PONTE DEL DIAVOLO : Fire Blades From the Tomb

Fire Blades From the Tomb - PONTE DEL DIAVOLO
PONTE DEL DIAVOLO
Fire Blades From the Tomb
Doom/dark/black metal
Season of Mist

Décidément, après nos chouchous de Messa découverts il y a quelques années maintenant dans les tréfonds de Padoue/Trévise, direction cette fois encore vers le nord de l’Italie, à Turin précisément, pour découvrir le tout premier album studio de Ponte del Diavolo. Après trois EP’s successifs sortis en indépendant, l’attente est récompensée avec Fire Blades From The Tomb ! Leur doom teinté de dark/black metal évoque tantôt un cirque macabre, tantôt le cœur d’un pentacle démoniaque. L’univers des Transalpins est intense : nous avons été, dès les premières notes de « Demone », happés, pris aux tripes. La voix d’influence darkwave d’Elena Camusso détone dans le genre, d’autant plus sur ce fond sonore en fin de compte très black. Point de doom lancinant ici : le jeune quintet innove, casse les codes sans casser la rythmique. D’ailleurs, le vidéo clip tourné pour cette chanson, sous la forme d’un thriller cinématographique, met à l’honneur une sorcière diabolique. C’est glaçant !

L’enchaînement avec l’incroyable prestation rythmique basse/batterie de « Covenant » est tout bonnement royal. Il faut dire que les Italiens ont le luxe d’avoir deux bassistes dans leur line-up, Alessio Caruso et Andrea l’Abbate, ce qui amplifie ce son si grave et métallique, une sorte deux en un ici, à l’instar de Messa et son bassiste Marco qui joue sur une basse Kramer aux cordes doublées. La frénésie suinte de tout bord ou pore ici : les quelques growls, la dissonance, les trémolos inquiétants de la brune Elena Camusso au micro, ou bien comme ce thérémine assuré ici par la mystérieuse invitée Lucynine (si vous ne connaissez pas cet instrument électronique créé en Russie en 1920, la minute culture vaut le détour !)… Tout renforce cette inquiétude viscérale que cet autre clip en noir et blanc illustre à la perfection.

Puis « Red as The Sex of She Who Lives in Death » envoûte comme la bande-son d’un show lascif de cabaret lugubre du début du siècle dernier, le chant se fait ondulant, avant de fondre vers « La Razza » et sa longue introduction au thérémine, aussi brouillée qu’un écran de télévision au signal cathodique  interrompu. En revanche, le riff de « Nocturnal Veil » est une véritable ode au headbanging, ultra black et doomy avec l’originalité de sa clarinette au son extrêmement grave ici (avec en invité Vittorio Sabelli, déjà présent sur les précédents titres « Covenant » et « Red as… ») dans une esthétique cultuelle avec ce calice ensanglanté. Le Vatican et ses hommes de l’ombre d’un autre temps n’est pas très loin, leurs péchés avec…

Une lourdeur mélodique de circonstance s’installe jusqu’au monolithique « Zero », et enfin « The Weeping Song ». Tout l’opus ressemble à un voyage initiatique dans les ténèbres. L’écriture dynamique de ces nouveaux artistes italiens à suivre de très près transpire une atmosphère dérangeante de bout-en-bout, le tout exacerbé par une très bonne production sonore signée Danilo Battocchio (Last Minute to Jaffna, Magnitudo…). Fiévreusement enivrante, la musique de Ponte del Diavolo éclate sur Fire Blades from the Tomb telle une graine germe. Attendons de voir l’éclosion de cette superbe fleur ésotérique ! [Marie Gazal]

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