MOTOCULTOR FESTIVAL : Live report (part. I) @Carhaix (FR) du 17/08/2023 au 20/08/2023

Nous étions tous à la fois excités mais aussi un peu circonspects pour cette quatorzième édition inédite du Motocultor Festival à cause de ce changement d’adresse, passant de St Nolff (Morbihan) à Carhaix (Finistère), sur le site des Vieilles Charrues (le plus grand festival de musique en France), utilisé ici au tiers de sa surface. Fidèles à notre festival breton bien aimé des musiques extrêmes depuis une bonne dizaine d’années, on a répondu présent comme d’habitude, et on a vite été rassuré. Avec un total d’environ 54 000 personnes sur quatre jours, cette première carhaisienne fut une belle réussite avec une affiche musicale exceptionnelle, riche et éclectique. Même les éléments naturels n’ont pas réussi à perturber cette fête le vendredi soir avec en point d’orgue Wardruna, seuls Barney et Napalm Death ont dû composer avec la pluie, mais quand il s’agit de grindcore, qu’importe, nous, on est là dans le pit. Alors si tout ne fut, certes, pas encore parfait niveau orga, fort heureusement le plaisir de la musique l’emporta (mais croyez-vous que les premières éditions de Woodstock ou de l’île de Wight étaient parfaitement organisées et que l’on se souciait du confort ? ;-)). Alors voici, comme chaque été, un retour sur une sélection de concerts durant ces quatre jours. Un grand merci encore à tous les bénévoles, et bien sûr les festivaliers, sans lesquels rien de ce succès n’aurait été possible. Rendez-vous est d’ores-et-déjà pris pour le 15 août 2024, avec peut-être Obituary et Megadeth en têtes d’affiche (à confirmer), sur ce site de Carhaix réservé ! [Live report : textes par Seigneur Fred, avec la complicité de Morbidou – Photos : Seigneur Fred, Morbidou]


JEUDI 17/08/2023

Première journée des festivités, et généralement la plus faible en termes d’audience et de programmation à chacune des deux éditions précédentes (2019 et 2022), et pour une fois, le festival fait le plein avec pas moins de 13 000 personnes rien que pour le jeudi ! Nous découvrons le nouveau site avec sa nouvelle configuration, et les repères sont vite pris (point infos, cashless, dédicaces, restauration (galettes/crêpes bretonnes, libanais, sénégalais, ramen japonais…), WC, extrême market…). Les quatre scènes se présentent à nous, même si elles ne sont pas identifiées (signalétique à revoir pour les nouveaux festivaliers non munis d’un plan papier ou digital, et qui ne connaissaient pas non plus l’ancienne configuration très proche à la différence que la Supositor Stage est inversée avec la plus grande scène, Dave Mustage). C’est parti alors pour Grade 2, un jeune trio de punk rock anglais qui ouvre gentiment les hostilités sur la scène principale alors que le soleil brille. Sympa, mais pas non plus renversant. Son bassiste n’hésitera pas à plaisanter un peu avec l’audience qui arrive déjà en masse, en leur conseillant de ne pas trop boire dès le premier jour alors que l’on entend en fond Komodor et son stoner psychédélique…

GRADE 2

Avec leurs vestes à franges et pantalons en pattes d’éléphants, les Français sont très applaudis en rythme sous la tente de la Bruce Dickinscène. Leur rock seventies, quelque part entre MC5 et Status Quo a plu.

KOMODOR

Idéale transition juste à côté sur Massey Ferguscene, d’autres Français, Lost In Kiev, donneront un superbe set de rock progressif, uniquement instrumental, tout en finesse sous de belles lumières. Superbes lumières, on ressent des influences à la Porcupine Tree par exemple, le chant de Steven Wilson en moins. Joli show.

LOST IN KIEV

Peu de temps avant, nous croisons les Californiens de Warbringer dont le concert est à venir, alors que le pit était désert face à la Supositor Stage. Ces messieurs attendaient patiemment à la régie son après une dernière balance. C’est alors le calme avant la tempête thrash…

WARBRINGER

Le quintet américain va être le premier groupe à faire headbanguer les métalleux et lancera les premiers circle-pits de ce jeudi. Habitués au Motocultor, ils livrent une prestation énergique, piochant essentiellement dans leur dernier album en date Weapons of Tomorrow (Napalm Records).

Avant
Pendant
WARBRINGER

On enchaîne sur la Dave Mustage, située à l’opposé du nouveau site breton du château de Kerampuil, avec nos amies suissesses de Burning Witches que l’on suit depuis déjà quelques années. Les petites protégées de Schmier (Destruction), leur manager, vont d’abord surprendre l’audience des premiers festivaliers déjà bien nombreux en cet après-midi avec leur heavy metal classique mais extrêmement bien ficelé et efficace en concert. Elles qui ont déjà joué au Festival Alcatraz l’an passé, les voici au Motocultor, et quand certaines associations féministes se plaignent parfois qu’il n’y a généralement pas assez d’artistes féminines de programmées en festivals, du fait qu’elles sont moins nombreuses statistiquement, mais aussi moins connues, nos cinq sorcières nous confieront en entretien juste après leur show « ne pas ressentir ce problème au quotidien, et que de toute façon, que rien n’est acquis et qu’il faut toujours travailler ».

BURNING WITCHES backstage

Les nouveaux titres extraits du très bon The Dark Tower (Napalm Rec.), concept album sur la tristement célèbre comtesse hongroise Elisabeth Bathory (lire notre récente interview à ce propos), et quelques classiques plus ou moins récents (comme « Hexenhammer ») vont vite conquérir le cœur des festivaliers agréablement surpris donc par ces sorcières…

BURNING WITCHES en Bretagne

La chanteuse Laura Guldemond harangue peu à peu le public qui lui répond favorablement, cette dernière impressionne par sa voix à la fois agressive et par moment haut perchée. Les riffs de guitares de Romana Kalkuhl et Courtney Cox, présente sur toute la dernière tournée du fait de la maternité de Larissa Ernst, sont imparables, appuyés par la batterie de l’énergique Lala (tant sur scène comme en interview). Par contre, point de reprise du fameux « Holy Diver » de Dio qu’elles ont abandonné depuis la précédente tournée. Quoiqu’il en soit, ce fut une leçon de heavy metal au féminin qu’il ne fallait absolument pas manquer !

BURNING WITCHES
BURNING WITCHES

Une autre artiste féminine accompagnée de son groupe va ensuite nous reposer en apportant une douce mélancolie sur la Massey Ferguscène. C’est l’artiste A.A. Williams, connue notamment pour son album de reprises Songs From Isolation durant les années de confinement pour la raison que vous savez. Sous des lumières sobres, avec sa guitare Explorer noire et entouré d’excellents musiciens, la chanteuse anglaise commence par son dernier tube, le lancinant « Evaporate », puis va progressivement combler les fans avec son post rock gothic et sa voix relativement grave, qui n’est pas sans rappeler des formations néerlandaises de goth rock/metal comme The Flowing Tears ou Autumn.

A.A. WILLIAMS
A.A. WILLIAMS
A.A. WILLIAMS

Pour ceux jugeant le concert trop mou et quelconque, ils partent se défouler à 200 m dans le pit de la Supositor Stage avec les coreux français de Worst Doubt qui vont délivrer un set musclé et impeccable aux mosh parts bien véner. Un set presque trop court, mais idéal en guise d’apéro pour Hatebreed ce soir…

WORST DOUBT

Entre deux scènes, gare aux vampires ! Eh oui, même en plein jour, certaines festivalières (fans de Twilight ?) peuvent être féroces, assoiffées de bière ou de sang… Notre complice Morbidou en a fait les frais…

Attaque d’une festivalière assoiffée de sang
Whitfield Crane (UGLY KID JOE)

L’heure est venue de la récréation avec les sales gosses californiens d’Ugly Kid Joe qui n’accorderont malheureusement aucune interview. Très attendus depuis leur Hellfest en 2022 car tournant généralement peu dans l’Hexagone, les Américains vont délivrer un show bien rodé et tonique malgré leur âge, à l’image de son frontman au look d’éternel surfeur, Whitfield Crane (ex-Medication, Another Animal, Richards/Crane, Orchestra of Doom), toujours aussi coquin et en forme sur scène (lire notre précédente interview). Les plus jeunes spectateurs découvrent ce groupe de hard rock aux influences grunge des années 90 reformé en 2010 après leur split en 1997. Passées deux morceaux d’AC/DC en guise d’intro, ils débutent justement par « That Ain’t Livin’ », énorme clin d’œil aux frères Young, extrait de leur dernier album en date Rad Wings Of Destiny (Metalville). Puis vont défiler les titres indémodables de leur premier album culte America’s Least Wanted (1992/Polygram-Mercury Rec.) comme « Neighbor » ou « Panhandlin’ Prince », « Cats In The Cradle » (reprise de Harry Chapin), etc., ainsi que « Milkman’s Son » extrait, lui, de leur second opus Menace To Sobriety (1995/Polygram-Mercury Rec.). Le répertoire plus récent n’est pas en reste pour autant (le très heavy « extrait d’Uglier than They Used ta Be (2015/Metalville)). Une petite balade « No One Survives » voit le chanteur s’asseoir un moment sur scène. D’autres classiques sont interprétés jusqu’à l’explosive reprise d’« Ace of Spades » (Motörhead) en hommage à son défunt ami Lemmy Kilmister (R.I.P.). Le show des Yankees se conclut en liesse par l’incontournable « Everything About You » » sans malheureusement de poupée gonflable comme dans leur clip déjanté de 1992…

UGLY KID JOE
UGLY KID JOE
UGLY KID JOE
UGLY KID JOE
UGLY KID JOE

Malheureusement, pendant ce temps-là, Royal Republic donne aussi un superbe show de rock aussi survitaminé que le mois dernier au Festival français de Beauregard (lire notre live report 2023).

Super Mario & Luigi de passage au Motocultor 😉

A présent, deuxième thrash metal de la journée avec nos voisins espagnols d’Angelus Apatrida qui s’apprêtent à publier Aftermath (Century Media) en octobre prochain. Habitués au Motocultor, le public va leur manger dans la main et le pit de la Supositor Stage va s’énerver une nouvelle fois de plus, trois heures après le passage déjà dévastateur de leurs anciens camarades de label, Warbringer. Le thrash du combo originaire d’Albacete (Castille et Mancha) est d’ailleurs peut-être plus fédérateur et mélodieux que celui de Warbringer, mais dans tous les cas, nous headbanguons comme des fous furieux. Les vestes à patches et autres cartouchières sont légions dans le pit de chevelus. Quelle rossée ! (= « thrash » en anglais)

ANGELUS APATRIDA

Mais ensuite dilemme : Wolfmother ou bien Zeal & Ardor. Les deux mon capitaine, sauf que l’excellent hard rock de Wolfmother hérité des seventies se faisant entendre de tellement loin, que nous privilégions Zeal & Ardor, sous la tente de la Bruce Dickinscène pleine à craquer. Cet OVNI sur la scène metal, oscillant entre blues, hard rock, gospel et black metal, va conquérir de nouveaux adeptes en plus déjà des fans déjà nombreux. Le set de l’artiste suisse Manuel Gagneux et sa bande sera puissant, dansant, le tout dans la joie et la bonne humeur, avec des chœurs splendides sur un metal avant-gardiste énergique mais pas que, cela grâce à des influences métissées. Depuis longtemps Metal Obs vous bassine avec Zeal and Ardor (depuis leur second LP Devil Is Fine (2016/ MVKA Rec.)), alors si vous avez pris du plaisir durant ce concert, tant mieux, nous aussi ! Zeal & Ardor fit pas moins de trois rappels ce soir-là au Motocultor, c’est vous dire ! Leur dernier album éponyme est paru en 2022 (MVKA Rec.).

ZEAL & ARDOR

Autre dilemme à présent, et il y en aura beaucoup d’autres : le hard rock seventies des Allemands de Kadavar, ou le thrash technique des Suisses de Coroner, dont on attend toujours un nouvel album studio dès que Tommy « Baron » Vetterli (ex-Kreator) sera dispo tellement il est occupé dans son studio à Zurich… Encore une fois, les deux, même si l’on connait ces deux groupes. Kadavar pour son rock endiablé et son batteur, Christoph « Tiger » Bartelt, toujours aussi démonstratif, tel Animal du Muppet Show. Il y a aussi le guitariste/chanteur incroyable, Christoph « Lupus » Lindemann, et notre bassiste français Simon « Dragon » Boudeloup présent dans le combo berlinois depuis 2013.

Notre fidèle complice Morbidou, entouré de jeunes festivaliers lorientais (Manon, Julien, Aurélien) pour leur 1er Motoc’ !

La nuit tombe à présent à Carhaix alors que la soirée est loin d’être finie…

Nous allons donc voir aussi Coroner sur la Supositor Stage pour son techno thrash metal, accompagné pour l’occasion d’un quatrième membre aux samples et ordinateur, assurant également quelques chœurs. En général, on apprécie mieux Coroner sur disque, et en live, on s’ennuie (souvenez-vous du Hellfest 2011) mais non, pas ce soir. Le show du trio (quatuor ce soir) helvète est dynamique, et l’apport sonore de ce quatrième membre n’y est pas étrangère. Les lumières sont bonnes sur la Supositor Stage et le son monstrueux. Mais Tommy n’a jamais été un grand démonstratif ni dynamique sur scène, tant il s’applique sur sa guitare. Le bassiste/chanteur Ron Royce est très en forme, ainsi que le batteur, Diego Rapacchietti, également membre de 69 Chambers, l’autre groupe de Tommy Vetterli et de sa femme. À quand 69 Chambers live au Motocultor alors que nous les avions vus au Hellfest il y a une dizaine d’années ? Enfin, concernant Coroner et un éventuel successeur à l’album Grin paru il y a trente ans (Noise Rec.), malheureusement, nous n’avons pas croisé l’ex-guitariste de Kreator pour lui demander si c’était en projet…

Y’a pas d’âge pour écouter du metal au Motocultor, notamment du thrash avec Coroner !

Place à nos fermiers finlandais de Steve ‘N’ Seagulls, spécialistes des reprises rock et metal (AC/DC, Rammstein, Metallica…) à la sauce folk/country à l’aide d’accordéon, guitare acoustique, et autre mandoline et banjo ! Sur album c’est sympa, mais en live, c’est nettement plus chaleureux et dansant. Et ce soir, c’est parfait ici pour mettre de l’ambiance au Motocultor ! Les lumières sont superbes et le son aussi. On passe un bon moment à guincher en reprenant « Master of Puppets », « Ich Will », ou « Money Talks ». Et mine de rien, ça fait déjà quatre albums que le succès est au rendez-vous pour Steve ‘N’ Seagulls (dont le nom est clin d’œil à l’acteur roi des nanars et ex-professeur d’aïkido, Steven Seagal) !

STEVE’N SEAGULLS
STEVE’N SEAGULLS

Dans une ambiance totalement différente, non loin de là, ce sont les patrons de hardcore/metal US Hatebreed qui débarquent sur la grande scène (Dave Mustage), sous de modestes lumières (le groupe n’a pas son backline de lights) et un son très moyen (beaucoup trop de basse, et les guitares sont brouillonnes où que l’on se soit). Les spectateurs répondent présents en nombre, les fans sont comblés, mais sincèrement on a connu des shows bien plus survoltés de la part des Américains, que ce soit sur scène ou dans le pit. Jamey Jasta est égal à lui-même, mais pourtant la sauce peine à prendre ce soir, peut-être à cause de ce son brouillon, et donc de l’absence des lumières pour mettre en avant le combo du Connecticut, rendant ce show pauvre, par rapport à leur passage au Motocultor en 2019 où tout le monde sautait et reprenait en cœur « Destroy Everything ». Souvenez-vous du slam poubelle ! Ici aucune folie ce soir, et les coreux se font rares paradoxalement. On a quand même droit aux classiques du gang américain (le terrible « To The Threshold » de Supremacy, « Destroy Everything », etc.), et des extraits de leur dernier album en date, Weight Of The False Self (2020/Nuclear Blast), très positifs dans leurs messages car c’est la volonté de Hatebreed avec son hardcore : transmettre des valeurs positives à travers sa musique dure et lourde. Dans tous les cas, on a connu nettement mieux, que ce soit outdoors en festival comme dernièrement au Hellfest en juin, ou indoors à Lille lors de leur récent passage à la nouvelle salle du Black Lab.

L’une des deux seules interviews accordées par Hatebreed sur place au Motocultor (Metal Obs et Metal Zone), en l’occurrence avec le sympathique guitariste Wayne Lozinak, est à retrouver très bientôt sur notre site !

Wayne Lozinak (HATEBREED)

Enfin, Long Distance Calling, groupe d’outre-Rhin originaire de Münster, rééquilibrera les choses dans un tout autre genre, que nous qualifierons de post metal, essentiellement instrumental, sur la Massey Ferguscène. De même pour les derniers de cordée/corvée, les New Yorkais d’Extinction A.D. que nous avions présentés il y a un an. Et ils vont tout donner en moins d’une heure sur la Supositor Stage sous de belles lumières rouges et vertes, contrairement à Hatebreed. Formés seulement en 2013, ils débarquent ici en total challenger, les gens les découvrant et réagissant plutôt bien face à l’énergie du quatuor américain et ce, malgré l’heure tardive (0h30-1h30). Leur set est intense et empli de rage. Si les compositions manquent parfois d’originalité (« Mastic » et ses gros relents à la Machine Head), elles sont d’une efficacité à toute épreuve. Ils concluront avec la reprise de Sepultura (l’une de leurs grandes influences), « Propaganda », tirée de l’album Chaos A.D. (dont le nom du groupe s’inspire d’ailleurs), puis « Culture of Violence » de leur troisième album du même nom (2022/Unique Leader Rec.). Extinction A.D. gardera l’audience éveillée avant d’aller se coucher après cette courte, mais déjà intense, première journée de festival où les artistes, moins nombreux, avaient plus de temps pour s’exprimer ce qui est appréciable.

EXTINCTION A.D.
Hey, les gars d’Extinction A.D. ! Vous éteindrez la lumière en partant car on ferme là ! Merci. Good night !

VENDREDI 18/08/2023

Il est est aux alentours de midi et ça bouchonne grave à l’entrée du festival, que ce soit en venant du parking, du camping, ou de n’importe où, pour cause de fouilles strictes de sécurité et de manque de personnel à ce niveau-là, notamment d’agents féminins habilités à fouiller uniquement les femmes. Bref, on patiente et on prend son mal en patience comme tout le monde, dans la joie et la bonne humeur de préférence…

En conséquence, nous allons louper un concert de haute volée. Tout d’abord un énorme mea culpa cette année à nos chers amis de Gorod que nous manquâmes à l’ouverture de cette seconde journée, pour cause de bouchons donc à l’entrée du festival (une fouille méticuleuse par les quelques agents de sécurité face à une légion de festivaliers arrivant en grand nombre). D’après nos dires et la centaine de fans présents, ce fut une bonne prestation, carrée et très propre techniquement comme à l’accoutumée avec les Bordelais, qui ont également joué au début de l’été au Hellfest. Si son guitariste Mathieu Pascal craignait de jouer si tôt devant un parterre vide, ce ne fut pas le cas mais cela aurait pu être mieux à cause des attentes évoquées précédemment. Dans tous les cas, en guise de pardon, une interview de son principal compositeur, enregistrée dans leur van (cf. photo) dans la joie et la bonne humeur, arrive sous peu. Nous ferons le point sur la sortie de leur septième album The Orb (2023/Autoproduction), un an après notre dernier entretien effectué l’an passé à Blois dans le cadre du défunt festival The Outbreak.

GOROD

Juste après Gorod, nous assistons alors au concert suivant de Pyschonaut, et quelle belle surprise en ce vendredi midi ! Le trio belge entame sa setlist par deux morceaux bien rentre-dedans, et leur stoner/post metal de qualité attire déjà du monde. Puis des chœurs et des passages plus lents, presque progressifs et psychédéliques, prennent place au milieu du set rendant la chose variée. Quelques touches à la Isis ou The Ocean font leur apparition à la fin. Les musiciens sont très touchés par l’accueil chaleureux qui leur est réservé sous la Massey Ferguscène.

PSYCHONAUT

À présent, deux groupes, deux ambiances : l’une folklorique avec la jeune troupe française de bardes Hrafngrímr, et une autre plus directe et faite pour headbanguer : le thrash survolté de nos amis Espanols Crisix. Nous assisterons aux deux. La bande à Bazouka, Pla, et Marc, arrivée dès la veille et que nous croiserons en backstage, est prête à en découdre avec le Motocultor qu’elle connaît pour y avoir déjà joué en 2015 (nous y étions), sauf que cette fois, les mosh parts vont avoir lieu dans le pit de Carhaix.

CRISIX backstage la veille de leur concert

Les brûlots thrash extraits successivement de Full HD (2022/Listenable Rec.) font un malheur devant un public survolté qui n’attendait que ça. Il faut dire que nos potos Crisix rencontrent un joli succès ces dernières années à force d’albums solides et d’intenses tournées un peu partout dans le monde maintenant (lire notre dernière interview). Albert Requena a le smile, et sautille, court partout. Comme d’habitude, on a droit au medley « Hit The Lights » (Metallica)/ »Walk » (Pantera)/ « Anti-social » (Trust) sur lequel les musiciens inversent leurs instruments. Ce medley à succès, idéal en festival, constitue un bon résumé des influences de Crisix, notamment Anthrax qui avait déjà repris et popularisé le tube de Bernie et Nono. À noter que le groupe ibérique s’apprête à publier à l’automne Still Rising… Never Rest (autoproduction).

CRISIX

Hrafngrímr va, quant à lui, parfaitement introduire Wardruna qui joue un peu plus tard ce soir en tête d’affiche, dans une veine toutefois plus spontanée et festive. Auteurs d’une prestation remarquée à huis clos au Hellfest en 2021 et d’un récent EP Hólmganga l’an dernier, nos six compagnons évoluent dans un folk nordique, et païen en général. C’est frais et authentique, il y a un côté théâtral et poétique. La chanteuse Christine et le chanteur Mattjö plaisantent avec l’audience qui est séduite par les histoires traditionnelles et oniriques. Nous les recroiserons d’ailleurs plus tard en mode « touristes » sur le festival. Si cette troupe faisait partie des découvertes à confirmer dans notre « To do list », elle nous a convaincus. Ils ont récemment publié le single « K​ö​llum Mi​ð​gar​ð​s V​æ​ttir » en collaboration avec les Sibériens de Nytt Land que nous avions découverts au Motocultor en 2019. On a hâte de les revoir en concert pour les connaître davantage.

HRAFNGRÍMR
HRAFNGRÍMR en balade sur le Motocultor après leur show

Encore des Français, bien représentés généralement au Motocultor, et expérimentés, c’est au tour de Déluge de nous distiller son post black metal avec toujours en fil conducteur cette eau qui coule depuis leur premier effort Aether (2015/Les Acteurs de L’Ombre Prod.). Le quintet mené par François-Thibault (FT pour les intimes), originaire de Metz et qui tourne aussi à l’étranger, est rodé et connait le Motocultor, mais parfois en condition festival, ce n’est pas toujours évident. Ici, pas de problème. Leur dernier album Ægo Templo (2020/Metal Blade) est passé en revue ici, mais un successeur serait le bienvenu à présent, car on pourrait s’en lasser.

Ambiance relax et aquatique sur DELUGE…

Les Montpelliérains de Hypno5e reviennent au Motocultor avec leur post metal cinématographique, comme ils aiment à le qualifier, tant c’est conceptuel sur album, mais aussi en live. Pas évident, et pourtant ils le font bien que ce soit donc en studio qu’en concert. En témoigne leur dernier ouvrage, Sheol, que nous vous recommandons chaudement, les yeux fermés. Hypno5e : encore un groupe français génial.

HYPNO5E

Si vous préférez du metal in your face, rendez-vous plutôt sur la Supositor Stage avec le deathcore de Humanity’s Last Breath qui vient de publier son nouvel album Ashen (Unique Leader Rec.) qui décrasse sérieusement les cages à miel. Les Suédois ne font pas de quartier, le son est fort, les fans en redemandent car jusqu’à présent, il est vrai que nous n’avons pas encore eu de décibels trop brutaux. C’est chose faite le groupe de Helsingborg.

Si la multi-instrumentiste italienne Lili Refrain va en surprendre plus d’un avec son rock original teinté de diverses influences pour un son unique sur la Bruce Dickinscène, les Finlandais d’Insomnium habitués du festival nous refont le coup du concept album joué dans son intégralité (chose pas si facile à réaliser en condition de concert), à savoir leur excellent huitième opus Anno 1696 (Century Media). Les sons, les lumières, les musiciens et chanteurs, tout est splendide et millimétré. Les mélodies du groupe de death metal qualifié justement de « mélodique » nous font réellement vibrer. Comme d’habitude, un superbe show (en plein jour en plus, pas évident) de la part de ces dignes héritiers d’Amorphis, mais avec leur style à eux développé au fur et à mesure de leur riche discographie.

INSOMNIUM

Allez, on part maintenant pour une bonne dose de violence avec le hardcore de Terror sous la Massey Ferguscène pleine comme un œuf. La bande de Los Angeles est là pour en découdre, et ça va s’agiter sévère dans le pit. La sécu est déjà au taquet et prévenue des slams et méchants pogos à venir. Scott Vogel, qui n’apprécie pas les crowd killings (lire notre entretien de 2018), est égal à lui-même : dynamique, avenant, et en voix ! Les brèves salves issus de leur dernière galette sont tous des uppercuts en pleine tronche, et les coreux, et non coreux, s’en donnent à cœur joie ! Écoutez leur petit dernier, Pain Into Power (Pure Noise Rec.), produit par l’ex-gratteux Todd Jones (Nails, ex-Terror) pour vous remettre dans le bain.

TERROR

Autre leçon de vio-lence mais d’obédience thrash metal celle-ci, en provenance de la Bay Area, il s’agit des vétérans et bien nommés Vio-lence, reformés en 2019, avec Sean Killian au micro qui ciblera régulièrement du regard durant le show les spectateurs avec ses cornes du diable. Surprise : le guitariste Phil Campbell, membre historique du groupe qui a évolué par la suite au côté de Robb Flynn (ex-Vio-lence) dans Machine Head, est aux abonnés absents. Petite déception. Par contre, Christian Olde Wolbers (ex-Fear Factory, ex-Arkaea, ex-Threat Signal (live)…) est bel et bien présent, même si méconnaissable à la basse sur la droite de la scène avec son T-shirt à l’effigie de Sacred Reich…

VIO-LENCE

On retourne en plein dans la seconde moitié des années 80-début 1990, et comment ne pas repenser à ce groupe qui accueillit un certain Robb Flynn de 1987 à 1992 avant la fondation de son Machine Head. Ça respire le thrash old school, de la même famille que Forbidden par exemple ou Exodus. Après, on aime ou pas le chant clair de Sean Killian. Mais Vio-lence au Motocultor, c’est comme Sacred Reich l’an passé : cela s’inscrit dans l’histoire, tout simplement. Un bon moment même si l’un des deux guitaristes d’origine, Phil Demmel (ex-Machine Head lui aussi), ne figure pas sur cette tournée européenne. Dommage. À quand un nouvel album studio ? Affaire à suivre chez Metal Blade…

VIO-LENCE
VIO-LENCE
LUC ARBOGAST

Autre leçon celle-ci, mais de death/grind, sur la Dave Mustache : Carcass. Même si les dernières galettes (Surgical Steel et Torn Arteries) sont plus mélodieuses et propres, Carcass reste Carcass. Cette légende britannique a contribué à la création du grindcore dans ses premières années (fin des années 80/début 90), pour arriver à un death metal plus mélodique et accessible, aux accents rock’n roll, chers à son frontman Jeff Walker et son guitariste Bill Steer. Pendant ce temps-là, et c’est là la richesse du Motocultor, Luc Arbogast, l’ex-candidat révélé à The Voice en 2013 avec sa « Cancion sefaradi », fait un passage au festival breton qui a l’habitude d’accueillir divers artistes de la scène folk (Alan Stivell, etc.). Si certains spectateurs sont surpris par sa voix versatile de contreténor, l’artiste qui possède huit albums à sa besace, va vite entraîner le public dans son univers médiéval. Le multi-instrumentiste et chanteur rochelais bénéficiera d’un accueil chaleureux.

Les ténèbres prennent place à Carhaix avec l’arrivée de DEICIDE…

Nous croisons ensuite Mark « Barney » Greenway de Napalm Death avec ses affaires au catering, un peu déçu par la météo qui se profile (nous le rassurons en lui disant qu’en Angleterre, c’est généralement guère mieux question météo (rires)). Il nous indique que leur concert vient d’être inverser avec Deicide. Alors, nous nous ruons à la Supositor Stage pour voir la horde démoniaque de Glen Benton, qui, accompagné de son fidèle lieutenant Steve Asheim (batterie), n’accordera ici aucune interview. Dommage, car ils ont pourtant un nouvel album studio, Banished By Sin, à paraître prochainement sur un nouveau label, Reigning Phoenix Music, après leur départ de chez Century Media. Mais cet après-midi, leur concert est exclusivement réservé de toute façon à l’interprétation intégrale de leur second (et meilleur ?) album studio : le légendaire et brutal Legion (1992/R/C Rec.). Trente et un ans après, leur death metal est toujours aussi brutal et evil, les growls et screams du célèbre bassiste/chanteur (dont la croix inversée marquée au fer sur le front tend à disparaître peu à peu avec le temps) impressionnent, alors que le nouveau guitariste arrivé l’an passé, Taylor Nordberg, fait parfaitement le boulot à droite de la scène sur sa Jackson. On peut reprocher aux musiciens de demeurer très statiques en concert car très appliqués, mais mine de rien, c’est très technique, notamment au niveau de la rythmique très changeante et complexe. Cette version live de Legion passe comme une lettre à La Poste.

DEICIDE

Un peu de douceur dans ce monde de brutes avec les Néerlandais d’Epica qui donnent là un show sans surprise, très professionnel, calibré pour la durée allouée en festival, avec malgré tout de la pyrotechnie. La Dave Mustache aménagée spécialement est comme un terrain de jeu pour eux, où le guitariste et principal compositeur Mark Jansen évolue en maître et harangue le public, tandis que le claviériste Coen Janssen s’amuse à déplacer sa table ambulante de claviers et chante, comme d’habitude, avec Simone qui lui tend le micro pour des growls sur le final habituel bien heavy « Consign To Oblivion » très réussi. Epica se sent comme chez lui en France où il a rempli un Zénith de Paris il y a quelques temps d’ailleurs, prouvant qu’il reste le maître du metal symphonique sur la scène européenne, voire mondiale, depuis presque vingt ans.

EPICA
EPICA
Simone Simons/EPICA


Simultanément au show de Simone Simons et de ses compagnons de scène, nous manquerons le folk metal d’Uuhai qui nous avait fait honneur un peu plus tôt ce vendredi après-midi d’une petite démonstration à l’espace artistes. Si vous aimez déjà The Hu (interviewés à l’ambassade de Mongolie à Paris il y a quelques temps) et êtes fans des épopées historiques de Gengis Khan, alors vous risquez fort d’aimer aussi la musique d’Uuhai. Pour nous excuser, voici un petit aperçu de leur dernier vidéo clip « Khun Sureg » :

La pluie s’abat à présent sur Carhaix, et c’est les Anglais de  Napalm Death qui vont en faire les frais sur la Supositor Stage, mais quand on aime le grind, qu’importe qu’il pleuve ou vente ! Barney (lire notre dernier entretien avec le chanteur) explique en préambule que Shane Embury est toujours absent au poste de bassiste et s’en excuse poliment, et présente son nouveau bassiste live (il n’expliquera pas cependant la raison, sachant qu’il manque depuis leur concert parisien du 26/02/23 où il fut hospitalisé en urgence juste avant, et Barney qui fit quand même alors le show, assis lui sur une chaise à cause d’une entorse au pied). Même si le bassiste intérimaire, a priori Adam Clarkson (du groupe Corrupt Moral Altar), fait le boulot, sa basse est moins saturée et du coup moins présente dans le mix, au côté du guitariste remplaçant de Mitch Harris depuis des années maintenant, John « Cheese » Cook (Venomous Concept). D’emblée, un extrait de leur dernier EP Resentment Is Always Seismic – A Final Throw of Throes (Century Media) est lancé. Puis plusieurs morceaux (« Backlash Just Because », « Amoral », « Contagion »…) du dernier album plus expérimental Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism (2020/Century Media), à la limite de l’indus, défileront parmi une setlist balayant aussi les (nombreux) classiques du groupe de Birmingham : « Scum », « The Kill », « Suffer The Children ». Le son est brouillon, Cook a ses longues dreadlocks qui retombent sur son manche de guitare Gibson SG mais qu’importe, c’est toujours aussi brutal comme death/grind aux accents punk et crust, et c’est ce que l’on aime chez nos vétérans et pères co-fondateurs du grindcore dans les années 80. Mais n’oublions pas les paroles militantes dénonçant les travers et maux de notre société contemporaine. Comme à son habitude, Barney s’exprime en anglais entre deux chansons pour mieux les introduire, et galope sur scène de gauche à droite malgré la pluie qui tombe. Napalm Death reste Napalm Death, alors même si ce ne fut pas un concert dantesque, on passe un excellent moment de grindcore, et manquer le groupe anglais aurait été une hérésie.

NAPALM DEATH

Allez, place à l’une des grosses têtes d’affiche du festival cette année pour une communion totale avec les éléments alors que la pluie s’arrête. Après le rendez-vous manqué de Heilung en 2020 au Motocultor pour cause de covid-19, voici le must du must en la matière, la troupe d’Einar Selvik : Wardruna. Pour ceux qui découvrent l’artiste, nous vous invitons à lire notre hors-série de Metal Obs de janvier 2021 consacré entièrement à Wardruna.

WARDRUNA

Actuellement, sachez que cette formation norvégienne représente le graal, ou plutôt en termes païen, la quintessence de la musique folk ambiante nordique contemporaine. Pour ceux qui découvrent totalement, l’initiative du projet de l’ex-batteur de Gorgoroth et Sahg remonte à il y a vingt ans dans la ville de Bergen où Einar côtoie la scène metal extrême locale (Enslaved, Gorgoroth, etc.) dont il est issu. Il connait bien par exemple Ivar Bjørnson (guitariste et co-fondateur d’Enslaved.) avec lequel d’ailleurs il suit un projet sous leur nom propre et ont publié deux albums (Skuggsjá et Hugsjá). Mais Wardruna, c’est surtout et déjà cinq albums studio, un album live (First Flight Of The White Raven) publié en vidéo récemment (2022) et enregistré à huis clos reprenant l’intégralité de leur excellent dernier opus studio Kvitravn (2020/Columbia Rec./Sony Music). Wardruna, c’est aussi une notoriété mondiale, développée par sa contribution aux principaux thèmes musicaux de la série TV Vikings (History, Nextflix), mais aussi un Olympia en avril 2022 (après avoir été maintes fois repoussé comme beaucoup d’autres concerts), et un superbe concert sold out mémorable donné en septembre 2018 au Château de la Duchesse Anne de Bretagne. A présent, les lumières sont éteintes (sauf aux bars). Einar Selvik commence avec son instrument (sorte de lyre moyenâgeuse conçue par un luthier français) d’abord en solo, rejoint par ses musiciens derrière (percussionniste, et violoniste), puis un souffleur de cor ou trompe (également choriste), et enfin la talentueuse chanteuse Lindy-Fay Hella…

À travers un jeu sobre de lumières et des ombres chinoises, ou plutôt vikings ici pour le cas, la magie va opérer tout en subtilité, nous emmenant dans cet univers païen, en communion avec les ases et la nature. Cette dernière revête d’ailleurs une grande importance pour son auteur et compositeur. Le retour aux sources, aux traditions et vieilles coutumes, à la nature et au calme sont des sujets récurrents de nos jours, et ça, Einar l’a bien compris en proposant cette musique basée sur des mélodies conçues à partir d’anciens instruments folkloriques, et des paroles en vieux norrois. Nous avons droit aux magnifiques interprétations de principaux singles tirés de Kvitravn dont la chanson-titre. Peu à peu, le single inédit « Lyfjaberg » et d’autres chansons développent cette ambiance mystique devant un parterre immense de spectateurs attentifs aux abords de la Dave Mustage. Les interventions ponctuelles de chant féminin de Lindy-Fay Hella et sa danse amènent le public dans une transe, déconnecté de la réalité, et où l’esprit s’évade. Le barde norvégienne annonce une chanson mortuaire qui évoque le passage vers l’au-delà d’un être cher dont il faut respecter le départ pour cet autre monde. Le cycle de la vie, la mort en faisant partie, la liaison avec les éléments naturels, tout nous rappelle à l’humilité et le respect de nos semblables et notre environnement. Si la setlist est bien rodée, ainsi que les rares discours, ce n’est pas bien grave, et finalement les cinquante minutes sont déjà finies. Le succès est total. Wardruna, ou assurément l’un des temps forts du festival, et déjà de cette journée avec Zeal & Ardor, Terror, Deicide, Napalm Death et Marduk…

Après cela, difficile de ne pas aller rejoindre les bras de Morphée, mais non, il reste encore quatre concerts, et pas des moindres : Katatonia et Marduk (simultanément), puis Ic3peak et Brieg Guerveno.

Morgan (MARDUK)

Nous assisterons d’abord au show de Marduk par respect à Morgan Steinmeyer Håkansson qui nous accordé quelques heures avant l’unique entretien ici au Motocultor, notamment dans le cadre de la promotion du nouvel album qui arrive à grand pas à la rentrée, Memento Mori (Century Media). Mais il aurait très bien pu ne pas s’embarrasser de la presse et se reposer, en faisant fi de tout ça, mais c’est bien mal connaître le bonhomme. Son fondateur a toujours été quelqu’un de très professionnel et intègre, mais aussi fidèle envers la presse spécialisée metal et les fans.



Pour ce concert des Suédois, comme on savait que la setlist serait originale et variée, presque inédite, ce soir, comme nous l’a confié quelques heures auparavant son guitariste et compositeur Morgan, alors nous sommes impatients devant la Supositor Stage. La pluie a cessé juste avant Wardruna. Et nous n’allons pas être déçus. D’ailleurs Marduk ne déçoit jamais en live, qu’il pleuve ou qu’il vente, en intérieur comme en extérieur ici en condition festival, sachant que la dernière fois qu’ils y avaient joué au Motoc’, alors à St Nolff, ce fut en 2019 sous un déluge tant sonore que météorologique.

MARDUK

La majorité des chansons ce soir vont être axées sur des rythmes mid-tempo, plus abordables pour les néophytes, Marduk ayant décidé de ne pas aller à fond tout au long de ce concert, ceci peut-être dans le but de séduire de nouveaux fans, et aussi varier pour moi-même les plaisirs. L’entame du set se fera par la chanson « The Blonde Beast » extrait de Frontschwein (2015/Century Media).
Un seul nouveau titre de Memento Mori, leur quinzième album à paraître à la rentrée chez Century Media, sera interprété, Il s’agit de « Blood Of The Funeral ». Du coup, on apprécie d’autant plus ce set vraiment varié et inédit, composé de vieux et nouveaux titres, très groovy et rythmés, ce qui change des concerts où généralement le quatuor de Norrköping va à fond la caisse durant une heure, puis s’en va. Si Daniel Rostén alias « Mortuus » n’est jamais très bavard, on a connu pire là encore. On sent que Morgan et sa horde black metal se font plaisir et donnent tout, à l’image de son guitariste qui prend la pose et impressionne toujours autant par sa vélocité sur son instrument. Le « nouveau » batteur allemand, Simon Schilling alias « Bloodhammer », arrivé il y a trois ans, est une vrai bête de guerre. Celui-ci impressionne beaucoup derrière ses fûts, tant sur album (sa performance sur le nouveau Memento Mori est d’ailleurs incroyable), que live sur scène. Il nous fait aisément oublier Fredrik Andersson, ou Emil Dragutinović (The Legion).

Niveau playlist, Morgan ne nous a point menti. Il a pioché dans divers anciens albums, allant des débuts de Marduk avec « On Darkened Wings », « Wolves » de Those Of The Unlight (1993/Osmose Prod.), « Beyond The Grace Of God » issu de Heaven Shall Burn… When We Are Gathered (1996/Osmose Prod.) à « Werwolf » extrait de Viktoria (2018/Century Media), le précédent album du groupe. On a également droit au titre « Of Hell’s Fire » de Nightwing (1998/Osmose Prod.) et divers autres titres de Frontschwein (Century Media). Bref, une setlist variée, surprenante, où tout n’est pas que guerre éclair sur scène. Un excellent show de Marduk qui surprend ses fans, à la veille de la sortie de Memento Mori que l’on peut d’ores-et-déjà vous annoncé comme mortel dans tous les sens du terme…

Petite déception en revanche ensuite avec les autres Suédois de la soirée, Katatonia (en interview et une dans notre numéro de janv. 2023) qui vont donner une représentation quelconque, avec un son plus que moyen (la batterie trop forte), un Jonas Renkse désintéressé au micro, presque en mode touriste (c’est d’ailleurs trop souvent comme ça dernièrement) et l’absence du guitariste Anders Nyström alias « Blackheim » (Diabolical Masquerade, Bloodbath, etc.) n’arrange rien. Le batteur Daniel Moilanen (Runemagick), lui, est bien là derrière son kit. Bien sûr, le grand guitariste suédois Roger Öjersson (également membre de Tiamat) assure, il manque quelque chose pour se laisser vraiment emporter par le spleen des Scandinaves ce soir. Les chansons goth metal du dernier album Sky Void Of Stars (Napalm Rec.) passent bien, très formatées, l’aspect progressif disparaissant un peu. Un morceau de Night Is The New Day (2009/Peaceville Rec.) est également interprété, mais il n’y a pas d’âme ce soir, ou alors c’est nous qui sommes fatigués, à moins que nous nous soyons faits voler notre âme durant le magnifique show de Wardruna….

KATATONIA

Pour les amateurs de techno, Ic3Peak achèvera la soirée jusqu’au Macoumba pour les plus furieux noctambules au camping, mais il y avait aussi Brieg Guerveno qui a apparemment donné une prestation remarquable, mais trop tardive malheureusement. Il est près de 2h00 du matin, et il est l’heure d’aller se coucher pour ne pas louper Rectal Smegma et Sylvaine demain, enfin tout à l’heure, pour deux moments de poésie en totale opposition…

=> LIVE REPORT Motocultor Festival, Partie II (samedi 19 & dimanche 20/08/2023) à suivre ici

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