Cette nouvelle offrande live de la horde suédoise est plutôt une bonne surprise en cette fin d’année, même si son leader, Erik Danielsson, nous en avait déjà touché deux mots en avant-première au festival Motocultor à Carhaix l’été dernier. Premier enregistrement officiel en public pour Nuclear Blast mais au total, il s’agit du septième album live de Watain si l’on inclut leur Opus Diaboli paru en DVD + 2 CD’s (His Master’s Noise/2012), et tous les bootlegs live dont certains volontairement underground édités au format K7 à leurs débuts du côté d’Uppsala. Et justement, Die in Fire – Live in Hell sort à présent afin de célébrer les vingt-cinq ans de longévité du quintet suédois. Première chose, pour un live de black metal, le son est plutôt bon et surtout organique, sans fioriture, cru mais tout à fait correct. Ça met directement dans l’ambiance. Deuxième, si la setlist de ce concert capté un soir d’octobre 2022 à Fållan à Stockholm est logiquement axée sur le très bon dernier opus studio en date The Agony & Ecstasy of Watain, nous avons droit à quelques « vieux » classiques de Watain, et même à une reprise de Bathory : « The Return of Darkness and Evil ». À ce sujet, ils avaient déjà participé par le passé à un show dédié à Quorton et Bathory dans leur pays en 2010. Et tertio : un réel sentiment de force, d’unité et de cohésion se dégage à travers les douze morceaux live que nous offrent Erik Danielsson et ses comparses sur l’autel du black metal. Tout est au rendez-vous pour une soirée sous le ligne du Mal(in).
Comme à l’accoutumée, il s’agit d’une cérémonie en l’honneur de Lucifer à laquelle nous invitent les Scandinaves très en vogue ces dernières dans ce genre musical. Malheureusement, nous ne pouvons assister ici (voir ou entendre) aux habituels rituels sur scène de son chanteur totalement habité (dont le look rappelle Tom G. Warrior à l’époque de Hellhammer) qui commence toujours par s’agenouiller devant la batterie contenant deux grandes cornes, puis par allumer les bougies sur les chandeliers en forme de trident (symbole du groupe). On ne peut voir non plus les différents pentacles enflammés derrière le batteur grimmé Håkan Jonsson alias « H ». Bref, toute une mise en scène qui fait justement qu’un concert de Watain est toujours une expérience unique (même si répétée chaque soir), tant en termes d’ésotérisme et d’initiation aux arts occultes, qu’à sa musique associée : le black metal. Par conséquent, sur un vacarme du diable (elle était facile celle-là), en l’occurrence ici un roulement de batterie et des guitares saturées, les hostilités démarrent ! Son leader, qui parle essentiellement en suédois ici, s’écrie avec sa voix, certes, peu puissante mais totalement habitée, ses screams étant quelque peu rauques et souvent en deçà de ses performances en studio. Sur cette première chanson tonitruante, « Ecstasies in Night Infinite », tirée de The Agony & Ecstasy of Watain, quelques effets d’écho se font même entendre avant les breaks. Le frontman appelle la foule locale « Swedish ! ». On est immédiatement imprégné de l’essence diabolique et contagieuse de Watain. Puis, c’est un classique que dégainent de leur cartouchière le bassiste Alvaro Lillo et les guitaristes Pelle Forsberg (alias « P ») et : « Black Salvation » issu de leur second méfait Casus Luciferi (Drakkar Prod./2003) qui remonte à il y a déjà vingt-ans !
D’autres classiques du groupe d’Uppsala sont joués lors de ce concert local, comme « Reaping Death » ou « Malfeitor » du chef d’œuvre Lawless Darkness (Season of Mist/2010). Extrait de l’album plus classique et récent retour aux sources Trident Wolf Eclipse (Century Media/2018), « Nuclear Alchemy » figure ici en avant-dernière position, lui qui avait remis sur les rails Watain en direction de l’extrême il y a quelques années. Par contre, aucun extrait de l’incompris The Wild Hunt (Century Media/2013), album plus mélodique et presque osé dans ses expériences, qui contenait par exemple un duo avec une chanteuse, comme si ces suppôts de Satan regrettaient ce faux pas vers la lumière qu’ils ont pourtant réitéré sur The Agony & The Ecstasy Of Watain et la chanson « We Remain », absente ici aussi. Et chose invraisemblable, l’incontournable album Sworn To The Dark de 2007 est totalement éclipsé du tracklisting, alors qu’il permit aux Suédois d’exploser un peu partout dans le monde grâce au label marseillais Season of Mist (Seth, Mayhem, Morbid Angel, Abbath…), après, certes, l’excellent Casus Luciferi qui bénéficie, lui, de deux titres au total (« The Devil’s Blood » et « Black Salvation »). De même, leur premier méfait, Rabid Death’s Curse (Drakkar Prod./2000), est totalement ignoré. Dommage. Alors on comprend bien que sur une soirée, à travers douze titres seulement, dont l’interlude « Not sun nor man nor god » qui permet aux musiciens de souffler un peu, et la belle reprise « The Return of Darkness and Evil » du culte Bathory (cf. The Return/1985), Watain ne peut pas balayer tout son répertoire mais quitte à fêter ses vingt-cinq ans de carrière, une ou deux chansons de ses premiers péchés de jeunesse auraient fait plaisir aux fans que nous sommes. Qu’importe, dans tous les cas Watain reste une expérience scénique à voir absolument une fois dans sa vie, et ce n’est pas son chanteur Erik Danielsson qui vous dira le contraire. Après, comme toutes les premières fois, on peut devenir un peu blasé à force, mais personnellement, pour les avoir vus à de nombreuses reprises, jamais Watain n’a déçu live car ses membres donnent tout comme si c’était le dernier soir pour eux sur scène avant la fin du monde… [Seigneur Fred]
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