Tankard, il n’en reste pas moins une valeur sûre, avec un style qui claque et passe finalement bien le temps grâce à des mosh parts terribles et un son plutôt puissant et contemporain. Comme pour Exodus la veille, le public de Carhaix est conquis et en reste pantois.

EXUMER

Les esprits vont se calmer avec les mélodies scandinaves de Sonata Arctica sur la scène voisine. En plein jour, avec un back drop à l’image de leur dernière galette Clear Cold Beyond (Atomic Fire Rec.), les Finlandais vont enchaîner leurs pépites de power metal avec classe et sobriété. Si parfois ce genre musical tend à ne plus trop être à la mode contrairement à il y a une vingtaine d’années quand on disait que les Sonata était les nouveaux petits génies allant succéder à Stratovarius, cela fait plaisir de les voir aujourd’hui au Motocultor cet été pour rafraîchir l’atmosphère plus chaude ce dimanche.

SONATA ARCTICA

Pour une ambiance plus rock’n roll et chaleureuse, il vaut mieux se rendre sous la tente de la Bruce Dickinscène où Stoned Jesus nous balance son rock stoner énorme, du Kyuss puissance 10. Enorme ! Côté bénévoles, ce dernier jour sent les petites blagues à tous les niveaux, certains attachant par exemple avec des menottes leurs collègues aux barrières de sécurité avant le show des Ukrainiens. En tout cas, merci à eux pour leur étroite collaboration et bonhommie habituelle.

STONED JESUS dans la brume… normal pour du stoner ! 😉

Allez, vous voulez du death metal qui tabasse à présent ? Car il ne faut pas s’endormir en ce dimanche alors que la fatigue se fait de plus en plus sentir et que l’on est encore loin des têtes d’affiche de ce soir… Rendez-vous sur la Supositor Stage avec les vétérans polonais de Decapitated. Si leur style brutal death technique a évolué vers des sonorités plus modernes et groovy cette dernière décennie à l’image de leur single « Iconoclast » en duo avec Robb Flynn (Machine Head) ou sur « Hello Death » avec Tatiana Shmayluk (Jinjer) qui était d’ailleurs présente la veille au Motoc’. Ces deux singles issus de leur dernier album en date Cancer Culture représentent bien le son actuel du trio polonais, quatuor à la scène. Pour rappel, le groupe polonais s’était reformé en 2009 sur l’initiative du guitariste et seul membre du line-up originel Wacław Vogg Kiełtyka après leur terrible accident de voiture en Biélorussie en 2007 qui coûta la vie au batteur Witold Kiełtyka (R.I.P.). Le son est énorme, les riffs méchants et les rythmiques font mal, alors les circle-pits au loin dégagent de la poussière. Bref, tous les éléments sont réunis pour une belle boucherie entre amis dans le pit.

DECAPITATED

Sous la Massey Ferguscène, ce sont les Américains de Born Of Osiris donnent un set classique de deathcore avec tout un tas d’arrangements électroniques. Pour les amateurs les plus motivés, il était tout à fait possible de voir simultanément Born Of Osiris et Decapitated. Il y en a, la preuve avec cette nouvelle génération de metalheads juniors !

Place à la légende Terrorizer qui redonne des concerts ici ou là et multiplie les albums live ces dernières années. Si les Américains n’ont rien publié de neuf depuis Caustic Attack en 2018 (The End Records), on assiste ce dimanche à une baffe death/grind qui, malgré nos réticences quant à l’impact aujourd’hui du groupe, met tout le monde d’accord dans le pit, cela dans la joie et la bonne humeur. Peter « Commando » Sandoval à la batterie fait encore des merveilles malgré son âge (60 ans !) et les soucis de santé qui le contraignirent à quitter Morbid Angel en 2013, et le chanteur Brian Werner qui fait le job, sans plus, souvent caché derrière son énorme pied de micro militaire. Il présentera d’ailleurs rapidement leur nouveau bassiste live qui n’est autre que notre bon vieux David Vincent (Vltimas (lire notre interview ici), ex-Morbid Angel, I Am Morbid, ex-Genitorturers). Casquette vissée sur la tête, ce dernier ne chante pas ici mais se consacre uniquement à son instrument. Un bon concert de la part d’un groupe culte, toute en puissance, mais sans réelle surprise.

Le chanteur Brian Werner (TERRORIZER) parfaitement camouflé derrière son pied de micro
David Vincent (TERRORIZER) à la basse

Autre formation américaine plus récente mais presque aussi culte : The Black Dahlia Murder. Depuis la perte de son chanteur Trevor Strnad (R.I.P.) pour cause de suicide, nous étions curieux de voir ce que donnerait en live les nouveaux concerts de cet acteur majeur de la scène death/black metal mélodique US de ses vingt dernières années. Et son ex-guitariste Brian Eschbach fait plus qu’honorablement le boulot au micro à ce nouveau poste pour lui qui assuré déjà les chœurs. Si le son ne fut pas totalement impeccable sous la tente de la Massey Ferguscène, la prestation du quintet de Détroit fut dans l’ensemble plutôt bonne, et cela fait plaisir de les revoir ainsi, même si on ne peut s’empêcher au défunt chanteur, connu pour ses nombreuses collaborations auprès d’autres groupes (Benighted encore récemment). Leur dixième LP nommé Servitude sortira fin septembre chez Metal Blade Rec.

Surprise de retrouver simultanément sur la Supositor Stage, non pas Gorgoroth, mais la formation hellénique Rotting Christ, qui a inversé son ordre de passage avec les Norvégiens. Qu’importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse. Ces deux acteurs majeurs de la scène black metal européenne des années 90 sont bel et bien là ce soir à Carhaix. Les frères Tolis (Themis à la guitare ; Sakis à la guitare et au chant) nous offrent une prestation bien rodée avec une set list classique jouée sur les autres festivals précédemment. Les spectateurs français réagissent avec en train et sous le charme des mélodies du groupe athénien, ses riffs et rythmes sonnant bien souvent de façon hypnotique, comme sur leur chanson culte « Grandis Spiritus Diavolos » interprétée en fin de set comme d’habitude. Quelle joie d’entendre entre-temps un classique de Rotting Christ comme « Non Serviam », mais pas moins de trois morceaux issus de Kata Ton Daimona Eaytoy (Season of Mist) figureront à la set-list ce soir ce qui fait beaucoup. On aurait volontiers écouté, par exemple, un titre d’A Dead Poem, période où ils évoluèrent vers un dark gothic metal classieux. Enfin, un seul extrait de leur nouvel album Pro Xristou (Season of Mist) est donc interprété au final. Heureusement ce single « Like Father, like Son » rendra très bien en live. Catchy, puissant et mélodique, on ne peut résister dans tous les cas au charme hellénique. (notre dernier entretien avec Sakis Tolis est à lire ici).

L’heure avance et il est temps de retrouver rapidement les Yankees de Baroness sous la Bruce Dickinscène. Super set rock’n roll. On se délecte de leur sludge/stoner avec son frontman John Dyer Baizley bien en voix, épaulé aux chœurs par la guitariste soliste, Gina Gleason, en pleine maîtrise de sa six cordes ! Super accueil pour le quatuor de Savannah (Georgie), les fans ne se sont pas trompés et d’autres découvrent, leurs dernières galettes étant tout à fait abordables. Leur sixième album Stone est paru en 2023 chez Abraxan Hymns.

BARONESS

Si vous vouliez du metal plus lourd et écrasant à vous briser les lombaires, c’était sur la Dave Mustage que cela se passait par contre, avec nos amis suédois de Meshuggah, docteurs es mathcore (ou djent, comme vous voulez). Fort d’une grande notoriété et d’une fan base acquise à sa cause (comme pour leurs confrères d’Opeth la veille), ils ont cependant décidé de changer quelque peu leur setlist la veille (voir photo) pour rajouter notamment « Bleed » (extrait de l’album Obzen). Si l’on connait un temps soit peu le groupe de Fredrik Thordendal et Tomas Haake sur sa dernière tournée depuis la sortie de Immutable (Atomic Fire Rec.) en 2022, alors rien de surprenant visuellement mais Meshuggah en live ça reste énorme, une véritable machine qui a créé son propre style dès les années 90 avec des albums cultes comme Destroy, Erase, Improve ou Chaosphere.

Setlist MESHUGGAH – Motocultor Festival 2024

En live, on a affaire à un véritable rouleau compresseur ! Si les musiciens sont désormais statiques et concentrés sur leurs instruments, tous à leur poste sur la scène, avec derrière un cadre, tout se passe visuellement avec le jeu de lumières qui donne l’illusion que les musiciens headbanguent comme dans le temps comme des forçats, mais non. C’est impressionnant. Par contre, pour les photographes, c’est un vrai calvaire ! Musicalement, il faut être concentré car tout se passe dans le rythme où il faut compter dans sa tête comme en maths, avec temps, contre-temps, bref des rythmes syncopés à tous les étages et des plans à 8 temps. Et les nouveaux titres (pas moins de trois issus d’Immutable seront interprétés ce soir) continuent dans cette veine où Meshuggah excelle toujours, les années passant. Seul le chanteur Jens Kidman, qui s’est amélioré avec le temps justement sur scène en termes de présence, bouge davantage, mais communique au minimum syndical avec la foule massée sur le parterre de la grande scène jusqu’au tribune VIP (nouveauté 2024) qui se prend un mur sonore de mathcore.

On reste en Suède avec leurs collègues de The Halo Effect, Avec un seul album en poche (Days Of The Lost/Nuclear Blast), ce super combo de death metal mélodique made in Göteborg réunit quatre ex-membres d’In Flames et Gardenian, et l’actuel chanteur Mikael Stanne (Dark Tranquillity) qui a tendance à multiplier les side projects actuellement (Cemetery Skyline, Grand Cadaver, etc.). Si musicalement aucune surprise est au rendez-vous comme sur leur premier opus sorti en 2022 (c’était d’ailleurs la principale critique à son égard à sa sortie) mais néanmoins appréciable, la communion est rapide et totale avec les fans du premier rang. Le public français féru de riffs death mélo mange dans la main du frontman de Dark Tranquillity (alors qu’il s’apprête à publier son tout nouvel album avec ce dernier (lire notre interview du chanteur ici)). Mais le véritable leader et principal compositeur de The Halo Effect, c’est en fait Niclas Engelin (ex-Gardenian, et ex-In Flames). Par contre, point de Jesper Strömblad ce soir à l’autre guitare, ni de Daniel Svensson derrière les fûts. Si pour ce dernier nous ignorons le nom de son remplaçant, pour la guitare rythmique, nous reconnaissons aisément le style et la silhouette de Patrick Jensen de The Haunted. Nous ne sommes donc pas perdants au change ce soir. Le set délivré par les Suédois est comme une grande fête entre amis avec la proximité des fans. Malgré quelques petits larsens par moment durant les premiers morceaux, ce n’est que du pur bonheur pour tous les fans présents, que ce soit d’In Flames ou Dark Tranquillity. En entretien, Niclas Engelin nous confiera bosser actuellement sur un second album « plus fort à tous les niveaux ». Celui-ci est prévu pour l’an prochain si tout va bien, toujours chez Nuclear Blast (interview à retrouver très bientôt sur metalobs.com)… D’ici là, écoutez leur nouveau single « Become Surender » !

THE HALO EFFECT

Pendant ce temps-là, d’autres scandinaves, mais moins gentils ceux-là, reviennent conquérir leur place d’acteur majeur de la scène « true Norwegian black metal » : Gorgoroth. En lieu et place de Rotting Christ vu précédemment, c’est donc la bande à Infernus, longtemps absent des concerts par chez nous, qui joue en quasi tête d’affiche ce soir devant une foule d’au moins 6 000 spectateurs. Tout le monde n’est pas forcément fan de black metal, mais là, avec Sacramentum et diverses formations françaises comme Rüyyn ou Griffon, c’est LE concert qu’il ne fallait pas manquer ici au Motocultor. Malheureusement nous serons quelque peu déçu… Alors que Gaahl’s Wyrd, avec son ancien chanteur et rival Gaahl donc, s’était produit sous le nom de God Seed sous une pluie battante écourtant son set à St Nolff dans une précédente édition du festival, là tous les moyens sont déployés, avec un trigger à la batterie bien trop puissant et pas du tout représentatif du style Gorgoroth sur album, et un chanteur peu charismatique en la personne d’Atterigner, si l’on enlève ses pics impressionnants. Campé sur la droite de la scène, le maitre à bord Infernus aligne les riffs froids et les trémolo sur sa guitare ESP blanche, alors que les autres musiciens à l’opposé bougent un peu plus. Bon, c’est le style de la maison, qu’importe. Mais le son est trop gros, on ne peut distinguer du coup les subtilités de l’art noir du groupe de Bergen. Pour le chant, ok, Atterigner assure, bien sûr, mais il n’a pas l’aura d’un Gaahl ou Hoest (Taake) qui faisait l’intérim live il y a dix ans. En attendant, un successeur à Instinctus Bestialis (Soulseller Rec.) serait le bienvenu car ça commence à dater (2015 !). Nous voulions poser la question aux principaux intéressés dont Infernus, mais aucune interview ne fut accordée sur place au festival (comme bon nombre de gros groupes comme Deicide), contrairement à Marduk ou Watain qui nous furent fidèles journalistiquement parlant l’an passé (et promo oblige) :
https://metalobs.com/marduk-face-a-la-mort/
https://metalobs.com/watain-welcome-to-hells-fire-exclu-motocultor-2023/

GORGOROTH

On change radicalement d’ambiance avant d’aller rejoindre les bras de Morphée avec le show. Et là on peut parler véritablement de show de la part de la troupe à Tobias Sammet : Avantasia. Mise en scène grandiose (Powerwolf n’a rien inventé), lights superbes, chant clair magnifique, musiciens au diapason dans un registre power metal symphonique, voire carrément « opéra rock », puisque c’était le projet il y a vingt-cinq ans du chanteur allemand quand il lança Avantasia en parallèle de son principal groupe, Edguy. Il est un peu plus de minuit et le rideau tombe. C’est parti pour un opéra rock endiablé !

AVANTASIA

Dans le même temps, Clutch ferme aussi ces dernières festivités de cette quinzième édition du Motocultor, avec son gros rock stoner infusé d’influences blues, funk, et hard rock. On ne sait où donner de la tête, mais la fatigue commence à l’emporter sur la liesse…

=> Il ne faudrait justement pas que le Motocultor ne grossisse davantage sinon il ne sera simplement plus possible d’assister à tous ces shows d’excellente facture, étalés sur quatre scènes, dont deux toujours en simultané et relativement espacées. Côté sécurité et orga, il y eut des améliorations en la matière. Musicalement, encore une fois, il y en avait pour tous les goûts cette année encore. Peut-être que nous aurions apprécié plus d’artistes de doom ou sludge metal, ou plus de grindcore. Dans tous les cas, l’affiche 2024 du festival breton était encore riche et suffisamment variée pour attirer un public large et familial, pas que strictement metal ou hardcore, comme certains le pensent encore, la preuve avec des artistes de grande notoriété dans le domaine du folklore (Alan Stivell, Faun…) ou de la « variétoche metal » avec Bernard Minet (ou Didier Super qui est au fond de lui un rockeur, nous le vîmes s’essayer à la guitare chez un luthier au village VIP/Presse), cela, toujours dans le respect et la convivialité. Car c’est ça l’esprit Motocultor !

Rendez-vous l’an prochain avec déjà une affiche 2025 plus qu’alléchante : Machine Head, Blind Guardian, Dimmu Borgir, Landmarks, Between The Buried and Me , Eivør, Enthroned…

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