ROTTING CHRIST : Dies irae

En pleine tournée américaine pour promouvoir le quatorzième (!) album de Rotting Christ, l’un des deux frères Tolis, j’ai nommé Sakis, a accepté de nous accorder un peu de temps entre deux concerts afin de nous parler de son nouvel opus intitulé Pro Xristou, de ses connexions avec la scène nordique et son amour pour la Scandinavie, mais aussi pour la France ! La formation culte hellénique sera d’ailleurs de passage à la prochaine édition du festival Motocultor 2024 à Carhaix en août prochain. [Entretien avec Sakis Tolis (guitares/chant) par Louise Guillon – Photos : DR]



La curiosité étant un vilain défaut, pourquoi avez-vous choisi cette illustration de Thomas Cole pour le nouvel artwork de Pro Xristou ? Évidemment, il y a un lien entre ce tableau étonnant et vos paroles. Après tout, on pourrait considérer votre œuvre musicale comme une peinture, non ?
J’ai grandi avec des groupes qui utilisaient de vieilles peintures pour leurs pochettes d’albums. Cela fait partie de l’attitude des années 90, même avant, comme Bathory ou Bolt Thrower…, et presque tous les groupes de black metal underground. Je voulais donc faire la même chose : utiliser une peinture du domaine public qui correspond au concept de Pro Xristou. C’est aussi simple que cela. Un superbe tableau qui peut aller pour un album de metal… Pourquoi pas, après tout ? Le metal est aussi un art !

Vous utilisez des motifs musicaux répétitifs, mais vous parvenez toujours à donner à chacun de vos albums une ambiance différente… Alors quel est votre secret ? (sourires)
C’est la même chose pour AC/DC ou Motörhead ou tous les groupes qui ont sorti une quinzaine d’albums… Mais le concept est différent. Je fais un son différent parce que j’écris une musique différente au cours de la dernière décennie… D’abord, je lis et ensuite je prends la guitare. Je ne sais pas si cela répond bien à ta question… Enfin je l’espère ! (rires)

Ayant personnellement découvert l’œuvre de Rotting Christ avec la chanson « Demonon Vrosis », je me demandais quel album conseillerais-tu pour appréhender votre riche discographie ?
Humm… Cela dépend de ce que vous recherchez… Il y a trois époques selon mi chez Rotting Christ. La première ère : black dark metal. La deuxième ère : celle du metal atmosphérique. Et la troisième ère : l’ère du metal moderne, que je pourrai qualifier aussi de dark metal pour ainsi dire…. Cela dépend donc de l’humeur.

N’est-il pas difficile de vivre dans un pays majoritairement chrétien orthodoxe quand on est un artiste de black metal ?
Avant, c’était dur… Les choses vont bien mieux aujourd’hui, même si je vois, non seulement en Grèce mais dans le monde entier, le retour de la phobie, le retour du conservatisme de l’extrême droite en Europe… J’espère que mes inquiétudes se trompent !

Outre la mythologie, votre inspiration vient-elle également de la philosophie grecque (ancienne et moderne) et de votre histoire ?
Oui, oui, bien sûr ! Comme je te l’ai déjà dit, j’ai d’abord lu, puis j’ai joué de la guitare. Pour moi, il est important de prêter attention non seulement à la musique mais aussi aux paroles. C’est ainsi que je peux atteindre mon objectif de faire voyager les auditeurs avec chacune de mes créations. Je me sens utile quand quelqu’un dit… : « vous avez réussi le titre de l’album et j’ai découvert une histoire qui n’avait jamais eu l’idée d’exister ! ». (sourires)

Comment est née votre collaboration avec le chanteur/claviériste Lars Nedland de Borknagar/Solefald sur la chanson « Holy Mountain » ?
C’est l’un de mes amis. En fait, c’est un grand musicien et j’avais l’impression que mes chemins pouvaient se croiser dans une seule chanson. Je lui ai demandé… Il a accepté et c’est parti avec une chanson qui, je crois, est l’une de nos chansons les plus mélodiques que nous ayons jamais écrites en tant que groupe.

Au fait, as-tu d’ailleurs écouté le nouvel album Fall de Borknagar ? (retrouvez notre chronique album ici)
J’aime ce que fait Borknagar depuis ses débuts. Ils se débrouillent toujours très bien, y compris leur dernière création ! Mes salutations au nord au passage.

Rotting Christ a toujours eu un lien dès ses débuts avec la scène metal scandinave mais quelle est la nature de ce lien ? Peux-tu nous le décrire ?
C’est un lien qui existe depuis les premiers jours de la scène metal extrême underground, plus spécialement black metal, nos racines. Les choses étaient alors bien différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui, et un lien avec une scène qui a marqué l’histoire du genre metal. Salutations au passage à tous les frères et sœurs du nord !

Envisagez-vous, toi et d’autres frères, d’autres collaborations avec des acteurs de la scène metal scandinave ou peut-être avec d’autres artistes provenant d’autres horizons ?
Si les conditions sont bonnes… Oui, bien sûr, pourquoi pas ? Après la composition de chaque chanson, je cherche toujours comment certains de mes amis, certains musiciens peuvent élever la chanson, la surpasser. Donc, si je pense qu’une chanson peut-être améliorée, oui, je le demanderai gentiment ! (sourires)

Selon toi, quelle est la différence entre votre musique black metal et les autres (Scandinavie, Pologne, France, USA) ? Comment la définirais-tu ?
Je peux l’appeler black metal méditerranéen… Quoi qu’il en soit, je plaisante… Je l’appelle metal atmosphérique, et vous pouvez y mettre n’importe quelle étiquette supplémentaire ensuite ! (sourires)

En dehors du festival français Motocultor, prévoyez-vous bientôt une tournée européenne et quelques dates live en France ?
Bien sûr ! C’est prévu. La France fait toujours partie de notre tournée et j’ai envie d’adresser à tous les frères et sœurs français mon immense respect pour tout leur soutien au fil des années. Vous avez une place spéciale dans notre cœur !

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